L’une des marques de fabrique de Donald Trump, durant sa campagne, fut de ridiculiser les Nations unies. Changement de pied. Devant des diplomates en poste au Conseil de sécurité réunis à la Maison Blanche lundi, le président américain a appelé ce « club des dictateurs » – expression du chroniqueur Alex Newman, du site The New American – à jouer un rôle accru dans la « résolution » des questions nord-coréenne, syrienne ou autres. Trump demandé que l’ONU impose de nouvelles sanctions à Kim Jong-un, le dictateur de Corée du Nord, s’il refuse de négocier. De quoi sourire quand on sait que l’allié le plus indéfectible de Pyongyang, la Chine, dispose d’un siège permanent avec droit de veto au Conseil de sécurité. Nonobstant, Trump a souhaité que le « machin » jadis raillé par De Gaulle soit doté de nouveaux pouvoirs. « Ces propos révèlent que la Maison Blanche a opéré un virage complet et trahit une nouvelle fois les plus loyaux des partisans du président », écrit Alex Newman. Les influents Stewart Patrick, du Council on Foreign Relations (CFR), et Nikki Haley, envoyée de Trump auprès de l’ONU, ont joué un rôle clé dans cette conversion.
Trump veut doter l’ONU d’un rôle de gouvernement global
Devant les diplomates qui représentaient les quinze gouvernements détenant un siège au Conseil de sécurité, Donald Trump a lancé : « Le Conseil de sécurité doit se préparer à imposer de nouvelles sanctions, plus contraignantes encore, sur les programmes de missiles nucléaires et balistiques de la Corée du Nord ». Une façon de doter l’ONU d’un rôle de gouvernement global aux compétences lui permettant de dicter ses volontés aux Etats. Déplorant « l’impuissance » actuelle de l’ONU, Trump a souhaité que, sous son impulsion, l’organisation assume un rôle accru : « Les Nations unies n’aiment pas affronter certains problèmes (…) or elles disposent d’un potentiel considérable ».
Ce discours est à mille lieues de celui tenu pendant la campagne, quand Trump stigmatisait cette « clique globaliste » peuplée de « banquiers internationaux » complotant pour imposer un « gouvernement global » à l’humanité. Le président rejoint ainsi la doxa édictée par John Foster Dulles, l’un des architectes de l’ONU et dévoué serviteur de l’establishment mondialiste, qui écrivait en 1950 dans War for Peace que la Charte des Nations unies permettrait l’émergence d’un « gouvernement mondial » et d’une « fédération mondiale ». Recette idéale pour une dictature oligarchique : plus la source du pouvoir est physiquement éloignée des populations, moins elle est compétente et plus elle est tyrannique. Illustration en négatif de la théorie chrétienne de la subsidiarité.
Trump voit un « potentiel » dans l’ONU et retire sa menace budgétaire
Trump en a d’ailleurs rajouté, dans une syntaxe baroque (nous traduisons au plus près de l’anglais) : « Les Nations unies n’ont pas atteint leur juste potentiel. J’imagine le jour où, il y a un conflit, les Nations unies, vous vous réunissez et vous le résolvez. Là, vous ne voyez tout simplement pas les Nations unies comme la solution aux conflits. Je crois que ça va arriver à partir de maintenant. Je le vois venir. Et les Nations unies se réuniront et résoudront les conflits. Il ne s’agira pas de deux pays, il s’agira des Nations unies médiatrices et arbitres entre ces deux pays ».
Le seul reproche émis par le président à l’adresse de l’ONU, lundi, a concerné son coût, « devenu incontrôlable », charge trop élevée pour le contribuable américain. Mais, « si nous obtenons de meilleurs résultats, a-t-il nuancé, je serai moins regardant » sur ce sujet. Trump précise encore, scellant sa conversion : « Il s’agit de la chose la plus importante de tous les temps. Vous savez, je suis très attaché aux budgets. Vous connaissez mes positions sur l’OTAN, c’est pareil (l’exigence d’une plus grande contribution des autres pays signataires, NDLR). Mais si vous faites du bon travail aux Nations unies, mon opinion sera très différente car nous parlerons alors de centimes par rapport aux quantités de vies et d’argent que vous économiserez ».
Converti par les avocats du globalisme Stewart Patrick, Antonio Guterres, Nikki Haley, Trump oubli sa campagne axé sur l’américanisme
Virage total, donc. L’axe de campagne – promotion de l’américanisme et rejet du globalisme – est abandonné. Souvenons-nous de ce discours du magnat de l’immobilier devant l’AIPAC, le Comité américano-israélien des affaires politiques : « Les Nations unies ne sont pas amies de la démocratie, elles ne sont pas amies de la liberté, elles ne sont pas amies des Etats-Unis d’Amérique ». Trump appelait aussi à dénoncer l’Accord de Paris sur le climat, ce qu’il n’a toujours pas fait. Désormais, il compte sur l’ONU pour domestiquer des régimes communistes alors que l’organisation a été fondée… par des communistes. Parmi eux, le représentant américain Alger Hiss, secrétaire de la conférence fondatrice de l’ONU, ultérieurement condamné pour espionnage au profit de l’Union soviétique. Actuellement, le secrétaire général de l’ONU est Antonio Guterres, ex-chef de l’Internationale socialiste, ex-Premier ministre socialiste du Portugal. Il semblerait que Trump ait cédé aux manipulations de Stewart Patrick, patron du très globaliste CFR, qui a obtenu de Guterres qu’il convainque le président américain de passer par l’ONU pour « faire le travail ». L’imprévisible Nikki Haley, missionnée par Trump auprès des Nations unies, aurait aussi joué un rôle clé.