L’insulte est une comédie dramatique libanaise en langue arabe. Le film est à la limite du conte ou de la fable. Il décrit une situation qui s’envenime à partir de fort peu de choses et débouche, après bien des péripéties et une montée aux extrêmes, sur une laborieuse et artificielle réconciliation.
A Beyrouth, la municipalité fait refaire la voirie du quartier chrétien, au centre-est de la capitale. Cette action d’édilité ô combien nécessaire est pourtant mal vue par les riverains. En pratique les ouvriers sont massivement des musulmans sunnites et ils n’aiment pas ça. Ce fait peut étonner en France, mais des centaines de chrétiens pénétrant dans des quartiers musulmans ne seraient probablement pas bien accueillis non plus. Le garagiste Toni, dont l’établissement est à cent mètres de son domicile, observe de son balcon les travaux. En arrosant ses plantes, il verse de l’eau sur la chaussée et donc aussi sur les ouvriers au travail. Il prétend ne pas l’avoir fait exprès. Le contremaître fait alors remarquer, diplomate, que sa gouttière n’est pas aux normes. Puisque les ouvriers sont là, il va faire réparer ce conduit défaillant, aux frais de la municipalité. Toni refuse avec hauteur. Le contremaître, de la rue, fait la réparation quand même. Toni détruit la réparation au marteau. C’est là que les choses se tendent : le contremaître qualifie Toni d’imbécile, remarque justifiée. Toni ameute alors le quartier : il a été insulté par un Palestinien. L’Occidental arabisant ne distinguera pas à l’oreille un accent libanais d’un palestinien, très proches, mais l’autochtone le peut en effet. Or, un réfugié palestinien, même s’il réside au Liban depuis des décennies, n’a pas le droit d’y travailler. Le chef des travaux est ennuyé. Toni exige des excuses ; le Palestinien ne veut pas, puis y consent, pour garder son travail. Cependant Toni se montre tellement odieux et insultant que le Palestinien le gifle violemment. Il en résulte un procès.
L’insulte, une curiosité par son sujet unique
A travers cette histoire-prétexte, L’insulte propose un portrait du Liban d’aujourd’hui, vu du moins à travers les prismes antagonistes des Palestiniens – massivement sunnites – et des chrétiens. On regrettera que le chrétien soit effectivement un imbécile et un mauvais sujet qui travaille le dimanche, et le Palestinien un homme excellent, même s’il ne peut pas absolument tout endurer. On n’aurait pas osé faire l’inverse. Toutefois si, comme il est dit, les souffrances des Palestiniens sont bien connues, ce n’est pas du tout celles des chrétiens libanais qui ont subi des massacres terribles dans le Liban des années 1970-1980. Le film possède ce grand mérite de les rappeler.
L’insulte ne convainc pas pleinement. Il s’agit d’un film populaire arabe assez typique. Aussi, la narration est-elle simple et les acteurs surjouent ; certaines situations sont peu crédibles. Mais le film reste une curiosité, par son sujet unique, et à voir dans la langue originale.