L’attaque sanglante menée par le Hamas contre Israël et la riposte de celui-ci ont provoqué des réactions très fortes dans le monde et en France en particulier. Le clivage, comme on dit, est très net, béant pour tout dire, et laisse paraître une opposition pour ainsi dire irréconciliable. Mais entre quoi et quoi ? Plusieurs analyses ont été proposées. Entre la gauche et la droite, allant jusqu’à l’extrême gauche et l’extrême droite : l’extrême droite israélienne étant opposée par exemple à l’extrême gauche anticapitaliste du NPA et de la France insoumise. Entre le tiers-mondisme décolonisateur et le « colonialisme » censément représenté par l’Etat hébreu et la « résistance » palestinienne. Tout cela n’est pas entièrement faux, mais une analyse plus spirituelle peut apporter plus de lumière : la guerre Hamas-Israël a opéré un grand schisme dans la République française entre deux de ses éléments constitutifs, la maçonnerie et le judaïsme. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la condamnation dont un Jean-Luc Mélenchon est aujourd’hui l’objet.
L’histoire de la République passe par Israël
Sans remonter à Maurras et à sa théorie des quatre Etats confédérés, le journaliste de la gauche mainstream Jean Lacouture, célèbre reporter au Monde en son temps, reconnaissait dans un livre d’entretiens avec André Versailles que « la République avait été faite par les Protestants, les maçons et les juifs contre la majorité catholique ». Sans entrer dans le débat politique, c’est une réalité sociologique et spirituelle incontestable des années 1875 -1910. Avec pour conséquence que le substrat intellectuel, spirituel et religieux de la République française, mal camouflé par le mot de « laïcité » a été, avec plus ou moins de virulence selon les période, une opposition décidée à la religion catholique, qui fut souvent le seul ciment entre républicains de gauche et de droite, entre capitalistes et socialistes, entre colonialistes et anticolonialistes, entre pro-arabes et pro-juifs, etc…
La terreur du Hamas provoque un grand schisme
Aujourd’hui, ce consensus est brisé par ce qui paraît un véritable schisme, une faille avec de part et d’autre des adversaires qui se regardent en chien de faïence et sont prêts à en découdre. On avait déjà ressenti le même clivage, en moins accentué, lorsque l’association SOS Racisme s’était déchirée lors de la guerre du Golfe en 1991, les uns prenant fait et cause pour l’Irak, les autres pour la coalition occidentale. Mais cette fois la cassure est beaucoup plus nette. D’un côté les maçons, attachés à la perte de ce qui subsiste de l’Eglise catholique et veillant à ce que les migrants musulmans ne subissent nulle « discrimination », de l’autre les juifs, d’abord soucieux de la survie d’Israël et de leur propre sécurité face au terrorisme. Sans faire le moindre pronostic ni porter le moindre jugement de valeur politique sur la situation, on doit constater que la république française se trouve aujourd’hui touchée dans ses fondations.