C’est une étude des plus sérieuses, publiée dans le journal professionnel Evolutionary Psychological Science, qui l’affirme : les athées de par le monde sont menacés d’extinction parce qu’ils ont moins d’enfants. Et ils ont moins d’enfants à cause de la contraception. L’équation est simple : les athées vont disparaître à cause de la contraception. Il fallait sans doute un étudiant ou un chercheur en psychologie pour la poser, mais enfin elle est amusante et peut-être plus révélatrice sur le plan politique qu’on ne le penserait au premier abord.
Sous le titre The Future of Secularism, « l’avenir du laïcisme », le rapport estime que les athées sont voués à la disparition parce que les personnes pratiquant une foi religieuse procréent davantage.
Pour l’heure, les athées peuvent sembler avoir l’avantage : ainsi, une étude du non moins sérieux Pew Center Research a pu constater en 2015 que les citoyens américains sont de moins en moins religieux. Inversement donc, les sans religion voient leurs groupes augmenter et il n’y pas de raison que cela s’arrête.
La contraception, cause d’un futur suicide collectif des athées ?
Mais la nouvelle enquête, réalisée d’après l’étude la structure familiale de plus de 4.000 étudiants aux Etats-Unis et en Malaisie, a permis de dégager une tendance commune. En Malaisie, les étudiants se disant athées avaient 1,5 frère ou sœur de moins que la moyenne. Les résultats américains sont moins spectaculaires : les athées américains se sont révélés avoir 0,16 frères ou sœur de moins que la moyenne.
A cette vitesse-là, il faudra sans doute longtemps avant que les athées, en tant que groupe, disparaissent. D’autant qu’il n’en va pas de même que pour les roux, les daltoniens ou les blondes aux yeux bleus, dont les caractéristiques sont inscrites dans leurs gènes quel que soit l’art du coiffeur ou de la médecine. On ne naît pas athée, on le devient – et les enfants ne suivent pas toujours leurs parents sur ce point. La preuve inverse ? L’immense majorité des athées contemporains ont des parents ou des grands-parents croyants. Et il est également relativement facile d’en revenir : dans le meilleur des cas, cela s’appelle la conversion.
Les athées menacés d’extinction… comme les grands fauves ?
Mais selon les chercheurs en psychologie, c’est aussi une affaire de génétique, et pas seulement de comportements. Dès l’instant où la fertilité humaine a commencé à être mieux comprise, au milieu du XIXe siècle, assurent-ils, les différences entre gens religieux ou non étaient minimes sur le plan de la descendance. Puis les taux de fertilité ont commencé à être touchés, spécialement dans les pays industriels émergents.
Comme les auteurs du rapport sont persuadés qu’il y a un gène qui rend les gens plus enclins à être croyants, ce gène aurait été avantagé par la situation, donnant plus de fécondité aux croyants, en même temps que l’accessibilité de la contraception allait progressivement conduire les athées à avoir moins d’enfants.
La croyance elle-même joue un rôle : selon l’étude, les musulmans se sont révélés à la fois les plus religieux et les plus fertiles, les juifs et les bouddhistes l’étant le moins – à l’exception des athées bien sûr.
Sauver les athées de l’extinction au nom de la biodiversité… en les convertissant !
Si la menace d’extinction est très lointaine, les auteurs de l’étude expliquent dans leur résumé que la tendance à la sécularisation de la société, maintes fois annoncée par des études psychologiques, est aujourd’hui « contrebalancée par des forces génétiques et reproductives ». « Nous suggérons également que l’association inverse entre l’intelligence et la religiosité, et la corrélation inverse entre l’intelligence et la fertilité permettent de prédire un déclin du sécularisme dans un avenir prévisible », annoncent-ils.
Moins on est intelligent, plus on a d’enfants et plus on est religieux, en somme. Les croyants apprécieront…
On peut supposer à l’inverse – après tout pourquoi pas ? – que les pressions malthusiennes actuelles « au nom de la planète » ont aussi pour objectif de rendre les gens moins religieux.