Le parti des démocrates de Suède, que le système classe à l’extrême droite pour faire peur aux électeurs, a gagné cinq points et quatorze sièges par rapport aux législatives de 2014. L’élite mondialiste veut se rassurer, cette montée est limitée quoique forte. La stratégie de la peur marche. Jusqu’à quand ?
Même si l’on est habitué au spectacle des soirées électorales, celle d’hier en Suède eut un piquant spécial. D’abord, c’était jusqu’à huit heures la grosse affaire, c’est devenu d’un coup, sinon un détail, du moins un chapitre international comme un autre. Significativement, les attaques au couteau de Paris (c’est étonnant, non, ce nouveau mode de vivre ensemble à l’arme blanche ?) ont pris le pas ce matin dans la sélection de Google actualité. Et puis voilà un chef de gouvernement socialiste prenant la veste du siècle (- 3 %, le plus mauvais score depuis 1911) qui exulte littéralement, un chef du parti conservateur à la ramasse lui aussi (- 4 %) qui demande la clef du pouvoir, alors que la victoire des démocrates suédois, qui gagnent cinq points et 14 sièges, est présentée comme une défaite et un soulagement.
Organiser la peur pour ensuite se rassurer et rassurer le téléspectateur
Comment et pourquoi ce cirque ? Pourquoi, le « spécialiste des questions étrangères » de BMFM nous l’a expliqué : le parti des démocrates suédois est un parti « d’extrême droite xénophobe ». Il est donc louable que le peuple de Suède en limite la poussée et légitime que l’ensemble des commentateurs, de droite, de gauche ou du centre, s’en réjouissent. La grosse coalition a d’abord investi les médias. Notre système de communication est macronien, la coalition du bien progressiste s’oppose à l’axe du mal populiste.
Comment établit-il la défaite de l’extrême droite ? Grâce à une mise en scène des événements où les sondages tiennent une bonne place. On raconte d’abord, crescendo, pendant des mois que « l’extrême droite populiste » monte, dans une fièvre européenne : voyez l’Italie, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie. Ça fait peur. Les sondages montent, eux aussi, régulièrement. Jimmy Akesson, le patron des démocrates suédois, chope la grosse tête ou fait de la méthode Coué. Il voit dans sa poche entre 20 et 30 % des votes. On arrive à 17,6 ou 17,8, et c’est présenté comme une grande victoire du système. La Suède, méritoire, a contenu la montée de l’extrême droite xénophobe.
Les médias du système ont montré la montée et occulté la descente
Or il y a juste un temps de silence, ou de mensonge, dans cette séquence. Les sondages ont en effet longtemps monté pour les démocrates suédois, puis ont descendu régulièrement dans les dernières semaines de campagne, et cela n’a pas été répercuté. Ces derniers jours, jusque dans la soirée électorale, tous les commentateurs affirmaient que « les derniers sondages » promettaient aux démocrates suédois plus de vingt pour cent et la place de premier parti de Suède. Or c’était faux. Le dernier sondage publié annonçait exactement 17,6 %. Le silence des médias sur la chose a permis de présenter la poussée des démocrates suédois en défaite de l’extrême droite xénophobe.
L’incertitude des sondeurs a rendu la manipulation facile. Le Figaro le reconnaissait avec une certaine honnêteté, tout en participant à la manœuvre. Dans la journée de dimanche, il donnait encore l’extrême droite à 20 % mais ne lui accordait plus que la deuxième place et conseillait à ses lecteurs de prendre ces enquêtes d’opinion « avec des pincettes, tant les écarts sont vertigineux de l’une à l’autre : près de neuf points séparent la moins favorable pour SD (16,3 %) à la plus optimiste (24,8 %). » Autrement dit, je sais que mes données ne valent rien mais je les transmets pour participer à un mouvement de désinformation. Pour faire peur.
L’extrême droite facteur d’instabilité justifie la coalition du bien
Maintenant la gauche et la droite battues vont devoir gouverner. Or leurs coalitions respectives dépassent à peine 40 %. On ne sait laquelle finira en tête, cela dépend du vote des Suédois de l’étranger qui sera dépouillé mercredi. Ni l’une ni l’autre n’aura la majorité au parlement. Un cabinet minoritaire peut s’envisager. Il serait très fragile. Cela permet une variation des médias sur le thème : l’extrême droite facteur d’instabilité. Et cela justifie du même coup « la fin de la politique des blocs », c’est-à-dire l’alliance projetée des démocrates progressistes de droite et de gauche contre l’extrême droite populiste, sur le modèle Macron-Merkel.
Telle est la stratégie de défense choisie par le système mondialiste contre le réveil identitaire de l’Europe. Un front ferme des macronistes ouverts contre l’extrême droite xénophobe, que l’on s’emploie à « contenir » comme en Suède, ou à canaliser, en Italie et en Autriche, dans des gouvernements de coalition, et en Hongrie, dans un gouvernement dit populiste penchant vers « l’extrême droite », mais dirigé par un conservateur membre du PPE européen.
