Le niveau baisse vraiment : le QI moyen des jeunes nés après 1975 a chuté de plus de 7 points par génération

QI chute 7 points par génération niveau baisse vraiment
 
C’est une étude norvégienne sur plus de 730.000 résultats du test standardisé du quotient intellectuel – le QI qui mesure essentiellement l’intelligence logique et linguistique – qui a livré ce résultat jugé « assez inquiétant ». Ole Rogeborg et Bernt Bratsberg du Centre Ragnar Frisch pour la recherche économique ont constaté que les jeunes hommes norvégiens affichent des scores moins élevés que ceux de leurs pères au même âge, la baisse de sept points en moyenne par génération ayant commencé à devenir perceptible en 1975. Les dossiers étaient ceux des hommes appelés au service national qui ont été testés entre 1970 et 2009. Les résultats confirment une chute constatée lors de diverses études britanniques de moindre envergure qui ont évalué la baisse du QI à entre 2,5 et 4,3 points par décennie. Le niveau baisse donc vraiment, comme s’en plaignent tant de professeurs – depuis l’Antiquité, il est vrai… Mais enfin aujourd’hui il y a des archives et des éléments concrets !
 
C’est une inversion de la tendance constatée depuis la Seconde Guerre mondiale, avec son augmentation de trois points en moyenne par décennie, l’» effet Flynn » de la remontée du QI dont on a notamment attribué la cause à la plus grande interaction avec le monde, les études plus longues, l’accès à de nombreuses informations.
 
Selon les scientifiques norvégiens, la baisse actuelle pourrait s’expliquer par la manière dont on enseigne les langues et les mathématiques à l’école.
 

Le niveau du QI des jeunes baisse vraiment

 
On incrimine également l’omniprésence des écrans et la baisse de la lecture. Ou bien, pour minimiser les résultats, on indique que le test QI n’est tout simplement pas adapté aux nouveaux modes de vie. Ainsi, lors du développement des premiers tests au XIXe siècle, les résultats ont pu être moins bons en raison de la rigidité du quotidien, situation bousculée par le XXe siècle et son explosion de nouvelles technologies, de nouveaux métiers, de nouvelles interactions avec le monde qui nous entoure, suggère un article du Telegraph.
 
Et on nous sert l’habituel couplet sur les formes d’intelligence qui changent : l’intelligence serait aujourd’hui moins académique, plus rapide, plus morcelée – témoin la communication par émoticones – et mal évaluée par les tests. Il est vrai que depuis plusieurs années, on assiste à la promotion de nouvelles formes d’évaluation, tel le quotient émotionnel, le QE qui est censé refléter les capacités et l’intelligence sociales des individus : empathie et travail en équipe sont les maîtres mots du jour.
 
Mais tout cela nous ramène en réalité aux méthodes pédagogiques pointées par les chercheurs norvégiens. Sous l’impulsion des institutions internationales, parmi lesquelles l’UNESCO occupe une place de choix, les méthodes globales qui favorisent l’image et l’émotion par rapport à la parole et l’analyse ont envahi la plupart des écoles du monde développé. Et elles ne concernent pas uniquement la lecture… C’est un système qui produit, comme l’ont montré les travaux d’Elisabeth Nuyts, des adultes qui peinent à analyser et à raisonner, qui fonctionnent par analogie et qui au pire des cas, ne s’entendent ni lire ni penser dans leur tête, n’ayant pas acquis la pensée langagière. C’est le fruit de l’apprentissage global et silencieux de la lecture, dont l’effet est décuplé par une approche similaire dans les autres disciplines et renforcé encore par les écrans et leur pléthore de jeux d’action-réaction qui éliminent la verbalisation.
 

En Norvège, le niveau moyen du QI a chuté de 7 points par génération depuis 1975

 
On pourrait dire que le QI mesure les aptitudes du « cerveau gauche », parent pauvre des pédagogies modernes, tandis que le QE est lié au « cerveau droit ». On a ce que l’on fabrique. En l’occurrence, ce seraient donc des jeunes – dont les capacités n’ont probablement rien à envier à celles de leurs aînés – qui ne développent plus leur potentiel.
 
Un autre facteur possible du décervelage mis en évidence par l’étude norvégienne est proposé par un professeur de psychologie britannique, Richard Lynn, qui évoque une « fertilité dysgénique ». « L’intelligence est pour une grande part héréditaire, transmise par les parents aux enfants. Les parents intelligents ont des enfants intelligents », ose-t-il affirmer. Du fait de la contraception et de l’entrée des femmes dans les carrières les plus élevées, les plus douées d’entre elles ont souvent moins d’enfants que les autres, avance-t-il.
 
Le QI a ses limites, mais il mesure quelque chose de mesurable et il constitue un excellent prédicteur de réussite lorsqu’il s’accompagne de qualités humaines comme le courage et la conscience professionnelle. Que des populations occidentales soient en train de perdre des points sur ce tableau est inquiétant à plus d’un titre.
 

Jeanne Smits