Al-Hijrah à Birmingham :
l’école musulmane reprise en main pour non-mixité ?

Al Hijrah école musulmane non mixité
 
Depuis un an, l’école fait l’objet de « mesures spéciales », mais les juges n’ont accepté que récemment la divulgation de son nom dans les media. Al-Hijrah de Birmingham, établissement confessionnel musulman de 800 élèves, subventionné par l’État, est visé par un lourd rapport d’inspection gouvernemental via l’OFSTED (Office for Standards in Education). Il est jugé « inadéquat » pour son enseignement médiocre, l’insécurité de ses élèves, mais surtout la ségrégation des genres (garçons et filles sont séparés dès l’âge de 5 ans). La non-mixité est devenue l’axe d’accusation principal – et c’est la première fois.
 
Alors que l’inspection devrait bien plutôt se focaliser sur les livres soutenant le viol et la violence conjugaux trouvés dans la bibliothèque… des garçons…. La bataille juridique se poursuit actuellement devant la Haute Cour britannique.
 

Al-Hijrah jugée école « inadéquate »

 
« Inadéquat », c’est la note la plus basse délivrée par l’OFSTED. Et, adjugée à Al-Hijrah, elle n’en est que plus symbolique, car elle a été l’une des premières écoles musulmanes financées par le Royaume-Uni, en 2001. Près de 800 élèves la fréquentent, âgés de 4 à 16 ans, la plupart pakistanais, pour qui l’anglais est souvent une deuxième langue…et les filles y sont voilées.
 
Et « inadéquat » pour quels motifs ? Le rapport, publié en mai par l’OFSTED et consultable en ligne, établit que le terrain de jeu est chaotique, l’enseignement médiocre et que les élèves ne sont pas en sécurité. Qu’il y a beaucoup de problèmes d’« intimidation » entre les élèves et de non-respect des adultes.
 
Mais surtout il s’inquiète des effets de la ségrégation sexuelle, comprenez la non-mixité scolaire, sans s’interroger sur les « pourquoi » d’icelle…
 

L’OFSTED vise la « ségrégation sexuelle »

 
En aucune façon, les inspecteurs ne visent « l’extrémisme » de l’enseignement musulman. Le rapport dit : « Le cursus d’éducation personnelle, sociale, sanitaire et économique (PSHE), y compris l’éducation sexuelle et relationnelle (SRE), a été soigneusement réfléchi et s’est amélioré depuis septembre. Le droit britannique et les valeurs britanniques fondamentales sont balayés à travers les sujets abordés (…). La radicalisation et l’extrémisme sont des sujets abordés ouvertement à l’école (…). Un bon travail a lieu pour aider à protéger les élèves des mutilations génitales féminines ».
 
Mais pour eux, la politique de « ségrégation » constitue une violation de la Loi sur l’Egalité de 2010 et un cas de discrimination sexuelle. Les filles se sentent « différentes » et inférieures.
 
« Il est rare que les écoles s’adressent aux tribunaux pour contester un rapport, mais parfois les enjeux sont élevés (…) Je suis profondément préoccupée par l’idée que la ségrégation totale des enfants au sein d’une école mixte soit acceptable » a déclaré au Times l’inspectrice en chef de l’OFSTED.
 

La non-mixité musulmane : un problème culturel et religieux

 
Pourtant, il y a bien autre chose que la non-mixité qui témoigne d’un problème de « discrimination ». Ce sont ces livres trouvés dans la bibliothèque de l’école, des livres qui affirment, fidèlement au coran et aux hadiths, qu’un mari peut battre sa femme « à condition que cela ne soit pas fait « durement » » et que cette dernière ne peut jamais se refuser à lui.
 
En novembre dernier, le juge Jay avait d’ailleurs statué sur l’école en fonction de l’existence de ces livres et non de cette non-mixité, jugeant « erronée » l’opinion de l’OFSTED selon laquelle la ségrégation constituait une discrimination illégale… Il avait acté que les livres incriminés avaient « clairement traité les femmes comme subordonnées aux hommes » et qu’ils contenaient des vues « hostiles aux valeurs britanniques fondamentales ».
 
Mais les inspecteurs de l’OFSTED voulaient plus et ont fait appel de la décision : une école qui nie les garçons et les filles dans une école mixte échoue à « l’opportunité complète d’interagir et de socialiser ensemble les élèves pour les préparer à la vie moderne en Grande-Bretagne ».
 

L’État britannique rattrapé par la réalité…

 
Le problème est quelque peu déplacé… Ne faudrait-il pas plutôt s’interroger sur le « pourquoi » de cette séparation des genres, qui trouve sa parfaite explication dans l’existence de ces livres… ? C’est en plus l’État britannique lui-même qui a permis – et financé – l’expansion de modèles musulmans, pénétrés de cette idée culturelle et religieuse. Et ils sont en pleine expansion : Al-Hijrah est l’école la plus demandée de tout le Royaume-Uni – plus de 1.000 demandes par an pour une soixantaine de places…
 
Et si l’OFSTED gagne sa cause auprès de la Haute Cour, il est à craindre que d’autres écoles qui enseignent séparément garçons et filles soient mises en difficulté. Pour des raisons pourtant bien éloignées de celles du monde musulman, motivées par des soucis de cohésion, de maturité et de construction personnelle…
 
Ira-t-on leur chercher noise pour ces motifs faussés d’égalité des sexes ?! Les mettra-t-on dans le même panier au nom de la cause du genre ?
 

Clémentine Jallais