Le pays réel acquitte Tron, le légal écoute Macron et libère Ramadan

Pays Réel Acquitte Tron Légal Ecoute Macron Libère Ramadan
 
Le porte-parole du gouvernement, Grivaux, se dit à l’écoute du pays réel, avec qui Macron avoue ne pas avoir su réconcilier les élites. Deux décisions de justice illustrent ce divorce : un jury populaire ayant acquitté Tron, le pays légal libère en douce Ramadan.
 
La distinction pays réel pays légal remonte à Charles Maurras, journaliste, poète et philosophe politique des dix-neuvième et vingtième siècles. Le premier désignait la France telle que l’histoire l’a faite, le second la république qui la gouverne. Une consœur de France Culture rappelle que Maurras avait proposé une analyse plus fine du pays légal par sa théorie des quatre Etats confédérés, de même qu’Emmanuel Beau de Loménie tenta une description des dynasties bourgeoises au pouvoir. Leurs travaux, quand ils ne sont pas oubliés, se trouvent aujourd’hui discrédités sous l’étiquette du complotisme, mais je n’en ai pas lu de solide réfutation.
 

Grivaux, Maurras, Bloch, le pays réel et le pays légal

 
Si ceux que cela intéresse peuvent s’y reporter, l’important aujourd’hui est que Benjamin Grivaux, porte-parole du gouvernement, a utilisé l’expression pays réel pour tenter d’appréhender le mouvement d’exaspération qui se dessine demain 17 novembre. Lors d’une interview hier sur France Inter, il confiait à Nicolas Demorand qu’Emmanuel Macron avait demandé à ses ministres de tourner en province pour rencontrer le peuple, et d’y « amener nos directeurs d’administration centrale qui parfois ont une vision un peu parisienne, un peu jacobine » de ce qu’il s’y passe. Et d’ajouter : « C’est le pays légal qui rencontre le pays réel, pour reprendre les propos de Marc Bloch il y a bien longtemps. »
 
Quand on est porte-parole du gouvernement, on prépare ses propos pour faire mouche : la confusion de Grivaux n’est pas anodine.
 

Macron avoue n’avoir pas su réconcilier pays réel et pays légal

 
Qu’il ait confondu Maurras avec l’historien Marc Bloch, l’un des pontes de l’école des Annales, en dit long sur nos prétendues élites. Si elles divorcent du pays réel, c’est qu’elles sont nulles, elles ne connaissent pas l’histoire. C’est une première réponse à la question que se posait en filigrane Macron mercredi lors de son lamentable constat d’échec diffusé en direct du porte-avion Charles De Gaulle. Assis sur un pont d’envol mouillé, il a reconnu : « Je n’ai pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses élites ». Cette plainte criait une question muette : pourquoi ? La réponse est d’abord, on vient de le voir, que le pays légal ignore la France. Ensuite, il refuse d’écouter le pays réel, la voix du peuple. Même quand il fait semblant d’être à l’écoute. Ainsi Alain Minc, l’un des mentors de Macron, disait-il en juillet dernier : « L’inégalité est trop forte, nous risquons une insurrection. » On croit ici qu’il écoute, mais en fait il ment en travestissant la situation et prêtant au peuple des motifs qu’il n’a pas : la colère du pays réel ne vient pas d’un sou en plus ou en moins, mais de la tentative de viol et d’assassinat que perpètre sur lui le pays légal.
 

Le féminisme écoute la délation et libère la guerre des sexes

 
Si l’assassinat du pays réel par le pays légal a pour nom grand remplacement, le viol est tout aussi patent, omniprésent, il se manifeste par le changement général des lois, mœurs, arts, us et croyances. Y concourt bien sûr le « refus de l’exclusion et de la discrimination » qu’on voit à l’œuvre notamment dans la revendication LGBT et le féminisme, que Balance ton porc et Me too ont illustré récemment. 
 
