Le CDU d’Angela Merkel envisage de réintroduire le service national en Allemagne à la fois pour les jeunes en fin de scolarité et pour les migrants. C’est pour le moins un aveu, fût-il discret : les migrants ont besoin d’autre chose que d’un accueil à bras ouverts pour que l’on puisse espérer de leur part un début de commencement d’intégration. Si les Allemands n’étaient pas confrontés aux problèmes causés par la présence massive de personnes, le plus souvent de jeunes hommes, issus de cultures radicalement différentes, il ne serait pas question, à peine sept ans après son abolition, de remettre en place un système exigeant le « don » d’un an de service à l’Etat.
Et c’est bien sûr au nom de l’égalité que les Allemands de souche, les filles comme les garçons, seraient à la même enseigne que les migrants et réfugiés adultes, appelés à rejoindre pour 12 mois l’armée, les pompiers, ou les services de protection civile.
Le service national rétabli pour les jeunes et imposé aux migrants
Voilà qui répond à un désir régulièrement exprimé dans les milieux de droite, dans un contexte où le CDU cherche à se recentrer sur ses valeurs traditionnelles pour contrer quelque peu la montée des partis anti-islamiques comme le puissant Alternatieve für Deutschland, sans que l’initiative puisse constituer une réponse à part entière. L’AfD est quant à elle favorable à l’initiative.
Selon la secrétaire générale du CDU, Annegret Kramp Karrenbauer – on l’appelle la « mini-Merkel » – tous les jeunes hommes, toutes les jeunes femmes et tous les demandeurs d’asile et réfugiés adultes pourraient être obligés d’accomplir un an de service national, sans que le service militaire soit directement envisagé.
De fait, comme l’a indiqué le ministre allemand de la défense, Ursula von der Leyen, l’armée allemande n’est pas du tout équipée pour recevoir de nombreuses jeunes recrues temporaires. Et si elle ne manque pas de fantassins volontaires, elle cherche en vain à embaucher des soldats hautement spécialisés disposés à s’engager dans ses rangs sur le long terme.
L’Allemagne veut résoudre sa pénurie de soignants par le service national
Aussi l’idée est-elle plutôt d’obtenir des jeunes et des migrants qu’ils s’orientent vers les services de santé et d’accueil des personnes âgées cruellement en manque de main-d’œuvre comme il fallait s’y attendre à mesure que l’hiver démographique allemand s’installe avec de plus en plus de rigueur.
Pour le CDU, les effets bénéfiques d’une telle mesure seraient multiples : elle permettrait de resserrer ses électeurs autour d’un projet commun et contribuerait à « renforcer la cohésion sociale en Allemagne », comme l’a affirmé le ministre-président CDU de la Sarre, Tobias Hans, à Bild am Sonntag. Les migrants ne seront-ils pas mieux vus s’ils occupent des emplois « sociaux » ? Il a ajouté que les jeunes Allemands profitent d’une scolarité gratuite et d’un niveau élevé de protection sociale : la nation » doit pouvoir attendre des jeunes qu’ils rendent quelque chose à leur pays ».
On est tout de même loin du devoir patriotique de protection des frontières – quel Allemand peut encore y croire après la « tsunamigration » voulue par Merkel en 2015 ! – et davantage dans une gestion de crise de l’Etat-nounou dans un pays qui a refusé de s’ouvrir généreusement à ses propres générations futures. Cela lui permet cependant de brandir des solutions fondamentalement socialistes de travail obligatoire pour l’Etat.
Et dire qu’on se plaignait de la corvée !