Comme Mgr Carlo Viganò, le cardinal Agostino Cacciavillan a bien connu la nonciature apostolique à Washington, où il a occupé le poste de pro-nonce de 1990 à 1998. Et comme lui, il a eu accès à des informations sur la hiérarchie catholique locale. Il vient de révéler que dès 1994, il a reçu un appel téléphonique d’une femme faisant état de rumeurs multiples à propos de l’inconduite homosexuelle de celui qui était alors archevêque de Newark, Theodore McCarrick, avec des séminaristes.
Le cardinal Cacciavillan, aujourd’hui âgé de 93 ans, se rappelle que ce coup de téléphone lui est parvenu alors qu’on était en pleine préparation pour la venue de Jean-Paul II l’année suivante : le souverain pontife devait se rendre à New York, Newark et Baltimore. Selon l’ancien diplomate, son interlocutrice s’inquiétait d’un possible « scandale médiatique si le pape devait se rendre à Newark », en raison « des paroles, des paroles, à propos du comportement de McCarrick avec des séminaristes ».
Ce n’était pas une plainte officielle, mais l’expression d’une inquiétude, a-t-il déclaré à Catholic News Service.
Les rumeurssir l’inconduite homosexuelle de McCarrick circulaient dès 1994
Le cardinal Cacciavillan a précisé qu’à l’époque, il n’avait pas fait remonter les rumeurs au Vatican, mais jugeant l’affaire importante, il avait rapporté la teneur de sa conversation téléphonique à celui qui était alors archevêque de New York, le cardinal John O’Connor qui se trouvait être l’évêque le plus proche : « Nul ne saurait mieux ce qui se passait dans l’archidiocèse de Newark que l’archevêque de New York. »
Toujours selon Cacciavillan, le cardinal O’Connor (mort en 2000, et qui était selon lui « un homme très compétent ») a alors lancé une enquête avant de faire savoir au nonce qu’il n’y avait « aucun obstacle à la visite du pape à Newark ».
Le cardinal Cacciavillan affirme n’avoir jamais parlé des rumeurs avec Mgr McCarrick qu’il avait rencontré fréquemment au cours de ces huit années en poste à Washington. Il déclare en avoir parlé pour la première fois au Vatican le 7 octobre dernier lors d’une rencontre avec le cardinal Marc Ouellet qui venait le jour même de publier sa lettre ouverte à Mgr Viganò.
Le cardinal Agostino Cacciavillan confirme que le cas McCarrick était bel et bien révélé depuis 2000
Il dément avoir donné, pendant son séjour américain, l’ordre à Mgr McCarrick de vendre sa maison de vacances à Sea Girt dans le New Jersey, maison où il est accusé d’avoir amené des groupes de séminaristes et demandé à certains de partager son lit. La vente eut lieu en 1997.
Il faut préciser que le cardinal Cacciavillan n’a pas du tout été cité dans les témoignages publiés par Mgr Viganò, alors que ceux-ci parlent explicitement des mesures que ses successeurs, Mgr Gabriel Montalvo et Mgr Pietro Sambi ont essayé de prendre par la suite.
Mais le cardinal confirme que le cas de McCarrick s’est révélé il y a un bon moment : « Cela s’est produit spécialement après son transfert à Washington » à la fin de 2000 et après que Jean-Paul II l’eut nommé cardinal en février 2001.