Au lendemain du double attentat islamiste contre des églises coptes en Egypte en pleine célébration du Dimanche des Rameaux, qui a fait près de 50 victimes, un prédicateur bien connu au Caire a prononcé un sermon dont l’enregistrement fait le tour des communautés coptes du monde entier. L’appel au pardon, à la charité, au martyre lancé par ce prêtre est à la fois lucide et édifiant.
C’est un texte bouleversant. Il dit tout en réalité : l’opposition irréductible entre la religion du Dieu Trinité qui est amour, et celle du soit-disant « dieu miséricordieux » au nom duquel des « êtres pitoyables » sèment la haine et la destruction. Il dit la différence fondamentale entre le chrétien et le non-chrétien : le chrétien doit prier pour la conversion de celui qui hait en lui le Christ. Il donne la seule, la vraie solution face à l’islamisme : ne pas haïr, mais faire connaître le vrai Dieu, ou plus exactement de supplier le vrai Dieu de se faire connaître.
C’est un texte qui ne se plaint pas de la « christianophobie » – elle nous est annoncée, voire promise par le Christ Lui-même. C’est un sermon qui place les choses sous une perspective d’éternité. D’aucuns pourront trouver qu’il fait trop peu de cas des souffrances de ceux qui restent. Mais on voit bien qu’il n’a qu’un souhait : la fin des violences, impossible à atteindre tant que les musulmans ne connaîtront pas le Christ…
Nous vous proposons de découvrir cette homélie à partir du texte anglais traduit depuis l’arabe originel. – J.S.
Un message à ceux qui nous tuent
Qu’allons-nous leur dire ?
MERCI !
La première chose que nous dirons, c’est : « Merci, grand merci », et vous n’allez pas nous croire quand nous le dirons.
Savez-vous pourquoi nous vous remercions ? Je vais vous l’expliquer. Vous n’allez pas comprendre, mais je vous en prie, croyez-nous.
Vous nous avez donné de mourir de la même mort que le Christ – et c’est le plus grand honneur que nous puissions obtenir. Le Christ a été crucifié : telle est notre foi. Il est mort, et il été massacré – et telle est notre foi. Vous nous avez donné à nous, et vous leur avez donné à eux, de mourir.
Nous vous remercions, parce que vous nous avez raccourci le voyage. Lorsque quelqu’un repart chez lui vers une ville donnée, il n’arrête pas de regarder l’heure. « Quand arriverai-je à la maison ? Sommes-nous déjà arrivés ? » Pouvez-vous vous imaginer ce qui arrive lorsque tout d’un coup, il se trouve sur une fusée qui va droit vers sa destination ? Vous avez raccourci le voyage ! Merci d’avoir raccourci le voyage.
Nous vous remercions parce que vous nous avez donné d’accomplir ce que le Christ nous a annoncé : « Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups » (Luc 10:3). Nous étions des agneaux ; nos seules armes : notre foi et l’église où nous prions. Je ne porte aucune arme à la main. Nous sommes si reconnaissants de ce que vous nous ayez aidés à accomplir cette parole du Christ.
Merci de nous avoir aidés à atteindre notre but. Vous nous aidez, et vous ne le savez même pas. Je sais que vous ne comprenez pas, mais j’essaie de vous l’expliquer. Il y a des gens que nous sommes allés voir chez eux pour les encourager à venir à l’église – trois, quatre, cinq fois. Et ils ne venaient toujours pas. Ce que vous faites ici, c’est de ramener vers l’église les gens qui ne viennent jamais. Croyez-moi – cela ramène à l’église les gens qui ne viennent jamais !
Des gens qui vivaient dans le péché, loin de Dieu, après l’explosion de la bombe de la chapelle Saint-Pierre dans la cathédrale, disaient : « On ne sait jamais quand on a fait son temps. Il faudrait faire le ménage [dans nos vies spirituelles] ». Toutes ces visites que nous faisons… Vous êtes tellement plus efficaces. Vous remplissez nos églises ! Vous remplissez nos églises !
Le sermon du Père Boules George devant une église pleine
Parlons clair. Habituellement, l’assistance à la liturgie du Lundi-Saint est toute petite. Les gens sont généralement si fatigués après la longue liturgie du Dimanche des Rameaux et les Funérailles générales qu’ils ne viennent pas aux offices du lundi soir. Quand je suis entré ce soir, il y avait des gens sur des chaises en dehors du sanctuaire, il y avait des gens dans les tribunes. L’église est totalement remplie. Il n’y a pas un recoin de vide. Merci. Nous vous remercions avec tant de gratitude de ce que nous et dit à remplir nos églises.
Lorsque vous faites cela, vous titillez l’âme de celui qui, jusque-là, était paresseux. Pour éveiller sa conscience et l’amour de Dieu en lui l’aiguillonne, pour qu’il vienne à l’église.
Comprenez-vous pourquoi nous vous remercions ? Nous ne vous racontons pas d’histoires. Un prêtre qui tient un microphone ne peut pas vous mentir ! Je vous dis : MERCI. Merci de tout ce que vous avez fait pour nous sans même vous en rendre compte.
NOUS VOUS AIMONS
La deuxième partie du message que nous voulons vous envoyer est que nous vous aimons. Et là, malheureusement, vous n’allez pas comprendre du tout. Peut-être ne vous croirez vous même pas lorsque nous disons que nous sommes reconnaissants. Mais ceci… vous n’allez même pas comprendre. Pourquoi n’allez-vous pas le comprendre ? Parce que ceci aussi est un enseignement de notre Christ. Je veux tout vous dire de notre Christ. Je veux vous dire combien il est merveilleux.
