Le 10 juillet, le Premier ministre de la République tchèque, Andrej Babiš annonçait en conférence de presse que son gouvernement ne soutiendrait pas le projet de modification de la constitution, en vue d’y inscrire la véritable nature du mariage, proposé par 30 membres (sur 200) de la Chambre des députés. La Tchéquie restera donc le seul pays du Groupe de Visegrád (V4) à ne pas avoir la mention du mariage en tant qu’union d’un homme et d’une femme dans sa constitution. La Slovaquie avait été le dernier des trois autres pays du V4 à inscrire la nature du mariage dans sa loi fondamentale en 2014, après la Hongrie (2011) et la Pologne (1997). Dans le cas de la Hongrie, cela ne l’empêche pas d’avoir accordé un statut officiel aux unions civiles entre personnes de même sexe en 2009, sous le gouvernement de la coalition des socialistes et des libéraux.
La Tchéquie athée, seul pays du Groupe de Visegrád à vouloir le « mariage pour tous »
Mais la Tchéquie veut aller plus loin et elle risque fort, dirigée par un parti ANO qui ressemble un peu au Mouvement 5 étoiles italien, de changer bientôt la nature du mariage civil pour en faire une union entre deux personnes, quel que soit leur sexe. Ce n’est sans doute pas un hasard si, à l’opposé de ses partenaires du V4, la Tchéquie est un des pays les plus athées d’Europe et ressemble en cela plus aux pays d’Europe occidentale qu’à ceux d’Europe centrale. Le parti du Premier ministre est certes assez hétéroclite, et il s’est trouvé pour soutenir le projet de modification de la constitution des députés d’ANO aux côtés de députés du parti social-démocrate (ČSSD), des chrétiens-démocrates (KDU-ČSL), de centristes et d’indépendants. Les auteurs du projet évoquaient, pour justifier leur initiative, les « menaces que représentent les efforts en vue de remettre en cause ou transformer » l’institution du mariage.
Un gouvernement Babiš très ancré à gauche
S’il faut les trois cinquièmes des voix du parlement pour modifier la constitution, une majorité simple suffira pour adopter en République tchèque le « mariage pour tous ». C’est justement ce que prévoit de faire un projet soutenu par Andrej Babiš dont le gouvernement constitué le 6 juin dernier après plusieurs mois de tractations dépend des voix au parlement, outre de son propre parti ANO, de son partenaire social-démocrate et du Parti communiste de Bohême et de Moravie (KSČM), qui lui apporte un soutien au parlement sans participer au gouvernement. On l’oublie à cause de l’opposition du gouvernement Babiš aux politiques immigrationnistes de l’UE, mais ce gouvernement est très ancré à gauche.
Le « mariage gay » a de fortes chances d’être adopté par le parlement actuel
Le projet en faveur du « mariage gay » a été signé par 46 députés appartenant au parti ANO, au ČSSD et au KSČM. L’un des objectifs affichés par les promoteurs de ce projet est de permettre aux duos homosexuels d’adopter des enfants. Les homosexuels peuvent adopter en Tchéquie depuis un jugement de la Cour constitutionnelle de 2016, mais uniquement en tant que parent isolé. Il n’est pas possible au partenaire du parent biologique ou adoptif de l’enfant de l’adopter aussi. Un projet de loi pour autoriser l’adoption par le partenaire du parent homosexuel avait été rejeté par le parlement précédent.