Donald Trump a retiré les Etats-Unis du Partenariat Trans-Pacifique (TPP) dès le début de son mandat, conformément à une de ses promesses de campagne les plus importantes. Seulement le 12 avril dernier, il ordonnait à son administration d’étudier la possibilité de réintégrer cet accord, où plutôt sa nouvelle mouture relancée par les 11 autres membres du TPP après le retrait des Etats-Unis : le Partenariat transpacifique global et progressif (CPTPP). Le 13 juin, la Diète japonaise adoptait justement le projet de loi de ratification de ce traité révisé incluant Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande. Si Donald Trump prétend n’envisager la réintégration de ce traité qu’aux conditions des Etats-Unis, et si une telle décision est présentée comme une manière de contrer la concurrence de la Chine dans la région Pacifique, la réalité est que le TPP est destiné à terme à favoriser une intégration globale, pour ne pas dire globaliste, allant des Amériques à la Russie en passant par la région Pacifique et l’Asie, Empire du Milieu inclus.
Le TPP que Trump envisage de rejoindre est une étape vers un ensemble d’accords plus larges incluant la Chine communiste et la Russie post-communiste.
C’est ce qu’expliquait très bien le 13 avril dernier un long article du New American intitulé « Trans-Pacific Partnership to Facilitate U.S.-China Merger » (Le Partenariat transpacifique facilitera la fusion USA-Chine). Les défenseurs du TPP aux Etats-Unis ont en effet tenu depuis le début un double discours : face aux opposants à ce projet, ils expliquaient que ce partenariat n’incluant pas la Chine donnerait aux travailleurs américains et aux entreprises américaines un nouvel avantage compétitif de taille face à la concurrence chinoise. S’adressant à d’autres publics, les mêmes annonçaient que la Chine serait probablement admise dans le TPP à terme, et que le but était de toute façon d’intégrer le TPP et l’APEC, c’est-à-dire le forum de Coopération économique pour l’Asie-Pacifique dont font partie, entre autres, les États-Unis d’Amérique, la République populaire de Chine et la Fédération de Russie.
Le New American relève aussi les déclarations d’intention chinoises relayées par les médias de la puissance communiste, qui indiquent clairement qu’il existe depuis plusieurs années une volonté chinoise d’œuvrer à une intégration plus large qui dépasserait le simple cadre de l’APEC et pourrait englober le TPP. Les termes et les arguments employés aussi bien par le président chinois Xi Jiping au sommet de l’APEC de novembre 2014 que par les partisans américains du TPP rappellent beaucoup, pour le New American (site conservateur et souverainiste), ce que l’on entend dans la bouche des architectes de la construction européenne. Cela permet de penser qu’ils ont aussi en tête une future possible intégration politique des pays membres du TPP, de l’APEC et de la zone de libre-échange Asie-Pacifique (FTAAP) lancée par la Chine.
Le TPP conçu sous Obama pour faire converger les États-Unis et la Chine
Le président Obama avait soutenu, tout comme les « élites » communistes chinoises, l’engagement de l’APEC dans la création du FTAAP. Le New American cite même un communiqué de la Maison blanche dans lequel il était précisé que « le TPP n’est pas conçu pour contenir la Chine mais pour converger avec la Chine ». Le TPP ne serait ainsi qu’une étape vers la création d’une organisation régionale plus vaste, le FTAAP, qui engloberait à la fois le TPP et le partenariat économique global (RCEP), un projet d’accord de libre-échange incluant les pays de l’ASEAN et 6 autres pays, dont la Chine communiste.
C’est pourquoi la réintégration du TPP par les Etats-Unis serait un pas en avant vers une zone de libre-échange ou une forme d’union transpacifique très vaste et ce serait un grave coup porté à l’économie et aux emplois américains et surtout à la souveraineté américaine. Cela irait tout à fait à l’opposé du programme électoral de Donald Trump, qui promettait de privilégier les intérêts américains et de rendre sa grandeur à l’Amérique. Reste à savoir quelle est son intention exacte.