L’image a fait le tour de la toile, du moins en langue française, d’un Emmanuel Macron rabrouant un jeune garçon qui l’avait salué d’un « Ça va Manu » par trop familier, alors que le président de la République, à l’occasion du 18 juin, était au Mont Valérien. Une leçon de respect ?
Une leçon de respect, sans doute. Et je suis d’une génération – plus ancienne que celle d’Emmanuel Macron – où l’on marquait un respect habituel à ses aînés, quand bien même ils auraient été d’un rang social inférieur. On me l’a appris avec fermeté, et je crois avoir retenu la leçon. Croisant Emmanuel Macron, je l’appellerai, à tout le moins, « Monsieur ».
La génération à Manu
Il n’en est pas de même, semble-t-il, à la génération d’Emmanuel Macron. Et le président de la République lui-même ne se prive pas pour faire fi des conventions, faire copain-copain avec tout le monde, surtout avec ceux dont il peut avoir l’impression qu’il est – enfin – parvenu à leur portée. Et le tutoiement fuse habituellement chez l’actuel locataire de l’Elysée…
Problème de générations, dira-t-on ? Peut-être… Mais il y a plus – ou pire. On ne peut pas impunément donner des signes qui cadrent mal avec le respect, et en réclamer ensuite le bénéfice. Et les épisodes se succèdent. Poser avec des musiciens transgenres à l’occasion de la fête de la musique ; se rendre dans une boîte à Lagos, en bras de chemise, pour saluer les forces progressistes (et peut-être un peu plus) du pays ; faire les cornes avec les mains (oh ! je sais toute la signification idéologiquement sérieuse que ce geste implique, mais la photo ne prête pas au sérieux) ; saluer avec grandiloquence Simone Veil, etc.
Arrêtons-nous un instant sur ce dernier point, qui a semblé cristalliser ma réflexion sur ce point. Contrairement à ce qu’Emmanuel Macron pense ou, au moins, déclare, on peut être Français et ne pas partager la politique mise en œuvre par Simone Veil. Une politique qui a eu au moins le mérite de nous faire équiparer la République avec Baal et Moloch, ces divinités sanglantes. Nous mettons ainsi dans notre Panthéon des hommes et des femmes qui ne valent guère mieux que les divinités que l’antiquité entassait dans le sien.
Respect !
Mais, apparemment, cette décision concernant Simone Veil fut, nous dit le président de la République, « celle de tous les Français ». Ne serai-je donc plus Français, puisque je récuse une telle affirmation ?
Pardonnez-moi, mais, en vous entendant, les paroles d’une chanson de Renaud me reviennent à la mémoire.
Je pense surtout à mon père qui me disait : « Le respect, mon fils, ça se mérite ! »
Permettez-moi de vous dire, Monsieur, que nous sommes loin du compte…
Hubert Cordat