L’essai à succès sur le pape François, « The Dictator Pope » (le pape dictateur), de l’historien anglo-français Henry Sire conclut que l’actuel souverain pontife n’est pas un réformateur comme il aime à se dépeindre lui-même, mais un « pape dissident » qui « gouverne en dictateur » et que, « opposé à la Tradition », il est « complètement sorti des rails ». Cette analyse pourrait être contestée si elle n’était confirmée par l’Etat de l’Eglise elle-même : un sondage Gallup indique qu’aux Etats-Unis la fréquentation de la messe subit sous le pape François sa plus forte chute depuis des décennies.
Dans « The Dictator Pope », Henry Sire estime que le pontificat du pape François est « l’un des plus désastreux »
Dans un entretien accordé au National Catholic Register, Henry Sire estime que le pontificat de François « se révèle déjà comme l’un des plus désastreux dans l’histoire ». Il explique qu’il veut mettre au jour le fossé entre l’image publique de François, soigneusement valorisée par les grands médias globalistes et, en France, par le quotidien officieux du catholicisme de gauche La Croix, et « la réalité perçue au Vatican ». Henry Sire estime que François est « un politicien qui s’appuie sur les relations publiques ». « The Dictator Pope » – « Il Papa Dittatore » en italien – a été publié sur internet en novembre sous le pseudonyme de Marcantonio Colonna, nom d’un amiral qui commanda la marine pontificale à la victorieuse bataille de Lépante contre les Turcs au XVIe siècle. L’éditeur conservateur américain Regnery Publishing publie une édition révisée sur papier ce 23 avril.
Dans cet entretien vidéo, Henry Sire explique que François s’inscrit dans la lignée autoritaire de l’ancien dictateur argentin Juan Peron. Les péronistes explique Henry Sire, « sont de complets opportunistes » qui ne sont ni de droite ni de gauche, caractéristique « qui résume très exactement le pape François », soutient-il. On peut toutefois douter que l’immigrationnisme islamophile affiché par François ne soit pas un marqueur de la gauche radicale, et son relativisme moral celui du nihilisme libéral-libertaire. Henry Sire, diplômé d’histoire à Oxford, a été quatre années durant historien de l’Ordre de Malte à Rome avant d’être suspendu, décision dont il conteste la légalité. Il espère que son travail aidera le collège des cardinaux à éviter « l’erreur » d’élire à nouveau un cardinal « complètement inconnu » au prochain conclave.
Le pape François agit de façon autocratique et rejette la tradition, indique Henry Sire
Les protestations « démocratiques » du pape François sont fermement contredites dans les faits poursuit Henry Sire, qui évoque sa nature autocratique : « A Rome, quand vous parlez avec des évêques ou des cardinaux, ils vous disent que le pape François ne traite absolument pas avec eux dans un quelconque esprit collégial (…). Ils étaient beaucoup plus consultés sous le pape Benoît XVI. Non, comme je l’ai dit, le pape François agit en dictateur ». Plus encore, Henry Sire juge le réformisme affiché de François comme une pure fiction, estimant « qu’il ne s’est pas posé du tout en réformateur » dans les faits. Non seulement Henry Sire classe François parmi les « mauvais papes »mais il dénonce le fait qu’il « essaie d’orienter l’Eglise dans une direction qui rejette la tradition » : « Aucun précédent ‘’mauvais pape’’ n’avait essayé de faire ça ». Pourtant, Henry Sire ne se pose pas en extrémiste. Il évoque son point de vue – très modéré – sur le concile Vatican II, estimant qu’il couronne une évolution antérieure aux années 1960.
Pour compléter son essai, Henry Sire essaie de brosser la psychologie du pape François en s’appuyant pour partie sur l’étude que le jésuite Hans Peter Kolvenbach avait consacrée à Jorge Bergoglio, en 1992. Ce « Rapport Kolvenbach » visait à évaluer les capacités de son sujet à assumer la fonction d’évêque. Or il notait que Bergoglio présentait « plusieurs défauts de caractère » et de ce fait « n’était pas vraiment apte » à la charge épiscopale. Henry Sire apporte aussi des révélations sur le cardinal Oscar Rodriguez Mariaga, archevêque de Tegucigalpa au Honduras. Ce prélat, devenu « la main droite » du pape, dirige l’un des diocèses « les plus corrompus » de toute l’Eglise, « corruption financière et morale », accuse-t-il.
Le pontificat du pape François correspond à un décrochage brutal de la fréquentation de la messe aux Etats-Unis
La base de l’Eglise, elle, a depuis longtemps pris conscience de l’inconséquence de l’actuel souverain pontife. L’institut Gallup vient de révéler que le pontificat du pape François, qui a commencé en 2013, correspond au plus fort déclin de fréquentation hebdomadaire des églises catholiques depuis des décennies aux Etats-Unis. Gallup relève que « de 2014 à 2017, 39 % des catholiques (américains) affirmaient avoir participé à la messe ces sept derniers jours », niveau « bien inférieur aux 45 % enregistrés de 2005 à 2008, un effondrement depuis les 75 % relevés en 1955 ». La participation hebdomadaire à la messe, en chutant de six points depuis le pontificat de Benoît XVI, enregistre ainsi le plus fort décrochage depuis les années 1970. Elle s’était stabilisée au milieu des années 2000, durant le pontificat de Benoît XVI. A l’inverse, Gallup relève que la fréquentation des Eglises protestantes est demeurée soutenue depuis dix ans.
Dans un rapport publié l’année dernière, l’Office central des statistiques du Vatican montrait que les vocations à la prêtrise avaient continué à baisser depuis 2012, avec une accélération depuis le début du pontificat du pape François. Le nombre de séminaristes dans le monde a régressé de 118.251 en 2013 à 116.843 en 2015.