C’est un organe de presse du Parti communiste chinois (PCC) qui relance la discussion sur la mise en œuvre du communisme. Le Global Times, journal et site Internet anglophones du Quotidien du Peuple, contrôlé par le PCC, s’intéresse à la deuxième vie que pourrait donner au communisme, dans une Chine qui compte désormais plus de milliardaires que les Etats-Unis, le développement des technologies et même de l’intelligence artificielle. Et ce sont des grands patrons qui le disent, à l’instar de Liu Qiangdong, le fondateur et PDG du géant chinois du commerce en ligne, JD.com : « Avec les technologies que nous avons déployées ces deux ou trois dernières années, j’ai pris conscience du fait que le communisme peut être atteint par notre génération. » Les robots peuvent désormais faire tout le travail et le gouvernement n’a plus qu’à distribuer équitablement les richesses, selon le milliardaire en dollars Liu Qiangdong, ce qui fera qu’« il n’y aura plus de gens pauvres ou riches et que toutes les entreprises seront nationalisées ». JD.com aussi ? Ce géant privé du commerce sur Internet est aussi le leader mondial des livraisons par drones et robots munis de systèmes d’intelligence artificielle.
Ce sont en tout cas des déclarations qui permettent de mieux comprendre le sens du « revenu universel » qui revient de plus en plus souvent dans les propositions politiques.
Pour Jack Ma, le fondateur, propriétaire et PDG d’Alibaba, le plus gros concurrent chinois de JD.Com, gérer une économie planifiée devient désormais possible, et « avec un accès à toutes sortes de données, nous pourrions bien être en mesure de trouver la main invisible du marché », sous-entendu pour la contrôler de manière centralisée bien sûr.
Les technologies et l’intelligence artificielle, prétextes pour un communisme renforcé
Le Global Times cite encore un chercheur de l’Académie chinoise des sciences sociales, Wu Bo, pour expliquer que le capital privé et le communisme peuvent devenir compatibles grâce aux technologies, ainsi que le montrent les déclarations des deux gros patrons privés du commerce en ligne. Pour Wu, les deux entrepreneurs ont compris que les changements profonds vécus en ce moment par la société humaine vont dans le sens des théories de Karl Marx. C’est important d’en discuter très sérieusement, explique le chercheur, dans la mesure où le communisme est l’objectif de la Chine et du Parti communiste chinois. Mais, ajoute Wu cité par l’organe de presse du PCC, ce que disent ces deux patrons montre aussi qu’ils ont, comme le grand public, une compréhension limitée du communisme. Pour Wu, les déclarations de Liu et de Ma sont malgré tout bien plus raisonnables que celles qui voudraient nous faire croire que le communisme appartient au passé, et « La Chine doit continuer à améliorer l’éducation des gens pour qu’ils comprennent et acceptent mieux la théorie de base du communisme ».
La Chine fait l’équation entre le revenu universel et le communisme
Le Global Times conclut son article sur la nécessité pour les entrepreneurs chinois d’intégrer dans la conduite de leurs affaires les objectifs idéologiques et politiques du Parti communiste. Il semblerait que ce soit déjà chose faite pour les patrons des deux géants chinois du commerce en ligne. Vu le très lourd passif de l’idéologie communiste en Chine et ailleurs, on peut difficilement s’empêcher de frémir à l’idée que les développements technologiques redonnent espoir aux tenants du marxisme. Mais il est vrai qu’en termes de surveillance et de contrôle de la population, l’utilisation des nouvelles technologies combinées à l’intelligence artificielle offrent un nouveau potentiel aux idéologies totalitaires. Ceci explique sans doute aussi l’intérêt très poussé de la Chine communiste pour l’intelligence artificielle, même si le patron de JD.com, cité par le Global Times, affirme quant à lui n’avoir parlé que « de la manière dont l’intelligence artificielle et les autres technologies peuvent aider à créer de la richesse pour les gens et la société ».