Le Mot : Sinisation

Le Mot Sinisation
 

Nul ne sait si l’accord provisoire signé par le Vatican avec la République populaire de Chine est un mal pour éviter un plus grand mal ou une simple erreur, mais il est sûr qu’il n’aura produit nul bien visible. Pékin met à profit les concessions romaines pour faire subir à l’Eglise chinoise naguère fidèle le même sort et la même soumission qu’elle a imposés à « l’Eglise patriotique » : la « sinisation » du culte et de la foi est en marche. Le Front uni des travailleurs, qui dépend directement du PCC, publie sur son site les principes qui régissent cet asservissement. Les « chefs religieux » doivent « soutenir le pouvoir du parti communiste de Chine et le système socialiste », et soumettre à son approbation un plan détaillé des activités prévues et de leurs contacts ultramarins, avec bien sûr une liste précise de la hiérarchie. Pas de donation ni d’enseignement à quelque groupe étranger que ce soit sans autorisation préalable. Pour le professeur Chang Chia-Lin, de l’université Tamkang de Taiwan, c’est le « triomphe de la politique sur la religion ». Et cela ne concerne pas seulement les catholiques. Le révérent Park Guangzhe de la Christian New Life Church de Nanning, dans le Guagxi, a été placé quinze jours en « détention administrative » pour avoir « perturbé l’ordre social » avec son blog. Ailleurs, sur la côte est, ce sont les croix qu’on ôte des églises. La sinisation va bon train. Il semble que le président Xi Jinping soit décidé à une conquête laïque à la chinoise : à partir du premier septembre, une nouvelle loi va permettre de surveiller de plus près monastères, églises, mosquées, églises et temples, coupant les fidèles de leurs relations internationales et leur imposant une « éducation patriotique ».