L’Etat s’inquiète. Depuis le mois de juillet et la limitation à 80 kilomètres heures sur les routes sans séparateur médian, le nombre des attaques de radars, en hausse depuis le début de l’année, monte en flèche. Partout. La colère gagne toute la France. C’est peut-être le début d’une jacquerie.
L’Ain, 01, détient une sorte de record mais le département est cependant représentatif d’une tendance : depuis le début de l’année, on y a dénombré 86 attaques de radars (peints, enveloppés de plastique, brûlés, martelés ou détruits), dont un tiers pour le seul mois de juillet ! Même dans les tranquilles Hautes Pyrénées, six radars ont été attaqués dans les quinze derniers jours. La préfecture s’alarme, « Ca ne s’était pas produit avant ». Avant quoi ? Avant la limitation de vitesse sur les routes secondaires à 80 kilomètres à l’heure.
La limitation à 80 kilomètres à l’heure exaspère les Français
La sécurité routière, le gouvernement et ses préfets y voient une réaction à la dernière limitation de vitesse imposée, au risque revendiqué d’être « impopulaire », par Edouard Philippe. Elle agace les provinciaux, en particulier les ruraux, et en général tous ceux qui roulent beaucoup. On connaît par cœur la controverse. L’Etat prétend « sauver des vies ». Les expériences sur lesquelles il fonde son espoir sont très minces. Les anti assurent qu’il existe des moyens plus efficaces de rendre le réseau routier moins accidentogène, en particulier d’améliorer certaines routes. On aura tendance à donner raison aux « anti ». Mais la limitation de vitesse à 80 kilomètres à l’heure présente un avantage pour l’Etat, elle coûte très peu cher. Et elle peut rapporter gros. Grâce aux radars.
Derrière les radars attaqués, l’image d’un racket
C’est la raison pour laquelle ils sont attaqués. Depuis plusieurs années, exactement depuis Sarkozy, l’agacement monte chez les Français, persuadés, à juste titre, que les nouvelles normes et les radars censés mesurer la façon dont elles sont respectées sont une machine à traire le cochon de payant, usager et contribuable. Bercy et l’Elysée devraient se méfier. Les jacqueries sont nées des abus des exempts qui récupéraient l’impôt (de là le mot exactions). Un moment le paysan n’en pouvait plus et prenait sa faux pour se révolter. Un phénomène analogue peut avoir lieu demain. Pour plusieurs raisons.
Une société sans soupape produit jacqueries et révolutions
D’abord, dans la montée des contraintes et des dangers (insécurité, immigration, précarité du travail, familles fragiles), la voiture est un petit refuge personnel. Il est constamment menacé par la hausse du coût du carburant, les péages, les règlements verts, le stationnement payant, etc. : la limitation à 80 kilomètres à l’heure peut être la goutte qui fait déborder le vase.
Ensuite, l’automobiliste en a assez d’être la vache à lait d’un Etat injuste, qui dépense tant pour les fastes de ses administration que pour l’accueil d’une immigration parasite et violente : le cochon de payant est saisi d’un irrépressible sentiment d’injustice, qu’il est difficile de déclarer injustifié. Voilà pourquoi, pour rien en apparence, une simple limitation à 80 kilomètres à l’heure, le coup de sang de millions de Français exaspérés, qui découvriront le plaisir sauvage de la transgression dans les attaques de radars, peut déboucher sur une immense jacquerie. Salvatrice ?