Alan Greenspan : la politique monétaire est arrivée au bout de son efficacité

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Alan Greenspan.

 
L’ancien directeur de la banque fédérale des États-Unis, Alan Greenspan, a déclaré jeudi que la politique monétaire a atteint les limites de son efficacité, à moins de mettre en place un nouveau cycle de « quantitative easing » (assouplissement quantitatif).
 
Fidèle à la politique des banques centrales qui ont fait du crédit facile et de l’abondance de liquidités la panacée face aux crises financières qui se succèdent, Alan Greenspan est bien obligé de constater l’échec actuel de ces mesures, mais il n’exclut pas l’idée d’en demander davantage. Il en appelle cependant à une solution politique avant tout.
 
« La politique monétaire (…) a fait tout ce qu’elle a pu, à moins de vouloir y ajouter des assouplissements quantitatifs supplémentaires. Ceux-ci ne sont pas tellement efficaces si l’on regarde leur effet final » et que l’on va au-delà de l’augmentation du PER (ratio cours sur bénéfices) sur le marché des actions, a-t-il déclaré lors d’un entretien dans « Squawk Alley », sur CNBC. « Il n’y a pas de vraie preuve d’un impact sur le crédit ou sur la reprise économique », a-t-il dit.
 

Alan Greenspan critique la politique monétaire

 
Exprimant son désaccord avec la directrice exécutive du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, Greenspan ne pense pas que les taux d’intérêt négatifs puissent avoir un impact positif net. Cette solution adoptée par le Japon et par certains pays européens pour nombre de taux d’intérêt clefs avait été saluée par Mme Lagarde dans une édition antérieure de la même émission.
 
Alan Greenspan a déclaré que les taux d’intérêt négatifs « sont néfastes car les intermédiaires financiers ont besoin de taux d’intérêt positif, mais pour moi ce n’est pas la faute des intérêts négatifs, mais des politiques qui nous ont amenés là où nous sommes », a-t-il déclaré.
 
Il accuse l’excès de dépenses de sécurité sociale d’être responsable d’une croissance de productivité anémique et du ralentissement des bénéfices des entreprises : la cause se trouve, dit-il, dans le vieillissement de la population mondiale.
 

Arrivé au bout de l’efficacité de l’assouplissement quantitatif, il faut mettre en place une vraie politique

 
« Si vous regardez les choses d’un point de vue comptable, cela se produit parce que l’épargne domestique brute, sur l’ensemble de l’échiquier politique, a été sévèrement atteinte par l’augmentation des versements d’allocations sociales dans quasiment chaque pays de premier plan. » Greenspan assure que le problème est fondamentalement « politique ».
 
Il estime ainsi que le problème aurait pu être résolu aux États-Unis si le Congrès avait adopté la politique fiscale proposée par Alan Simpson et Erskine Bowles en 2010. Il s’agissait d’un plan bipartisan « qui aurait permis de contrôler le déficit d’une manière très intelligente », a-t-il déclaré.
 
Ce plan visait entre autres à mettre des freins automatiques à certaines dépenses fédérales – au budget de la défense, notamment –, à réformer les dépenses de santé en vue de faire payer davantage les plus riches tout en traquant les dépenses inutiles et la fraude, et à mettre en place une fiscalité très simplifiée avec des taux fortement réduits.
 

Anne Dolhein