Allocution de Macron : la dialectique révolutionnaire

Allocution Macron dialectique révolutionnaire
 

L’allocution d’Emmanuel Macron, en suscitant de vives oppositions, attise la dialectique révolutionnaire qu’il a lancée dès son arrivée au pouvoir en 2017 et sans cesse alimentée depuis, avec notamment les gilets jaunes puis le COVID. Quelle que soit l’issue de la séquence en cours et la fin de son second quinquennat, il aura fait progresser, selon sa feuille de route, la révolution mondialiste.

Il y a deux façons de traiter l’allocution prononcée lundi soir par Emmanuel Macron. La première est d’en dégager les points principaux et de voir ce que les récepteurs en ont dit. C’est assez vite fait. Selon le président, la réforme des retraites suscite la « colère » des Français mais elle est « nécessaire » et elle sera appliquée, il faut maintenant passer à autre chose et le président se donne « cent jours » pour apaiser et agir, avec Elisabeth Borne. A son programme, trois chantiers. « Un nouveau pacte de la vie au travail. » Puis le retour à l’état de droit par la lutte contre « toutes les fraudes sociales ou fiscales » et « le contrôle de l’immigration illégale », et enfin « le progrès pour mieux vivre » avec la réforme de la Santé et de l’Education nationale. Comme on le voit il y en avait pour tous les goûts mais cela n’a été du goût de personne.

 

Le vieux cheval Mélenchon promu révolutionnaire chef

La nouvelle secrétaire générale de la CGT, mademoiselle Binet, estime que cette « allocution aurait pu être faite par ChatGPT », le RN Tanguy et l’insoumise Autain ont rappelé que « les cent jours ont fini en débâcle », même le très lisse Ciotti n’ y a trouvé « ni nouveauté ni cap », Marine Le Pen a dénoncé une « pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir », et bien sûr le vieil apparatchik socialiste Mélenchon a pu prendre sa posture de tribun révolutionnaire en jetant, d’un air assez méprisant : « Irréel Macron. Complètement hors de la réalité, assume le vol de deux ans de liberté. Les casseroles sonnent plus juste. » Il faisait ici allusion au concert de casseroles qui s’est élevé après l’allocution du chef de l’Etat dans plusieurs villes de France à l’appel de l’association altermondialiste ATTAC. Cela nous mène à notre deuxième méthode pour analyser cette allocution : la situer dans la dialectique révolutionnaire dont Emmanuel Macron est un partenaire virtuose.

 

L’arrogance de Macron est un outil dialectique

Dans sa carrière, Emmanuel Macron a su jouer de son charme juvénile et pédant pour séduire sa prof de français d’abord, puis de grands patrons, ensuite pour mieux trahir François Hollande, mais il s’est depuis rendu compte que son personnage, après avoir épaté le populo, l’indispose gravement. Cela ne date pas d’aujourd’hui, mais de l’affaire Benalla. Son arrogance agace la foule, pousse sa fureur au rouge, il le sait et s’en sert aujourd’hui dans une perspective révolutionnaire. Voici comment. La France se singularise depuis quarante ans par une délégitimation de la gauche et un vote populaire monopolisé par le courant national. Or la révolution mondialiste ne le souffre pas. Voilà pourquoi Macron n’a eu de cesse de relégitimer la gauche. Cela a commencé avec les gilets jaunes, authentique jacquerie nationale à l’origine, qu’il a permis à l’extrême gauche de récupérer en utilisant astucieusement antifas et blackblocs. Cela continue avec la réforme des retraites, qu’il ne s’agit pas de critiquer ici, mais qui n’était pas la plus urgente des questions à régler et a été conçue comme une provocation.

 

L’allocution, cerise sur le gâteau de la provocation

Depuis son élection, Macron a suivi le programme qui lui était imparti par la révolution mondialiste : soumission aux totalitarismes écologique, « antiraciste », immigrationniste et lgbt+, « progressisme sociétal » en conformité à la culture de mort, soutien sans faille à l’exercice d’ingénierie sociale connu sous le nom de COVID 19, endettement et déclin de la France. C’est dire si le conglomérat de groupes, syndicats et partis politiques qui sont responsables de son élection (à l’exception du RN) et qui se dressent aujourd’hui contre lui a eu d’autres occasions, autrement plus sérieuses que les retraites, de s’insurger. Mais le choix de celles-ci, et les agaceries du clan Macron, ont remis en selle le discours et l’imagerie paléolithiques des syndicats, requinqué la gauche et fait régresser le débat politique sur les vieux schémas marxisme/libéralisme, rendant de ce fait la véritable révolution mondialiste, morale, culturelle, spirituelle, invisible aux yeux du grand nombre et lui permettant de ce fait d’avancer en toute tranquillité. Le président et ses opposants sont les artisans complices de cette dialectique révolutionnaire.

 

Pauline Mille