En même temps qu’Internet s’est développé, la pornographie a tout de suite formé une part importante de ses contenus et la tendance s’est maintenue : aujourd’hui, c’est un marché évalué à 15 milliards de dollars dont les chalands sont à la fois de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreux. L’un des plus gros sites annonce 92 milliards de visionnages de vidéos l’an dernier pour 64 millions de visiteurs quotidiens. Vu ses effets dramatiques, cet essor de la pornographie est particulièrement inquiétant.
Facile d’accès, offrant des contenus toujours plus réalistes puisque les sites de pornographie ont depuis toujours été en pointe sur le plan technologique, c’est une industrie qui crée le désir et surfe sur sa capacité d’addiction.
Une étude réalisée en 2014 par l’université de Cambridge a par exemple révélé que la pornographie déclenche une activité cérébrale chez les « addicts » au sexe de la même manière que la drogue agit sur les toxicomanes. La fondation qui a financé cette recherche note que les comportements compulsifs – de la consommation de pornographie à l’addiction aux jeux de hasard – sont de plus en plus répandus. Quel que soit le domaine, le nombre d’êtres humains qui ne savent plus dire non est en augmentation.
La pornographie produit les mêmes effets que les addictions à la drogue ou à la nourriture
La pornographie est-elle additive par nature ? L’étude n’a pas permis de le déterminer mais elle a montré que plus le spectateur est jeune, plus sa réponse neurale est importante, augmentant le risque sur la durée. En 2016 au Royaume-Uni, on a pu constater que 53 % des 11 à 16 ans ont pu voir au moins une fois les images sexuellement explicites.
Contrairement à ce qu’avancent les tenants de la pornographie, celle-ci a un effet désastreux sur les relations physiques dans la vraie vie. Si elle n’a pas réussi à transformer un nombre important d’hommes en monstres, comme le craignaient ses détracteurs dans les années 1980 – hormis certains cas de crimes célèbres où l’on a vu des jeunes hommes se livrer à des pratiques exceptionnellement cruelles sur leurs partenaires juste après avoir visionné du porno – elle a conduit à un désintérêt de plus en plus large pour les relations physiques dans la vraie vie. Celles-ci apparaissent comme inutiles et fatigantes quand on peut obtenir si facilement une dose virtuelle.
La plupart des études universitaires sur le lien entre la consommation de pornographie et la libido constate une baisse notable de celle-ci, avec des problèmes de fonctionnement de plus en plus fréquents chez des jeunes hommes par ailleurs en bonne santé.
Des effets dramatiques, d’autant que la pornographie devient de plus en plus violente
A tout cela s’ajoute la question de la nature des films visionnés : selon certaines études, les consommateurs s’habituent vite aux pics de dopamine provoquées par le visionnage recherchent des sensations de plus en plus fortes, notamment lorsqu’ils passent à l’acte dans la vraie vie, ce qui est particulièrement dommageable pour les femmes qui se retrouvent face à des pratiques et des exigences de plus en plus extrêmes. Non seulement cela : le risque d’infidélité est également plus grand, même si une relation apporte toute satisfaction, du fait que le partenaire s’imagine qu’il trouvera encore mieux ailleurs.
On ne sait avec certitude si le visionnage de la pornographie fait rétrécir la taille du cerveau ou si au contraire le fait d’avoir un petit cerveau prédispose l’utilisateur à consommer davantage. Ou un peu des deux. Ce qui est sûr, c’est que – comme tout péché, et particulièrement tout péché grave – la pornographie ne saurait faire du bien.