Trump a dévoilé jeudi son projet de budget « America First ». Dénué de chiffres et d’analyses économiques, il est l’expression de son programme politique, une déclaration d’intention plutôt qu’un budget chiffré. Le projet fait la part belle aux dépenses pour la défense et la sécurité. Cependant, les moyens annoncés pour le financer ne permettront pas de l’accomplir. Trump va-t-il alourdir la dette américaine ? C’est le contribuable qui devra régler la note.
 

La défense, une priorité budgétaire

 
Les priorités budgétaires de Trump pour 2018 concernent en premier lieu la défense, avec une augmentation historique des dépenses de 54 milliards de dollars. Sans accroître la dette, a promis le président… Puis vient la mise en application d’une politique d’immigration stricte, la construction d’un mur sur la frontière sud avec le Mexique, la lutte contre la criminalité. Troisième grand objectif : l’utilisation des impôts pour le bénéfice du peuple américain. Pour financer la dépense la plus spectaculaire, à savoir la défense, Trump compte faire des coupes ciblées dans les autres postes budgétaires et les allocations à une myriade d’organismes officiels.
 

Trump ne parle pas de la dette américaine

 
Le projet de Trump est-il réaliste ? Il lui sera impossible de prélever plus d’un sixième du budget fédéral, le reste étant déjà consacré à la sécurité sociale, à la santé et au remboursement de la dette. Il ne donne aucune idée de l’enveloppe globale et ne tient pas compte de la dette américaine qui est en passe d’atteindre les 25.000 milliards de dollars.
 
Un nombre impressionnant d’organismes vont voir leur budget réduit à néant. Ce qui n’ira pas sans quelques problèmes constitutionnels. Mais ce moyen est loin de suffire pour dégager les 54 milliards de dollars dont Trump a besoin. En effet, les trois plus gros organismes parmi ceux qui sont concernés, the Corporation for Public Broadcasting (CPB), les deux National Endowments, et the Institute for Museum and Library Services (IMLS) ne permettraient de réaliser qu’un milliard d’économies. On est donc loin du compte ! Il reste 53 milliards de dollars à trouver, auxquels s’ajoutent les 2,6 milliards pour la construction du mur et les 1.000 milliards de dollars pour le programme de modernisation des infrastructures.
 

Le projet de budget : un préalable à un débat avec le Congrès

 
Il est probable que Trump ait voulu tenté, à travers la publication de ce projet, de fixer les termes du débat qu’il veut engager avec le Congrès, lorsque le budget sera proposé dans son intégralité au mois de mai. Mais ce débat n’aura pas lieu avant des mois, car le Congrès est actuellement occupé par les questions liées à la santé, avant d’entamer celles qui concernent la réforme des impôts.
 
En définitive, le projet de budget de Trump veut séduire le peuple américain, en lui promettant défense, sécurité, réduction de l’immigration et bon usage des impôts payés par le contribuable. Cependant, ce dernier risque de déchanter au mois de mai lorsqu’il se rendra compte que la facture à payer a encore augmenté depuis Obama.