Vingt ans après l’accession au pouvoir de Nelson Mandela et de son parti, l’ANC, l’Afrique du Sud est dans un état catastrophique. Insécurité, économie ruinée, pauvreté, immigration, sida, dissensions politiques, tout y est. Heureusement, danses, discours et feux d’artifices sont là pour masquer le marasme.
En 1970, un dollar valait un rand, il en vaut sept aujourd’hui. Les services publics ne fonctionnent plus, la discrimination positive entraîne la gabegie, l’électricité connaît des coupures, les hôpitaux, naguère à la pointe du progrès, appartiennent au Tiers-Monde. Le taux de chômage est estimé à 40 % par les syndicats.
Tutu : « Je suis heureux que Mandela soit mort »
Le nombre des Sud-Africains vivant en dessous du seuil de pauvreté a doublé en dix ans, et le revenu de la tranche la plus pauvre de la population est inférieur de moitié à ce qu’il était du temps de l’apartheid. La qualité de l’eau baisse, la malaria progresse, la prévalence du sida chez l’adulte est de 20 %. La mortalité infantile est montée à 6,3 %. L’insécurité flambe, 20.000 meurtres, 50.000 viols, 300.000 cambriolages. Les groupes de sécurité privés pullulent. L’ANC agresse les partis concurrents. Le gouvernement est corrompu et incompétent. A tel point que l’évêque anglican Desmond Tutu, l’une des figures de la lutte contre l’Apartheid a déclaré hier au Cap : « Je suis heureux que Madiba soit mort pour qu’il ne voie pas ça. » Madiba est le surnom affectueux que ses compagnons donnent à Nelson Mandela. Le prix Nobel de la Paix, qui est âgé aujourd’hui de quatre-vingt-deux ans, a ajouté : « Je ne pensais pas que la désillusion viendrait si tôt. » Il ne votera pas pour l’ANC le sept mai prochain.