L’Occident fomente l’antisémitisme et l’islamophobie et utilise ces « armes » de la « haine religieuse » pour « diviser et régner » et empêcher, en déstabilisant le monde, la mise en place d’un ordre mondial « multipolaire ». On doit cette déclaration surréaliste à Vladimir Poutine, qui recevait mercredi les leaders des différentes communautés religieuses au Kremlin.

En favorisant « l’islamophobie et l’antisémitisme », mais aussi la « russophobie », a martelé Poutine, l’Occident travaille au maintien d’un « Nouvel Ordre Mondial » pour asseoir sa « domination » à travers le « colonialisme ».

« L’Occident voit comment le processus de formation d’un ordre mondial multipolaire gagne du terrain. Et pour freiner le développement de pays indépendants et souverains, en vue de diviser la majorité globale, il utilise les mêmes moyens », a assuré le président russe, pour qui ces forces cherchent à faire submerger non seulement le Proche-Orient mais aussi l’Eurasie par « une épidémie de violence et de haine ».

L’Occident coupable d’islamophobie, selon Poutine

« On monte les musulmans contre les juifs, en appelant à la “guerre contre les infidèles” » : pour Poutine, cela est le fait de l’Occident. Tout comme le serait le fait que « les chiites » soient « dressés contre les sunnites, les chrétiens orthodoxes contre les catholiques ».

Il accuse : « En Europe, on ferme les yeux sur les blasphèmes et les actes de vandalisme visant des sanctuaires musulmans. Dans plusieurs pays, les criminels nazis et les antisémites, qui ont le sang des victimes de l’Holocauste sur les mains, sont ouvertement glorifiés au niveau officiel. En Ukraine, on s’achemine vers l’interdiction de l’Eglise orthodoxe canonique et l’aggravation du schisme ecclésiastique », a ajouté le président russe.

On croit rêver ! Alors que la majorité des actes de haine antireligieuse en Europe frappent des églises et des chapelles chrétiennes, dans une grande indifférence des pouvoirs publics, et que le moindre tag sur une mosquée en France mobilise à tout le moins un ministre, Poutine parle de « blasphèmes » à l’égard de l’islam qui seraient favorisés par ces mêmes pouvoirs publics.

En France en particulier, mais cela est vrai de tout le mouvement et de la législation « antiraciste » qui vise toutes « discriminations », appels à la haine et autres délits aggravés par des motivations liées à une appartenance notamment religieuse, les lois favorisant les « minorités » de toutes sortes sont utilisées contre l’identité et la souveraineté nationales, et la religion chrétienne elle-même. Faut-il rappeler que l’« antiracisme » a été promu d’abord par le communisme avec sa notion d’« amitié entre les peuples » ?

Le monde « multipolaire » de Poutine est celui du respect de l’islam

C’est une certaine notion de cet « antiracisme » et du « dialogue inter-religieux » qui est une nouvelle fois utilisée par Poutine contre les nations occidentales et contre la primauté de la religion vraie, toutes étant mises sur le même plan quel que soit leur contenu. La Russie d’aujourd’hui ne fait pas mystère de sa volonté de faire alliance avec le monde musulman…

Oublié, ainsi, ce fait : si les actes antisémites se multiplient en Occident à l’occasion de la crise qui frappe aujourd’hui Israël c’est du fait, on le sait bien, d’une nombreuse présence musulmane radicale et si l’on peut faire un reproche à l’Occident, c’est d’avoir fait la promotion du multiculturalisme et de n’avoir pas tenu compte de ses dangers, plus visibles que jamais.

Les paroles de Poutine font partie du discours sur la « multipolarité », qui plaide pour l’égal respect de toutes les religions traditionnelles, et qui voit en même temps de l’islamophobie en Europe sans admettre que l’islam s’oppose – historiquement dans un expansionnisme belliqueux – à la chrétienté. Et qu’il s’entre-déchire sans que l’Occident n’y soit pour rien…

Poutine accuse l’Occident d’utiliser la dialectique

Vladimir Poutine a encore soutenu que toutes ces actions qu’il attribue à l’Occident – et qui, si l’on y songe, seraient le fruit d’une approche dialectique toute marxiste – ont pour but « d’accroître l’instabilité dans le monde, de diviser les cultures, les peuples et les religions, et de provoquer un conflit de civilisations ».

Que l’existence de conflits puisse servir à obtenir des buts précis, et être favorisés à cette fin, n’est pas contesté. En désignant l’Occident comme inventeur et responsable de ces conflits, Poutine en fait la cible de toutes les haines, en couvrant dans le même temps du manteau de Noé les guerres et les opérations menées par la Russie elle-même, et son soutien – comme on peut le voir en suivant les médias contrôlés par le Kremlin – à tant de forces déstabilisatrices à travers le monde.

Jeanne Smits