Un accord sur le programme nucléaire de l’Iran

Accord programme nucléaire Iran
 
L’Iran et les grandes puissances du groupe P5+1 (Etats-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine) ont conclu mardi matin, à Vienne, un accord sur le programme nucléaire de Téhéran, qui devrait, s’il était effectivement ratifié, mettre fin aux quelques dix années de négociations pour résoudre cette crise du nucléaire.
 
Cet accord, qui reprend et complète le premier texte sur lequel les parties en présence s’étaient déjà mises d’accord le 2 avril, doit désormais encadrer le programme nucléaire de Téhéran pendant au moins dix ans en échange de la suspension progressive des sanctions économiques qui marquent actuellement l’économie iranienne, notamment dans le domaine pétrolier.
 

L’accord sur le programme nucléaire iranien

 
Selon certaines sources diplomatiques, le nouveau texte prévoit également, et manifestement dans une tentative d’apaisement vis-à-vis des opposants à cet accord, un maintien durant cinq ans de l’embargo des Nations unies en ce qui concerne les importations d’armes par Téhéran, et durant huit ans pour les technologies dans le domaine des missiles. Des responsables américains ont précisé que ce sont ainsi plus de 100 milliards de dollars d’avoirs iraniens qui vont pouvoir progressivement être débloqués.
 
Mais, si l’Iran venait à violer les termes du présent accord, les sanctions économiques seraient remises en place dans un délai de 65 jours.
 
C’est ce que le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a expliqué dans son français parfois approximatif, en annonçant avoir accepté l’invitation de son homologue iranien Mohammad Javad Zarif à se rendre en Iran.
 
« Cet accord, assure-t-il, c’est celui qui va protéger contre la bombe atomique. » Si l’Iran ne respecte pas ses obligations, précise-t-il, le principe du « snap back », à savoir le rétablissement des dispositions antérieures, s’appliquera alors : « S’il n’y a pas cet accord, qu’est-ce qu’il se passe ? L’Iran continue ses travaux ou entame ses travaux pour avoir une bombe atomique, et si on veut l’empêcher d’avoir la bombe atomique, qu’est-ce qu’il se passe ? C’est ce qu’on appelle la guerre. » La guerre qui est, tout de même, un peu plus que le simple rétablissement des dispositions antérieures…
 

L’Iran et les Etats-Unis

 
Barack Obama, qui a beaucoup poussé à la roue pour parvenir à cet accord, a, pour sa part, salué un pas vers un monde « plus ouvert à l’espoir », « une occasion d’aller dans une autre direction ». On ne sait trop ce qu’il entend par là, et quelles sont, au-delà d’un rapprochement diplomatique avec certains pays comme la Russie, où Vladimir Poutine a poussé un « soupir de soulagement », les raisons de ce déblocage soudain d’une situation qui paraissait totalement enlisée. D’autant que cette volonté du président américain cèle mal un désaccord au sein même des Etats-Unis sur le sujet. On peut le comprendre quand, ces derniers jours, des foules manifestaient encore à Téhéran aux cris de « Mort à l’Amérique ! »
 
Certains alliés des Américains font aussi grise mine, et notamment Israël, où le premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié l’accord d’« erreur historique pour le monde », et promis de tout faire pour qu’il ne puisse pas être ratifié. Et pour que l’Iran ne reçoive pas les « centaines de milliards de dollars » qui lui permettrait de « faire fonctionner sa machine de terreur ».
 
Un propos qui fait écho à celui du président de la Chambre américaine des représentants, le Républicain John Boehner, qui assure que, « au lieu de stopper la propagation des armes nucléaires au Moyen-Orient, cet accord risque d’alimenter une course aux armements nucléaires dans le monde entier ».
 
Barack Obama doit donc s’attendre à quelques difficultés pour faire accepter sa visée politique par le Congrès. Mais il n’est pas sûr que Téhéran y parvienne beaucoup mieux. Ainsi le député conservateur Alireza Zakani, qui n’évoque les Etats-Unis qu’en parlant de « l’ennemi », assure-t-il que le Conseil national de sécurité va examiner cet accord, et, « si ses membres pensent qu’il va à l’encontre de nos intérêts nationaux, nous le rejetterons ».
 

La bombe d’Israël

 
En clair, la satisfaction affichée par le président de la République française lors de la traditionnelle intervention du 14 juillet est peut-être un peu prématurée. Ce discours a d’ailleurs été l’occasion d’une nouvelle bourde de François Hollande qui, en réponse à une question sur l’accord iranien, répond : « Qu’est-ce qu’était ma préoccupation ? Eviter la prolifération nucléaire. Ça veut dire quoi la prolifération nucléaire ? Cela voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie Saoudite, Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire. Et ce serait un risque pour la planète toute entière. »
 
Soit il ignore tout de la question nucléaire israélienne – et c’est terrible pour le président d’un pays qui a longtemps travaillé de concert avec Israël sur cette question ; soit il ment aux Français. C’est d’autant plus tragique que, si Israël nie avoir l’arme nucléaire et a toujours refusé, pour cette raison, de signer le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, personne n’ignore que, dans un entretien accordé à la télévision allemande, Ehud Olmert, alors premier ministre de l’Etat hébreu, avait reconnu le fait en nommant son pays parmi ceux possédant l’arme nucléaire.
 
Mais, une fois de plus, François Hollande semble tout ignorer de ce qui n’est pas son quinquennat…
 

François le Luc