Le système mondialiste a deux pinces pour tenir les peuples
Cette alternative donnée aux peuples, cette tenaille dans la main du système mondialiste me paraît efficace. Je ne suis pas sûre que, là où ils sont au pouvoir, les populistes « d’extrême droite » font beaucoup plus que de rassurer les populations qui les ont élus. Ni le tandem Salvini Di Maio, ni Viktor Orban, ni Kurz, ne m’inspirent de vraie confiance. Mais peut-être acquerront-ils une grâce d’état, ou le goût du pouvoir les entraînera-t-il à satisfaire leurs électeurs plus que le système mondialiste et ses injonctions.
Pour l’instant, la vraie faiblesse du système gît dans les pays où il semble triompher, en Allemagne, en France. Parce que, comme dans les pays communistes hier, les citoyens sous la botte voient qu’il existe ailleurs (aujourd’hui : à l’Est, en Italie), une forme de liberté, alors qu’il vit, lui, courbé sous les mensonges de la grande coalition des modérés de progrès. On voit bien la colère qui gronde en Allemagne. Peut-être fera-t-elle sauter le système ?
Heureusement, il y a Hitler pour entretenir la peur de l’extrême droite
En attendant, le système s’en sert pour se maintenir par la peur. Trois nazillons réels et des ratonnades purement fantasmatiques ont déconsidéré les manifestations de Chemnitz et enseigné à l’Europe et au monde que l’Allemagne revenait en 1933. Hitler est un article de propagande inusable. Or, des études seront nécessaire pour l’établir, il est fort probable que la peur importée d’Allemagne a déterminé la baisse en Suède de « l’extrême droite ». Car la hausse préalable des démocrates suédois dans les sondages ne fut pas l’effet d’une pure manipulation, le soulagement réel du premier ministre socialiste Stefan Lofven le montre : ils s’étaient auto-intoxiqués, ils n’étaient pas très sûrs de la baisse des intentions de vote de l’extrême droite, ils sont rassurés. Et ils jouent maintenant, après les coups de grosse caisse de la peur, la mélodie du violon qui rassure : l’Europe peut surmonter le monstre de l’extrême droite xénophobe.
Avec la dédiabolisation, le système tient l’extrême droite dans sa main
Notons deux choses pour finir. Un, la limite de la stratégie dite de dédiabolisation. Le patron des démocrates suédois ne voulait plus qu’on le dise d’extrême droite. Il s’est peigné, a mis des lunettes, et a viré tous ceux qui faisaient le salut nazi et des trucs comme ça. Les mamies en Suède le prendraient bien pour petit-gendre. Mais il n’en reste pas moins populiste, xénophobe, nationaliste, d’extrême droite, comme tel diabolisé tant qu’il n’atteint pas la masse critique qui le rend inévitable. C’est pourtant simple : on ne diabolise pas un adversaire pour tel ou tel détail, mais pour l’éliminer : tel ou tel détail n’est qu’un moyen pour ce faire, non une raison. Soyez parfait, habillez-vous chez Bourgi, si vous défendez l’ordre traditionnel des nations, vous êtes forcément xénophobe nationaliste populiste d’extrême droite.
La montée des migrants n’est que le sommet de l’iceberg
Et la dernière chose, à propos des partis anti migrants. Ils font quelque chose quand ils le peuvent. Mais les migrants ne sont que la partie visible de l’immigration. La toute petite partie, qui indique le danger au Titanic Europe. Le gros est déjà entré et grossit à peine visible dans le silence des ventres. Fermer aujourd’hui un peu les portes de l’Europe, comme les macro-merkéliens vont promettre de faire peu ou prou, ne résout rien : laisser faire la démographie suffirait à en finir avec notre continent et sa civilisation, sa religion si attaquée déjà par ailleurs.
C’est pourquoi le cas de la Suède est intéressant. L’invasion n’y est pas ancienne. Mais elle a reçu en cinq ans l’équivalent de cinq pour cent de sa population. Du jamais vu, même dans les années 450 en Gaule. Un raz de marée. Surtout au pays de l’Etat providence, qui régente tout et paie tout : les caisses se vident, les règlements explosent. Le socialisme national de la Suède ne peut fonctionner frontières ouvertes : les prestations, égales aux recettes, sont par nature réservées à une société d’égaux solidaires. Le socialisme supranational et ses masses mouvantes brisent forcément tout cela. Et malgré tout, moins de 18 % de Suédois protestent. Le système peut se rassurer : sa stratégie de la peur a fonctionné. Mais il reste inquiet : cela ne peut pas durer. Ce qu’il organise inexorablement, c’est une guerre intérieure générale.