A peine nommée à la tête d’un super ministère qui comprend, outre les sports et les Jeux olympiques qu’elle chapeautait déjà, l’Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra agite tant le nouveau ministère qu’elle administre que le landerneau politique parisien. Parce qu’elle a mis ses trois enfants dans un collège du sixième arrondissement, Stanislas, et par la manière dont elle s’en est justifiée dans la presse. La France insoumise de François Ruffin et toute la gauche l’ont d’abord attaquée parce qu’elle avait choisi un collège catholique qui présente à leurs yeux le double inconvénient de transmettre des « valeurs réactionnaires » et d’être un « lieu de reproduction sociale des élites ». On l’accuse maintenant de mentir sur les raisons qui lui ont fait choisir Stanislas. Mais la vraie raison de leur colère est qu’elle a dit la vérité sur l’état de l’école. Elle doit être exécutée.
Amélie Oudéa-Castéra, bobocrate comme il faut
Amélie Oudéa-Castéra est une dame comme il faut. A Doha, pour le match de foot France-Angleterre de la coupe du monde 2022, elle avait orné le maillot de l’équipe de France, qu’elle portait, de manches arc-en-ciel. Pour manifester ses préoccupations. Mais comme elle sait à quel niveau en est tombée l’Education nationale et qu’elle habite rue Stanislas, elle y a mis ses gosses, afin qu’ils y apprennent à lire, écrire et compter, et un peu de discipline, même si en tant que parent elle milite façon LGBTQ pour assouplir ce qui subsiste de catholique dans cet ancien collège jésuite – et qui fait depuis les délations de Médiapart l’objet d’une enquête administrative. « Un choix de proximité », s’est-elle écriée la bouche en cœur. Il fallait bien qu’ils continuent à voir leurs proches et leurs parents de façon à faire aussi bien qu’eux, le grand père, Richard, directeur de Publicis dont la grand-mère, Dominique née Duhamel était DRH, le père, Frédéric, directeur de la Société Générale puis de Sanofi, leurs grands oncles, Alain et Patrick Duhamel, leur grande tante Nathalie Saint-Cricq, ou leur cousin Benjamin Duhamel.
Un bout de vérité sur l’Ecole : interdit !
Interpellée, à la suite d’un article de Médiapart, sur son choix de Stan, Amélie Oudéa-Castéra a expliqué : « Mon mari et moi avons vu des paquets d’heures pas sérieusement remplacées. A un moment, on en a eu marre. Comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait le choix d’aller chercher une solution différente. » Elle aurait pu ne rien dire. Les élites parisiennes dans leur ensemble, de gauche et de droite, contournent la carte scolaire par laquelle nous sommes tenus vous et moi, soit en inscrivant leurs rejetons dans un établissement public auquel elles ne devraient pas avoir droit, soit en les inscrivant dans le privé. Ainsi Pap N’Diaye, l’un des prédécesseurs d’Amélie Oudéa-Castéra, a-t-il inscrit ses enfants à l’école alsacienne, que fréquenta aussi Gabriel Attal, établissement protestant qui assure très bien la « reproduction des élites sociales », mais en silence. Pour la châtier, la gauche a organisé un tollé général, avec participation des syndicats, des enseignants et des élèves, sur le thème de la France d’en haut qui s’en prend à l’enseignement public, colonne vertébrale de la république.
Mentir ou ne pas mentir, ce n’est pas la question
Mais cela ne marchait pas suffisamment bien, car tout le monde sait que la plupart des ministres, directeurs d’administrations centrales, hauts fonctionnaires en général, gratin des médias, de la culture ou des affaires, mettent leurs enfants soit dans un petit nombre d’établissements publics choisis, soit dans le privé, même, et presque surtout, à gauche : tout le monde peut donc retourner l’accusation à l’envoyeur. Alors, toujours en se fondant sur Médiapart, on accuse Amélie Oudéa-Castéra de mentir sur ses motivations : ses enfants auraient peu fréquenté le public, ils n’ont pas subi tant d’absences d’enseignants que cela. Peut-être. On ignore ici qui ment, ne disposant pas des feuilles de présence. Mais on sait très bien en revanche ce qui a causé le tollé actuel, qu’entretient la presse de gauche (Libé, le Monde) avec frénésie : c’est qu’Amélie Oudéa-Castéra a brisé l’omerta.
Oudéa-Castéra cynique, gauche et droite coupables
Non seulement elle a agi pour protéger ses enfants, ce qu’ils font tous et c’est humain, mais elle a commencé à dire pourquoi. A suggérer la vérité. A savoir qu’à part un petit nombre de lieux refuges (privés ou public), l’école est un vaste désastre où il n’y a plus ni autorité, ni sécurité, ni possibilité d’enseigner les savoirs. Cela ne dépend pas d’abord des profs, dont beaucoup sont de braves gens (et parfois des gens braves) qui font ce qu’ils peuvent, mais de la politique menée depuis des décennies en matière notamment de finances publiques, d’Education et d’immigration. Y compris bien sûr par les amis de Mme Oudéa-Castéra, par Emmanuel Macron, par Gabriel Attal, et par leurs opposants de gauche – ou même de droite.