Le bureau de « coopération libano-russe » Roslivan a payé une impressionnante campagne d’affichage à Beyrouth et le long des autoroutes libanaises pour « soutenir » Vladimir Poutine… Le quotidien L’Orient-Le Jour écrivait samedi : « Affiches de soutien à Vladimir Poutine et à la présidentielle russe, citations à l’appui. Ou encore drapeau russe sur un grand panneau publicitaire. Non, vous n’êtes pas en Russie, mais bien au Liban où, depuis quelques jours, une campagne célébrant le chef du Kremlin et sa candidature à la présidentielle du 17 mars a fait son apparition dans certains quartiers de la capitale, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth. »
La banlieue sud, fief du Hezbollah soutenu par l’Iran, fidèle allié de Moscou… Poutine est également un ami de poids de Bachar al-Assad, président de l’encombrant voisin syrien.
Les affiches géantes ornées du portrait de Poutine s’accompagnent de slogans destinés à alimenter la sympathie islamo-tiers-mondiste : « Un nouveau monde multipolaire », « Empiéter sur les croyances religieuses des autres ne peut être considéré comme une liberté d’expression ».
Affiches géantes pour une campagne publicitaire pro-Poutine
Les valeurs familiales traditionnelles sont également à l’honneur, avec ce slogan : « Valeurs morales, famille et identité culturelle. »
La plupart des affiches actuellement visibles à proximité des autoroutes et échangeurs font une comparaison entre les « valeurs familiales » en Russie et l’avortement dans la Vonstitution française (même si les taux de divorce en Russie sont catastrophiques, et que la population décroît, que la natalité, à 1,5 enfant par femme, est plus basse qu’en France, et le taux d’avortement toujours plus élevé).
La propagande dialectique fonctionne toujours comme au plus fort de l’époque de l’URSS. Et alors que la réélection de Poutine, quasi-candidat unique et soi-disant « indépendant », ne fait pas l’ombre d’un doute, cette campagne qui n’a pas dû rien coûter se lance dans la bataille électorale de ce fait factice : « Nous essayons d’inciter les citoyens russes à reconduire le président Poutine, qui a redonné à la Russie ses lettres de noblesse. (…) La Russie est du côté des victimes de l’injustice, que ce soit en Afrique ou en Amérique latine par exemple », a expliqué sur le média russe Sputnik Mohammad Nasreddine, directeur de Roslivan, en se présentant comme initiateur de la campagne.
Au Liban, le Hezbollah laisse placarder des affiches pro-Poutine
Roslivan n’en est pas à son coup d’essai ; en juillet dernier, des panneaux publicitaires montrant Poutine en « protecteur de défenseur des religions » s’étaient multipliés dans la banlieue sud comme dans le nord de Beyrouth et du Liban. On y voyait le président russe tenant soit la Bible, soit le Coran ; la campagne visait notamment à condamner le récent autodafé d’un Coran en Suède, selon Nasreddine.
L’Orient-Le Jour donnait alors la parole à Dany Ghoussoub, de l’université Notre-Dame de Louaizé, qui rappelait que ces panneaux suggéraient une certaine connivence avec le Hezbollah, car « aucun panneau ne peut être installé dans les régions où le parti chiite est prédominant sans son accord ».
C’était là encore un exemple de la propagande dialectique qui veut voir en Poutine le rempart contre l’islamophobie, ainsi qu’il s’est déjà présenté naguère lui-même en accusant l’Occident de fomenter « l’islamophobie et l’antisémitisme ».
Si rien ne permet d’affirmer que la Russie ait inspiré ou approuvé cette réclame pro-Poutine au Liban, elle s’inscrit sans heurts dans le discours russe actuel.
Encore une pierre dans le jardin de ceux qui présentent Poutine comme le « grand défenseur de la chrétienté » !