Le Grand chancelier de l’Ordre de Malte, l’Allemand Albrecht von Boeselager, vient de faire l’objet d’une demande de démission de la part de chevaliers de haut rang, s’il faut en croire le site ChurchMilitant. Celui-ci affirme avoir eu connaissance d’un courriel envoyé le 30 avril à l’ensemble des membres de l’Ordre, dans la tourmente depuis que le pape François est intervenu pour mettre à l’écart l’ancien Grand Maître, Fra’ Matthew Festing, et vider de ses responsabilités le poste du cardinal Raymond Burke, cardinal patron de l’Ordre.
Il est notamment reproché à Grand chancelier d’avoir « menti » à propos du scandale à l’origine des remous actuels à la tête de l’Ordre. Tout a commencé avec le mécontentement des responsables de l’Ordre à la découverte de ce scandale : la distribution de préservatifs sous l’égide d’une institution caritative de l’Ordre, qui avait conduit Matthew Festing à mettre à l’écart von Boeselager après que celui-ci eut refusé de démissionner alors qu’il était accusé d’avoir couvert l’affaire.
Les chevaliers de Malte repartent à l’assaut contre le Grand chancelier Albrecht von Boeselager
Albrecht von Boeselager a été rétabli en tant que Grand chancelier au début de 2017 par le pape François au moment où celui-ci a demandé a Matthew Festing de partir, et ce au mépris du statut de l’Ordre de Malte qui a rang d’Etat souverain.
Début mai, l’Ordre a élu son nouveau Grand Maître à vie, Fra’ Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto, qui avait assumé ce poste de manière temporaire depuis le départ de Matthew Festing.
C’est donc deux jours avant cette élection que le fameux courriel a circulé, s’appuyant sur une décision de justice qui a refusé de condamner pour diffamation le site autrichien kath.net, poursuivi par le Freiherr von Boeselager pour avoir affirmé que celui-ci avait supervisé la distribution de préservatifs par Malteser International dont il était alors responsable.
La démission du Grand chancelier Albrecht von Boeselager rétabli par le pape François demandée en interne
Dans ce jugement daté du 6 juin 2017, devenu définitif, « les juges ont estimé que les dénégations de Boeselager quant à sa connaissance de cette distribution étaient mensongères et qu’il l’avait “sciemment procurée” en “toute connaissance de cause et délibérément” », affirme le courriel interne du 30 avril. Ce jugement confirme au demeurant l’enquête interne réalisée par l’Ordre de Malte en janvier 2017, qui avait abouti à la demande de démission du Grand chancelier par Fra’ Matthew Festing. Les trois juges autrichiens affirment que l’impression donnée par l’article de kath.net selon laquelle von Boeselager savait que les « Malteser » distribuaient des préservatifs par le biais des colis de secours de l’UNHCR « était conforme à la réalité ». Cette pratique devait se poursuivre au Myanmar une fois le scandale révélé, « sans aucun doute » avec l’accord de van Boeselager, selon les juges.
Le courriel accuse von Boeselager non seulement d’avoir menti à propos du scandale mais d’avoir agi sans le consentement du Grand maître ou du Conseil souverain, « plongeant l’Ordre tout entier dans la pire crise qu’elle ait connue depuis des décennies, sinon des siècles, en contournant les procédures d’appel normales de l’Ordre, en allant plutôt rechercher l’intervention de la Secrétairerie d’Etat du Vatican ».
Selon Church Militant, von Boeselager était notamment allé se plaindre au cardinal Reinhard Marx qui avait fait pression pour une intervention directe du Vatican.