François Hollande veut revenir et défend son bilan bien que les Français l’aient chassé. La fondation Jean-Jaurès, think tank socialiste, donne une bonne note, 12/20 au bilan de son quinquennat. Le peuple a eu tort et les élites de gauche sont satisfaites.
On est entre soi à la fondation Jean-Jaurès. L’ancien ministre socialiste Pierre Mauroy en fut le premier président en 1992, Edith Cresson, alors premier ministre socialiste, l’a déclarée d’utilité publique dès février 92, quant au rapport qui décerne un satisfecit à François Hollande, un ancien premier ministre socialiste, Jean-Marc Ayrault, y a participé. Ainsi le quinquennat de François Hollande est-il jugé par ses camarades et subordonnés. Le peuple, qui a eu le tort de le renvoyer dans ses foyers, a tort !
La Fondation Jean-Jaurès : le socialisme sans le peuple
Les travaux de la Fondation Jean-Jaurès sont divers et son objet social vaste. Elle entend entre autres « favoriser l’étude (…) du socialisme international » et « promouvoir les idéaux démocratiques et humanistes ». En gros, donc, elle veut faire le bien tel que les élites de gauche et la maçonnerie le conçoivent, et pour cela nourrir leur réflexion. On appelle cela un laboratoire d’idées.
Il s’est installé cité Malesherbes dans le neuvième arrondissement de Paris, dans l’ancien immeuble du Populaire de Léon Blum, qui passa ensuite à la SFIO puis au PS. La Fondation Jean-Jaurès vit de quelques dons et legs mais surtout de fonds versés par l’Etat (premier ministre, divers ministères, parlement). Par exemple, en 2010, son budget était de 2.100.000 euros, abondé à 80 % par l’Etat et 2 % par les groupes socialistes de la Chambre et du Sénat. En 2016 le président socialiste de l’Assemblée nationale versait 230.000 euros à la fondation Jean-Jaurès au titre de sa réserve institutionnelle.
Le bilan du quinquennat noté 12/20 par les socialistes
C’est donc l’Etat socialiste qui a décidé d’évaluer le quinquennat de François Hollande dans un rapport de trois cent pages, auquel ont participé entre autres deux anciens premiers ministres socialistes de François Hollande, Ayrault et Cazeneuve, sept ministres socialistes de François Hollande, Benoît Hamon, Pierre Moscovici, Myriam El Khomri, Marisol Touraine et Michel Sapin, et deux premiers secrétaires du parti socialiste de François Hollande, l’actuel Olivier Faure et l’ancien Jean-Christophe Cambadélis.
Cette gentille petite famille n’a pas jugé ridicule de se noter elle-même et s’est attribué à travers François Hollande un « 12/20 » correspondant à un bilan « nuancé » mais « pas indigne ». La Fondation Jean-Jaurès salue en particulier le « redressement » économique opéré sous le quinquennat de François Hollande et les promesses de campagne tenues, « mariage pour tous, accords de Paris sur le climat, créations de postes dans l’Éducation nationale, réforme territoriale ». Voilà ce que notre amusant confrère le Monde nomme une « autopsie sans complaisance ».
Le peuple n’a pas « mémorisé » ce que Hollande a fait
La place me manque pour discuter en détail les conclusions du rapport, notamment le fameux « redressement » économique mais il est clair que les apparatchiks de la révolution socialiste jugent avec sympathie les actes d’un président révolutionnaire socialiste. Ça roule.
Reste que le parti socialiste a pris à cause de François Hollande une claque mémorable et a dû vendre la rue de Solférino. D’où un bémol dans le bilan. « Beaucoup a été fait » mais « peu a été mémorisé ». François Hollande avait un défaut de communication. Nobody is perfect. Mais il faut dire aussi que le peuple français est nul. Infliger une déroute électorale à un président aussi méritant, on n’a pas idée. Le peuple français a tort. Il est populiste, il juge sur l’affect. La Fondation Jean-Jaurès, elle, agit à la manière des décodeurs du monde. Elle rétablit la vérité des élites socialistes. Ouf !