Voyez ce qu’a dit le Christ : si vous aimez ceux qui vous aiment, vous n’aurez pas de bénéfices ou de récompenses auprès de moi. Même les bandits et les voleurs, aiment ceux qui les aiment. Les bandes aiment leurs membres. Même les trafiquants de drogue s’aiment les uns les autres et prennent soin les uns des autres. N’est-ce pas ? Mais moi je veux vous dire : « Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ?… Eh bien ! moi je vous dis : aimez vos ennemis ». (Matthieu 5:46, 44).
Nous autres chrétiens, nous n’avons pas d’ennemis. Nous n’avons pas d’ennemis : ce sont les autres qui entrent en inimitié avec nous. Le chrétien ne fait pas d’ennemis parce qu’il nous est commandé d’aimer tout le monde. Et donc, nous vous aimons parce que tel est l’enseignement de notre Dieu – que je dois vous aimer – quoi que vous me fassiez.
Je vous aime vraiment beaucoup. Et je veux vous dire une dernière chose : nous prions pour vous. Parce que Celui qui nous a dit de vous aimer nous a dit de « bénir ceux qui vous maudissent… priez pour vos persécuteurs » (Matthieu 5:44). Ainsi, les instructions de mon Dieu très aimant font qu’il est de mon devoir de prier pour vous.
Dans un diocèse, il y a un évêque. Dans ce diocèse-là, il y a un homme qui prend le micro toutes les semaines pour dire des choses terribles sur les chrétiens – des choses inouïes. Alors les serviteurs de ce diocèse qui l’entendent sont contrariés. « Nous n’avons rien fait à cet homme. Il a simplement fait le vœu de nous maudire. Tous les vendredis il sort et il maudit les chrétiens ».
Et cet évêque s’assoit avec ses serviteurs, et il leur dit : « Etes-vous contrariés par ce que dit cet homme ? » Et ils répondent : « Bien sûr ! Nous sommes tellement contrariés! Mais pourquoi nous fait-il cela ? » L’évêque se tait et son visage est assombri par la douleur. Les serviteurs lui disent : « Vous avez le droit d’être contrarié par ce qu’il dit, Votre Grâce. Vous en avez le droit ».
« Ce n’est pas lui qui me contrarie », dit l’évêque. « Je suis contrarié par vous ! Vous êtes des serviteurs – vous ? Combien d’entre vous prient pour lui chaque jour ? Car s’il goûtait à l’amour de Dieu, s’il savait qui est notre Seigneur, il ne pourrait plus jamais haïr, car Dieu est amour. Combien d’entre vous prient pour lui ? N’êtes-vous pas des serviteurs ? N’êtes-vous pas des chrétiens ? Alors, vous êtes un serviteur qui enseigne le catéchisme ici tous les dimanches, et vous avez rompu le commandement du Christ de prier pour cette personne ? »
Au lendemain des Rameaux, le P. Boules George demande qu’on prie pour les bourreaux – sans conversion, pas de paix !
Alors, qu’en pensez-vous ? Et si nous prenions l’engagement de prier pour eux ? De prier pour qu’ils connaissent le Dieu d’amour ? De prier pour qu’ils fassent l’expérience de l’amour de Dieu ? Car s’ils savaient que Dieu est amour et s’ils faisaient l’expérience de son amour, ils ne pourraient faire ces choses : jamais, jamais, jamais.
Ce sont des êtres pitoyables. Et parce qu’ils sont pitoyables, nous devons prier pour eux. Mais lorsqu’une personne aime Dieu, il ne saura rien d’autre que l’amour.
Nous devons prier pour eux pour qu’ils puissent dormir la nuit. Une personne qui a tout cela en elle, comment peut-elle bien dormir ?
Imaginez-vous ! On nous massacre et le Roi de la Paix nous donne la paix pour dormir. Et celui qui massacre, il ne ferme pas l’œil de la nuit.
Savez-vous où cela se produit dans la Bible ? C’est l’histoire de Daniel et du roi. Daniel est jeté dans la fosse aux lions et il reste éveillé toute la nuit, louant Dieu et priant pour le roi. Et le roi est réveillé toute la nuit, il se retourne sans cesse, incapable de dormir.
Priez pour eux. Considérez cela comme un commandement. Comme un devoir. Comme la mise en application des instructions du Christ.
Nous devons TOUS prier pour eux aujourd’hui, afin que Dieu ouvre leurs yeux et leurs cœurs à son amour. Car s’ils Le connaissaient, ils ne pourraient JAMAIS faire cela.
Je ne voudrais pas que cela dure trop. Que Dieu nous réconforte. Que Dieu nous donne de comprendre. Que Dieu nous donne la joie parce que la promesse du Christ est vérité. Il a dit : « Je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (Jn 16 :22).
Cela me gêne de dire au début de la Semaine Sainte que l’Eglise, alors qu’elle souffre, se réjouit parce qu’aujourd’hui – je ne sais pas quel est le bilan définitif. Ils ont dit 40 et quelque, et évidemment, beaucoup de gens dans les hôpitaux peuvent les rejoindre. Ce sont autant de couronnes. Ils se réjouissent avec Dieu. Et ils fêteront la Résurrection là-haut. Et ils prient pour nous. Le reste nous incombe.
O, vous les chanceux, si chanceux, si chanceux ! Jusqu’à ce que ce soit notre tour.
A notre Dieu, la gloire, aujourd’hui et toujours. Amen