Vincent Bolloré, le puissant homme d’affaires qui possède la chaîne d’information en continu CNews, souvent attaquée par la gauche et mise en cause pour avoir rangé, lors d’une émission, l’avortement parmi les causes de décès (ce qu’il est, à proprement parler), a subi une audition devant le Sénat à ce sujet. Après avoir situé la question : « Se heurtent dans cette affaire deux libertés des gens à disposer d’eux-mêmes et la liberté des enfants à vivre », il a raconté une anecdote personnelle : « Il y a pas mal d’années, la femme avec qui j’étais a appris qu’elle était enceinte alors qu’elle prenait des médicaments qu’il ne fallait pas prendre (elle a avorté). J’avais déjà quatre enfants, j’étais faible, je n’ai pas fait attention, j’ai laissé faire : je peux vous dire qu’il n’y a pas un jour où je ne pense pas à cette vie que j’ai contribué à supprimer. » S’il est sincère, ce dont rien ne permet à première vue de douter, il a commencé à poser le problème, comme on peut le faire au Sénat, sans pour autant le résoudre : car, évidemment, si louable que soit « la liberté des gens à disposer d’eux-mêmes », la « liberté des enfants à vivre » doit primer, sans discussion. Mais, dans le système médiatique et politique d’aujourd’hui, il n’ose ni le dire ni peut-être le penser : en tout cas, CNews s’est excusée pour l’émission incriminée.