Une loi adoptée le 2 mai par le Parlement belge permet à l’agence européenne Frontex, créée en 2004 et dont le siège se trouve à Varsovie, d’intervenir dans les ports, aéroports et grandes gares belges. Elle inquiète les associations spécialisées dans la défense, l’illustration et la promotion de l’immigration en Europe, qui craignent pour les droits de leurs protégés. Or, Fabrice Leggeri, l’ancien directeur de Frontex, a avoué en passant sur la liste RN aux européennes que Frontex est inefficace contre l’immigration : et si le vrai projet en cours était d’habituer les populations à la formation d’une police européenne supranationale ?
Frontex sur toutes les frontières de l’Europa
La première réaction de la presse et des associations, a été de s’étonner : Frontex est censée agir aux frontières externes de l’Europe, principalement en mer, et l’actualité rapporte des images de Grèce, d’Italie, d’Espagne, de Croatie, de Bulgarie. Pourquoi la Belgique ? Un rapide regard sur la carte suffit à rendre cette remarque sans objet. A part la Hongrie, la Slovaquie, la Tchéquie, l’Autriche et le Luxembourg, tous les membres de l’Union européenne ont une façade maritime et une frontière extérieure de l’Europe : en ce qui regarde l’immigration, il y a seulement des Etats de passage et des Etats de destination. La deuxième réaction des associations n’a pas plus de consistance. Elles rappellent que les garde-frontières européens sont régulièrement accusés de mauvais traitements sur les réfugiés et de complicité dans des opérations de refoulement, au mépris du droit international. Accusations gratuites, non documentées, et que démentent hélas les piètres résultats de Frontex.
L’immigration, prétexte pour lancer une police européenne
Une dame Cécile Vanderstappen, « chargée de recherche et de plaidoyer sur la justice migratoire » au sein du CNCD-11.11.11, plateforme belge d’associations de solidarité internationale affirme : « Dans certaines situations d’urgence, les agents de Frontex pourront arrêter des personnes contrôlées en situation irrégulière dans l’attente qu’un fonctionnaire de police belge vienne sur les lieux et prenne le relais. » Mais le ministre de l’intérieur Annelies Verlinden a répondu : « Chaque intervention des agents de Frontex va être faite sous la supervision de collaborateurs de la police fédérale. C’est très important parce qu’on veut tout se fasse dans la clarté et la certitude. » En d’autres termes, on est sûr que rien, toujours rien, ne sera fait pour lutter contre l’immigration-invasion. Mais c’est là que la dialectique est astucieuse : l’Union européenne se sert du prétexte d’améliorer la surveillance de l’immigration pour mettre sur pied une police européenne opérant sur le territoire d’un Etat-destination en coopération avec la police de cet Etat. En d’autres termes, on lance l’embryon d’une police supranationale européenne sous couleur de rassurer les opinions nationales.