Selon le ministre des Transports Clément Beaune, ce n’est pas assez cher pour un billet d’avion. Il l’a dit à l’Obs, l’hebdomadaire des bobos parisiens : « Des billets d’avion à 10 euros, à l’heure de la transition écologique, ce n’est plus possible ! Cela ne reflète pas le prix pour la planète. » Que les pauvres, les jeunes, puissent faire une affaire et s’offrir un voyage bon marché semble inconvenant à notre très vert et très gauchisant ministre : il souhaite, lui, instaurer un tarif minimum pour interdire « le dumping social et environnemental ». Cela montre à quel point le devoir de sauver la planète est à la fois transpartisan et transdomanial, c’est une obligation de la nouvelle éthique à laquelle tous les systèmes humains doivent se plier. Cela rappelle en passant que le ministre des Transports sort de son rôle, qui devrait être d’organiser au mieux son secteur pour qu’il soit sûr et d’accès facile. Il devrait en particulier souhaiter que le secteur aérien, qui a presque retrouvé son niveau de 2019, n’augmente pas trop ses prix (ce qui n’est hélas pas acquis). Cela rappelle aussi que la gauche n’est sociale qu’en apparence, car son contrôle des tarifs pénaliserait les moins aisés. Cela établit ensuite que la propagande écologiste a gagné : émettre des gaz à effet de serre est aujourd’hui considéré comme répréhensible, le CO2 est devenu « mauvais ». Cela prouve enfin que, même en se situant dans cette perspective fantasmatique et sectaire, Clément Beaune raisonne comme une casserole technocratique : c’est par des innovations techniques, de nouveaux moteurs, qu’on pollue moins, pas en taxant et manipulant les prix. S’il avait ouvert les yeux au dernier salon du Bourget, il aurait vu le nouvel Airbus H2 fonctionnant à l’hydrogène par exemple. Au lieu de pondre un règlement de plus, il devrait exhorter son collègue de l’enseignement supérieur et de la recherche à investir pour que la France retrouve son niveau de naguère en la matière.