Je n’ai pas de sympathie excessive pour Dominique Strauss Kahn ni Harvey Weinstein, je suis sûre que ce sont deux cochons, mais la manière dont ils ont été traités fut haineuse, excessive, à sens unique et exorbitante du droit commun. En outre, la « libération de la parole » que les féministes ont portée aux nues me semble plus qu’ambigüe, trouble. Peut-être des femmes auront-elles pu, je l’espère, se décharger d’une part de leur fardeau, mais, pour le reste, quel exutoire à délations douteuses et souvent intéressées ! Vu de loin, cela ressemble à une espèce de guerre contre les mâles menée par l’avant-garde extrémiste du pays légal mondial en vue d’une révolution globale.
 

Pour le pays légal, Tron était suspect, comme tout mâle

 
Le pays légal qui gouverne la France soutient cette guerre. Ses médias la répandent. Les séries télévisées sont inclusives jusqu’au bout des ongles. Et depuis l’affaire Weinstein, il n’y a pas de jour où l’on ne fasse état d’une plainte contre les agressions sexuelles dont les femmes sont victimes. Knock disait que tout homme bien portant est un malade qui s’ignore : aujourd’hui, tout mâle est un agresseur sexuel potentiel, que les féministes surveillent depuis le berceau, il est né suspect.
 
Ce n’est qu’en raison de cette hypersensibilité organisée que le parquet a écouté les accusatrices de Georges Tron, maire de Draveil et ancien secrétaire d’Etat. Elles l’accusaient d’agression sexuelle et de viol, commis à la mairie, en 2011. La procédure a duré sept ans. 
 

Le pays réel, jugeant Tron coupable de simple péché mortel, l’acquitte

 
En fait, il n’aurait jamais dû être inculpé. Les faits nets et concordants manquaient. Ce fut le procès du mensonge. Lui se disait blanc bleu, je n’ai rien fait, monsieur le juge, j’ai trompé ma femme avec mon assistante, c’est tout, croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. Ses deux accusatrices répondaient, l’enfer, il nous y a mises, par ses viols en réunions commis avec sa directrice de cabinet. Le jury populaire a tranché avant d’acquitter : tout ça, c’est du pipeau. Tron était un époux vieillissant, un homme assez fat ayant du pouvoir, il en profitait le soir pour masser des pieds de collaboratrices et plus si affinités, et il y avait affinité, elles aimaient ça, leurs tweets le prouvent, elles en espéraient en sus de l’avancement. C’est vieux comme l’homme, la femme, la bêtise et le péché, il n’y a pas plus de viol que de beurre à la cuisine, on s’est fichu des magistrats et de la justice pendant sept ans au nom du féminisme. Le pays réel connaît la vie, il a rectifié le tir.
 

Beaucoup de ramdam pour Ramadan filoutant le ramadan ?

 
Ramadan, c’est exactement la même chose sauf que c’est un peu différent. Il a été pris lui aussi dans l’immense rafle Me too qui a suivi l’affaire Weinstein. Sauf que lui c’est encore mieux, il est « islamologue ». C’est encore plus drôle de balancer son porc s’il est musulman. De confondre Tartuffe islamiste. Beaucoup se réjouissent ainsi que Ramadan ait donné des coups de canif dans le ramadan.
 
Son dossier n’est pas clair. Toutes ses accusatrices ne paraissent pas très nettes. Pourtant il a été maintenu longtemps en détention provisoire. Quelque juge aurait-il tenté de faire tomber le dangereux islamiste pour une affaire sexuelle, comme on fit tomber Al Capone pour une affaire fiscale ? Quoi qu’il en soit, le pays légal, que son cas embarrassait, a saisi dans l’acquittement de Tron l’occasion de faire libérer Ramadan. Peut-être est-ce justice : en tout cas, cela donne satisfaction aux islamistes, que le pays légal entend ménager.
 

Pauline Mille