Le séjour de Macron à Chambord scandalise Mélenchon, qui accuse le président des riches d’être aussi celui des rois : mais l’homme à la république entre les dents, tout en prêchant le socialisme, aime ses aises, comme Hidalgo et Hulot. Tartuffe est au pouvoir.
Tendez vos rouges tabliers, il va pleuvoir des vérités premières. De temps en temps, à l’approche des fêtes, il faut savoir enfoncer des portes ouvertes : les lecteurs de Reinformation.tv se demandent parfois où nous allons chercher des informations improbables et des points de vue hyper-surprenants, là, je vais faire dans la constatation poujadiste de base : pendant que la ménagère y regarde à deux fois avant de remplir son filet à provisions, les princes qui nous gouvernent en prêchant la rigueur et en magnifiant le socialisme de marché, s’en fourrent jusque là. En toute simplicité.
Les rois d’Arabie riches mais progressistes
Prenons l’exemple de MBS, vous savez, l’héritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salmane, le prince charmant libéral et démocrate, celui qui permet aux femmes de conduire et rouvre les cinémas, celui qui veut en finir avec la corruption, les gaspillages et la rente pétrolière, comme qui dirait le Bayrou de là-bas, en plus joli. Eh bien, voilà-t-y pas qu’il vient d’acheter ce que les agents immobiliers nomment « le château Louis XIV en référence au flamboyant roi Soleil qui a régné sur la France aux XVIIe et XVIIIe siècle », écrit notre confrère Les Echos (ils devraient quand même éviter d’embaucher des analphabètes), un truc avec un toit d’ardoise et une piscine, à Louveciennes, « la demeure privée la plus chère du monde », pour 275 millions d’euros. D’après notre autre confrère le New York Times, si l’on remonte du vendeur à ceux qui ont la haute main sur son capital, on arrive à la Holding Eight Investment, dont l’un des directeurs se nomme Thamer Nassif, qui s’occupe aussi des affaires privées de MBS : Eight Investment appartient au roi d’Arabie saoudite et à sa famille. C’est d’ailleurs Eight Investment qui est derrière le rachat récent d’un tableau du Vinci, Salvator mundi, pour 450 millions de dollars. Si le pétrole fait un jour défaut à MBS, il n’a pas à s’inquiéter, il bénéficie d’un mouvement perpétuel d’argent en circuit fermé. Vive le progrès et la démocratie saoudienne !
Macron, Mélenchon, Chambord et la sixième république
Revenons en France, en république, à Chambord. Le président de la république, le jeune Emmanuel Macron, a passé Noël « en avance » dans un des salons du château construit sous François premier. Cela a fait grincer Jean-Luc Mélenchon, qui doit tenir le crachoir et occuper le terrain pour justifier sa fonction de premier opposant de France. « Pourquoi est-ce qu’il s’en va célébrer son anniversaire à Chambord ? Quelle drôle d’idée ! Je suis tellement républicain que tout ce qui touche aux symboles royalistes m’exaspère, je trouve ça ridicule ». Après quelques phrases du même tonneau, le président de la France insoumise a conclu que « c’est la constitution qu’il faut changer ».
La pensée de Mélenchon est parfois ardue à suivre : en quoi célébrer le patrimoine français implique-t-il de modifier les institutions ? Mais quand Mélenchon ajoute : « Ces gens-là se croient tout permis, ils ont oublié qu’il y a un peuple de 65 millions de personnes qui n’en peut plus, dont les hôpitaux sont mal en point, dont les écoles sont mal en point, dont tout ce qui fait le bonheur de la vie quotidienne est mal en point », alors on comprend : il se fait le porte parole de l’envie contre les gros, les riches qui vivent comme des rois pendant que le RSA souffre.
Pandas et Nature : les riches heures de la famille Macron
Macron, bien sûr, se défend comme un beau diable. Il a loué une ancienne maison forestière sur le domaine de Chambord pour sa famille avec son argent, plus la salle du château où ils ont dîné, pour « six cents euros environ ». Un bon rapport qualité prix. « C’est un coût raisonnable que peut se permettre un président de la République qui veut faire plaisir à sa famille ». Et à sa belle famille. Il en a profité pour emmener les enfants et les petits enfants de Brigitte visiter le domaine avant d’aller faire un coucou au panda du zoo de Beauval. Et il déplore que des « esprits chagrins » voient des symboles là où il n’y a que communion avec la « nature, la biodiversité et la tradition de la chasse ». Voilà donc une polémique idiote et sans consistance, parfaitement dans le ton people qu’a pris l’actualité dans les médias du nouveau quinquennat, mais elle révèle deux phénomènes de psychologie politique étroitement liés.
Les rois de la république oublient les promesses du socialisme
Premièrement, quand on est au pouvoir, on oublie les belles promesses démagogiques qu’on a faites candidat. L’écolo Hulot pollue la haute atmosphère avec les jets privés qu’il utilise, le même Hulot pollue le plancher des vaches avec ses six voitures, ses deux motos et son bateau à moteur. Anne Hidalgo, qui a livré Paris aux bouchons, aux migrants, à leur saleté, ne se déplace qu’en voiture de fonction, empruntant les sens interdits et se garant sur les voies de bus. Tout cela est horriblement banal.
Ce qui est particulièrement laid chez les adeptes du socialisme ou les Verts, par rapport à un Balladur ou un Giscard, c’est qu’ils ont fait toute leur carrière en faisant la leçon et en excitant, pour capter des voix, l’envie naturelle des pauvres contre les riches. Ils se retrouvent ainsi victimes de leur propre tartufferie. C’est un Richard Ferrand qui enrichit sa compagne avec l’argent des assurances alors qu’il vient de montrer Fillon du doigt. C’est Alexis Corbières et Raquel Querido, les choryphées du chœur des pleureuses, qui se lamentent sur la misère du monde, chantent le socialisme – et profitent indument d’un logement social, la femme se payant le luxe supplémentaire de ne pas payer ses cotisations sociales.
Hulot et Hidalgo condamnent le nauséabond Trump
Ne haussons pas la voix. Ce n’est rien, ce ne sont que des donneurs de leçons qui piquent dans le pot de confiture, c’est vieux comme la politique. Exact, mais l’on préfèrera Macron. Lui n’a jamais masqué son goût pour les beaux costards, les frais de bouche dignes du Roi Soleil et les tours de passe-passe fiscaux. La gauche misérabiliste a quelque chose de plus fatigant. C’était Hollande, qui prétendait rétablir une présidence normale en prenant le train pour aller à Tulle – et coûtait plus cher en fin de compte au contribuable que s’il avait utilisé un jet privé, à cause de l’usine à gaz qu’il fallait monter du côté de la sécurité.
Jadis, la politique était réservée aux riches. César dépensa des fortunes pour arriver (il est vrai qu’il se rattrapait sur ses pillages) ; aujourd’hui, des jeunes gens aux dents longues font de la politique pour s’enrichir : ce qu’ils pillent, c’est la république. C’est un travers assez commun, auquel on trouve au moins une exception, aux Etats-Unis, Trump. Sa fortune a baissé depuis 2016. Mais il est vrai que c’est un fou et un populiste nauséabond.