L’affaire George Floyd refait surface : l’ex-policier Derek Chauvin poignardé en prison. Et un documentaire vient de sortir, passionnant…

affaire Floyd Derek Chauvin
 

Derek Chauvin, le policier de Minneapolis condamné à 22 ans de détention pour le meurtre de George Floyd en 2020 – celui-ci fut à l’origine des émeutes Black Lives Mattera été poignardé dans une prison fédérale à Tucson, Arizona, dans la nuit de vendredi à samedi, par un codétenu. Sérieusement atteint, il a été transporté en urgence à l’hôpital et devrait survivre à l’attaque, selon des déclarations officielles. Sa famille et son avocat ont précisé qu’aucune information ne leur a été donnée sur l’état de santé de Chauvin. Celui-ci s’était vu refuser le 20 novembre dernier le droit de faire appel de ses deux condamnations, l’une pour la mort de Floyd, l’autre pour le non-respect des droits civils de ce dernier, ayant déclaré dans un entretien avec Alpha News quelques jours plus tôt que son procès avait été une mascarade.

En particulier, le tribunal avait été entouré de sections anti-émeute prêtes à intervenir en cas de verdict innocentant le policier, ce qui constitue selon ses défenseurs une pression indue sur les jurés qui pouvaient craindre pour leur propre sécurité en ce cas.

Les mots de Chauvin sont consignés dans un passionnant documentaire de près de deux heures d’Alpha News mis en ligne gratuitement par sa réalisatrice, Liz Collins. Le film vient montrer en images les multiples mensonges et irrégularités qui ont permis les soulèvements Black Lives Matter en 2020. The Fall of Minneapolis a publié non seulement des entretiens avec des personnes impliquées, notamment parmi les forces de l’ordre, mais aussi l’intégralité des vidéos enregistrées par les bodycams des quatre policiers qui ont procédé à l’arrestation de George Perry Floyd, mort dans des circonstances tragiques à cette occasion. Malgré les demandes de l’avocat de Chauvin, ces vidéos n’avaient pas pu être visionnées par les jurés, dont tous avaient au demeurant affiché leur soutien à Black Lives Matter au moment de leur nomination. Les jurés n’avaient eu accès qu’aux toutes dernières minutes, lorsque Floyd était déjà à terre en position de contrainte.

 

George Floyd, multi-délinquant et trafiquant

La presse ne rappelle généralement pas que George Perry Floyd avait un casier judiciaire extrêmement bien fourni : opérant sous diverses identités, il avait été convaincu de détention de cocaïne, de trafic de cocaïne, de vols, de cambriolage et de vol aggravé à main armée, de trafics de stupéfiants divers, de résistance aux forces de l’ordre…

Le documentaire publie notamment le rapport d’autopsie qui révèle que l’état de santé de ce délinquant a bien plus contribué à son décès que les actions de contrainte mises en œuvre sur lui par le policier Derek Chauvin. L’autopsie pratiquée 12 heures après son décès précise d’ailleurs de Floyd n’est pas mort d’asphyxie. Malade du cœur, Floyd souffrait d’une hypertension non traitée et d’une artère bouchée à 75 %, ce qui avait pu accélérer sa mort, et se trouvait également sous l’influence de plusieurs drogues contraignant son cœur à « travailler » davantage, là encore avec le risque d’accélérer son décès en cas d’efforts dans le cadre d’une arrestation – à laquelle il avait en effet résisté pendant de longues minutes, refusant d’obtempérer aux ordres de la police. Le poids de ses poumons s’est révélé entre deux à trois fois supérieur la normale au moment du décès. Du sang prélevé lors de son hospitalisation avait révélé qu’il avait consommé plusieurs drogues, affichant notamment un taux de fentanyl – 11 ng par litre – susceptible à lui seul d’avoir provoqué un œdème pulmonaire et de le tuer.

Il semblerait en effet que Floyd essayait au cours de son arrestation d’ingérer les cachets de stupéfiants qu’il avait en sa possession pour éviter d’être poursuivi de ce chef ; on a en tout cas trouvé des cachets porteurs de sa salive dans la voiture de police où les policiers ont essayé sans succès de l’introduire.

L’autopsie n’a révélé aucune blessure interne ou externe laissant croire qu’il avait pu être suffoqué…

 

Une dose potentiellement mortelle de Fentanyl

Tout a commencé le 25 mai à 20h09 lorsque, appelés par le caissier d’un petit supermarché de Minneapolis victime d’une tentative de payer des cigarettes au moyen d’une fausse coupure par un homme apparemment ivre, quatre policiers se sont approchés de la voiture où il s’était assis à la place du conducteur (l’un d’entre eux était noir, on ne l’a guère entendu dire). On suit l’interpellation de minute en minute, et on entend Floyd affirmer à la police, qui a passé de longues minutes à essayer de l’embarquer au poste en manifestant un sang-froid assez remarquable, qu’il n’était sous l’influence d’aucun stupéfiant. L’année précédente, lors d’une autre interpellation dans ces circonstances similaires, la police l’avait vu avaler des cachets de drogue et avait fait appel à des ambulanciers paramédicaux qui, au vu de son hypertension grave, l’avaient conduit à l’hôpital.

