Le gouverneur de la banque centrale de Suède, la Riksbank, a déclaré qu’il faut mettre en place de nouvelles règles pour assurer que l’argent liquide continue d’être accepté comme moyen de paiement. Stefan Ingves expliquait dans une tribune publiée dans la presse suédoise lundi que les choses vont actuellement trop vite et qu’il faut s’assurer – voilà le nœud de la question – de la sauvegarde d’un certain contrôle de la banque centrale sur les systèmes de paiement.
La Suède est l’un des pays où la disparition des billets et des pièces est la plus rapide, à tel point que de nombreux magasins, restaurants et même des agences bancaires refusent les paiements en liquide. En dix ans, la Suède a vu la monnaie en circulation divisée par deux, passant de 112 milliards de couronnes suédoises à 50 milliards (l’équivalent de près de 5 milliards d’euros).
Le gouverneur de la Banque centrale de Suède plaide pour le cash
« Si rien n’est fait, la Suède va arriver à une situation où tous les moyens de paiement auxquels le public a accès seront donnés et contrôlés par des acteurs commerciaux, en même temps que nous voyons l’émergence de nouvelles monnaies dites électroniques de diverses sortes », écrit Ingves dans le Dagens Nyheter.
Certains de ces moyens de paiement ont été développés par les banques suédoises : ainsi l’application Swish, utilisée par plus de 60 % des Suédois, permet de transférer gratuitement de l’argent et de faire des paiements par Smartphone en temps réel 24 heures sur 24, sans frais. La banque centrale, elle, envisage mettre en place une « e-couronne », version numérique du cash garanti par l’Etat, mais néanmoins, Stafan Ingves estime qu’il faut protéger légalement le statut à long terme des « kronor » émis par la Riksbank en obligeant toutes les banques à accepter l’argent liquide.
La société sans cash, oui, mais pas trop vite et sous contrôle !
Le gouverneur estime que les promoteurs d’options privées par rapport aux fonds publics « ont tort » d’affirmer que les Suédois n’ont rien à en craindre. En temps de crise, a-t-il ajouté, le public recherche toujours des actifs sans risque, comme le cash, garantis par l’Etat. « Il est peu probable que les acteurs commerciaux endosseraient dans toutes les situations la responsabilité d’assurer la demande du public d’avoir des moyens de paiement sûrs », a averti le banquier.
Les victimes des dévaluations massives dans divers pays du monde estimeront sans doute le discours un peu optimiste en ce qui concerne la monnaie papier. Ce qui est clair, en revanche, c’est que les banques centrales continuent de vouloir avoir la main sur la monnaie en circulation : il ne suffit pas d’imposer le paiement électronique pour que celui-ci demeure parfaitement sous contrôle à l’heure des circuits de paiement parallèle.