S’exprimant au micro de Breitbart, John Bolton, ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU sous la présidence de George W. Bush, connu pour sa proximité avec les néoconservateurs, a présenté sa vision de la politique étrangère et de l’immigration sous Donald Trump. Il a notamment évoqué les troubles actuels au Venezuela qu’il voit comme un danger pour l’ensemble de la région, ainsi que le dossier des armes chimiques en Syrie. Au passage, John Bolton a salué la décision de la Cour suprême sur l’immigration validant à l’unanimité les nouvelles directives de Trump lors d’une première étape procédurale : leur rôle doit se borner, a-t-il dit, à l’examen de la conformité de l’ordre exécutif présidentiel à la constitution. Qu’ils aient respecté cette exigence constitue pour lui un premier signe permettant d’espérer que l’ordre exécutif lui-même sera validé à l’automne par la Cour suprême lors de l’examen au fond.
Mais il a constaté la politisation des tribunaux et des cours qui aboutissent selon lui à une destruction de l’indépendance de la magistrature, destruction déjà acquise en ce qui concerne les grands médias – d’où sa satisfaction exprimée de pouvoir parler au micro de Breitbart.
Le néocon John Bolton voit d’un bon œil l’action de Donald Trump en Syrie
A propos de la Syrie, l’ancien diplomate a assuré qu’il a eu des versions divergentes quant à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et surtout, quant au fait de savoir si le Pentagone y a vraiment cru ou s’il s’est contenté de suivre, lorsque la Maison Blanche a annoncé récemment que le régime de Bachar el-Assad préparait une nouvelle attaque et qu’il y aurait des représailles. Bolton, sans en être sûr, dit-il, estime que cet avertissement a probablement permis d’éviter une nouvelle attaque à l’arme chimique.
« Mon opinion est que le recours aux armes chimiques, biologiques ou, pire, nucléaires par n’importe qui à travers le monde constitue une menace pour les Etats-Unis », a déclaré Bolton. « C’est pourquoi je pense que lorsque Trump a tiré des missiles de croisière il y a quelques mois, après la première utilisation d’armes chimiques par la Syrie depuis son accession à la présidence, cette menace était également justifiée – non pas parce qu’elle signifie une plus grande implication dans la guerre civile syrienne, mais parce que les armes chimiques constituent en elles-mêmes une menace dans la mesure où elles peuvent tomber aux mains de terroristes et se répandre à travers le monde. »
Quoi qu’on pense par ailleurs des « néocons », cela donne une vision de leurs préoccupations et de leurs choix.
Ex-ambassadeur à l’ONU, John Bolton estime que toutes les armes chimiques et nucléaires sont une menace pour les Etats-Unis
Voici ce qu’en dit Bolton : « J’applaudis la vision du président en la matière. Comme je l’ai dit, cela ne signifie pas en soi une plus grande implication dans le conflit syrien… Nous avons de toute façon besoin d’une stratégie post Etat islamique plus large. Un aspect de cette stratégie consiste à négocier avec la Syrie soutenue par la Russie, à négocier avec l’Iran soutenu par la Russie, ce que nous ne faisons pas actuellement – du moins à ce qu’en dit le Washington Post, et on peut prendre cela avec un grain de sel. D’après le Washington Post, la stratégie du Pentagone qui va être proposée à Trump ressemble beaucoup à la stratégie Obama. J’espère que cela n’est pas exact. C’est ce qui m’inquiète… »
Parlant du Venezuela, l’ex-ambassadeur Bolton a déclaré être inquiet de voir l’instabilité actuelle de ce pays s’étendre à la Colombie comme cela s’est déjà produit : « C’est une source de véritables problèmes potentiels pour les Etats-Unis. »
Le Venezuela, un pays que Trump devrait avoir à l’œil
« Hélas, l’opposition elle-même est désorganisée et inefficace. Sous Obama, on se contentait de penser que le régime de Maduro était le nec plus ultra. Ils n’ont rien fait. Je ne suis pas sûr que l’administration actuelle regarde assez vers l’Amérique latine. Il ne peut être de l’intérêt des États-Unis de voir le Venezuela se transformer en Etat failli, pour devenir éventuellement un nouveau refuge international pour terroristes », a ajouté John Bolton, soulevant notamment la question des narco trafiquants et des mouvements d’extrême-gauche en Amérique centrale.
Pour Bolton, il est clair que le Venezuela est envahi de « conseillers envoyés par le régime de Castro » en raison de l’intérêt stratégique de Cuba à avoir accès au carburant bon marché en provenance de ce pays pour maintenir son propre gouvernement socialiste à flot.
« Il s’y passe beaucoup de choses : le risque de l’implication russe à l’arrière-plan, celle de l’implication de l’Iran, en raison des importantes ressources du Venezuela en uranium. C’est très compliqué, et honnêtement, nous n’y prêtons pas suffisamment attention », a-t-il conclu.