Il affirmait cependant, pour qu’on ne l’arrête pas, que sa mère était morte. C’était exact, mais elle était décédée deux ans plus tôt…

C’est le refus de Floyd de reconnaître qu’il était drogué qui a conduit la police à procéder à l’arrestation, et, devant sa résistance – il ne voulait pas monter dans la voiture des forces de l’ordre, a réussi à obtenir d’en redescendre, pour ensuite décocher de multiples coups de pieds contre les officier – à prendre la décision de le soumettre à une « mesure de contrainte maximale » à 20h19. Appelée « MRT » dans le jargon de la police, cette mesure consiste dans le maintien d’un genou sur l’épaule et le cou du suspect allongé à terre.

On a dit au tribunal, et cela a été répété dans les médias, qu’elle avait été utilisée par Chauvin à l’encontre des règles d’intervention de la police de Minneapolis, ce qui a évidemment jeté de l’huile sur le feu auprès de la communauté noire.

 

La mesure de contrainte pratiquée par Derek Chauvin était enseignée à toute la police de Minneapolis

Faux, rétorquent plusieurs témoins, en dénonçant le « mensonge » du chef de la police devant le tribunal à cet égard : cette procédure était enseignée à tous les policiers de Minneapolis, comme le montrent des clichés de leur manuel d’entraînement. Ils avaient même ordre d’appeler les secours d’urgence dès lors qu’elle était appliquée, ce qui fut fait pour George Floyd : on entend l’un des officiers demander une ambulance 36 secondes après la mise à terre du suspect qui venait tout juste d’être formellement arrêté pour contrefaçon. De manière incompréhensible, à la suite de plusieurs erreurs des services de secours, l’ambulance arriva sur la scène seulement près de 10 minutes plus tard, alors que le poste de secours se trouvait à 3 minutes. A 20h29, déjà placé sur une civière et sanglé, Floyd était introduit dans l’ambulance, respirant encore.

La suite appartient, hélas, à l’histoire. Les images filmées par une jeune femme pendant que Floyd était maintenu sous contrainte en attendant l’ambulance ont fait le tour de la planète. Floyd est mort, et Black Lives Matter a déclenché une salve de manifestations qui a abouti notamment à la mise à sac de Minneapolis, où de nombreux bâtiments ont été pillés et incendiés, y compris le 3e commissariat où les policiers reçurent l’ordre de quitter le bâtiment pendant que les émeutiers entraient. Ces images aussi apparaissent dans le documentaire. Où manquent, il faut aussi le dire, les minutes d’images filmées par la passante pendant lesquelles Floyd est resté sous le genou de Chauvin, inerte, en attendant l’arrivée des secours. Ces images semblent montrer que le genou est placé sur la nuque de Floyd, alors que celles provenant des bodycams des policiers montrent que le genou se trouve sur son épaule, fait corroboré par l’absence d’atteinte aux voies respiratoires et aux voies sanguines.

Mais si le documentaire est entièrement à décharge, on peut dire que le procès a été entièrement à charge, marqué par des omissions délibérées, des mensonges et des pressions.

Nombre de ces policiers s’insurgent au cours de leur témoignage devant la manière dont ils ont été lâchés et contraints à l’inaction pendant que des hordes déferlaient sur la ville, non sans leur lancer toutes sortes de projectiles, y compris des quartiers de cochon… Ils reçurent même l’interdiction de porter leur tenue anti-émeute.

 

George Floyd a-t-il vraiment fait le « sacrifice de sa vie » ?

Tout cela, avec d’autres éléments rapportés par ce documentaire très complet, a contribué à créer toutes les conditions pour que les policiers soient jugés coupables, que George Floyd soit traité en héros et victime, et que les émeutes raciales se déclenchent en une parfaite illustration de ce que « l’antiracisme est un racisme en sens contraire ». Fait inouï, sa famille a reçu 27 millions de dollars en dédommagement de sa mort.

Au moment du procès de Chauvin, Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants, participant à une manifestation, alla jusqu’à « remercier » Floyd d’avoir « sacrifié sa vie dans l’intérêt de la justice »… Un médecin engagé par sa famille déclara à la cour que la victime n’avait aucune affection médicale sous-jacente ayant contribué à sa mort – sans avoir vu son corps ni même les images de l’autopsie.

Aujourd’hui, de nombreux officiers ont quitté la police de Minneapolis qui compte environ un tiers d’hommes en moins par rapport en 2020 ; de nombreux policiers qui ont été confrontés aux émeutes souffrent aujourd’hui de stress post-traumatique.

On peut visionner la vidéo de Liz Collins sur thefallofminneapolis.com.

 

Jeanne Smits