Pour tout dire, on est un peu perdu. Alors que la justice américaine tente en ce moment même d’évincer le très chinois TikTok de sa toile parce qu’il travaillerait contre le pays, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce qu’ils ont imaginé, avec le réseau social, un partenariat pour former des influenceurs, « lutter contre la désinformation » et promouvoir des contenus approuvés par le régime concernant la santé publique : comprenez, pour rétablir LA vérité onusienne.
Il faut dire que la plate-forme rassemblerait, à présent, plus d’un milliard de personnes dans le monde et que de plus en plus d’adultes, en sus des mineurs, s’informeraient via ses innombrables vidéos, principalement plébiscitées pour leur format court et leur contenu divertissant.
La séduction du pouvoir mélangerait-elle les couleurs politiques ? A moins que leurs objectifs soient plus similaires qu’il n’y paraît… Ce qui est certain, c’est que les jeunes internautes sont visés : et on leur propose une pilule bleue plutôt que rouge, pour vivre dans le bien-être sans rien chercher à savoir.
« Créer un contenu fiable » : diffuser la propagande de l’OMS
Et pour cela, TikTok s’associe au réseau Fides, « une communauté diversifiée de professionnels de la santé et de créateurs de contenu de confiance » comme il a été dit dans le communiqué de presse du 26 septembre dernier.
Fides n’est autre qu’un réseau de l’OMS qui a été lancé en 2020 (tiens !) dans le but de « mobiliser les créateurs de contenu de santé pour lutter contre la désinformation et valoriser le contenu fondé sur des preuves ». Aujourd’hui, Fides se targue d’atteindre 150 millions d’utilisateurs sur diverses plateformes, note LifeSiteNews, autrement dit, 150 millions de personnes qui se soumettent au bien-fondé et bien-pensé mondialiste.
D’un côté, le réseau abreuvera les internautes de sa propagande de manière pro-active : « Nous allons mobiliser les créateurs de Fides pour qu’ils traduisent des recherches scientifiques complexes en contenu vidéo compréhensible et digeste, s’étendant à divers sujets de santé (…) et en leur donnant accès à des programmes et des ressources de formation », a déclaré TikTok.
D’un autre, il traquera les contenus pouvant s’y opposer, « en promouvant un contenu fondé sur des preuves, a dit l’OMS, des informations fondées sur des données probantes, en veillant à ce que les conversations sur la santé sur des plateformes comme TikTok soient à la fois percutantes et éclairées ».
« Des contenus attrayants et faisant autorité à propos du bien-être mental » : de la (vraie) désinformation
Ainsi TikTok et Fides s’allient-ils pour proposer des « contenus attrayants et faisant autorité à propos du bien-être mental ». Ce qui ne manque pas de sel lorsqu’on sait à quel point la fréquentation des réseaux sociaux multiplie les problèmes psychologiques chez les jeunes…
Mésinformation, désinformation, « malinformation » : étonnant comme tant de néologismes sont nés, officiellement pour cerner tous les types de tromperie auxquelles les canaux numériques peuvent nous confronter, officieusement pour pouvoir disqualifier, d’une manière ou d’une autre, par dessus ou par dessous, toute information qui contreviendrait au politiquement correct, au discours non woke.
La santé, ce n’est pas clivant, me direz-vous ? L’expérience covid nous a prouvé l’inverse. Qu’on se souvienne du dernier projet « Team Halo » quand l’ONU s’était associée à TikTok en septembre 2022, pour renforcer les messages covid provenant des communautés médicales et scientifiques… C’est autre chose que les cinq fruits et légumes par jour.
Le scientifique en chef de l’OMS, le Dr Jeremy Farrar, a parlé, il y a quelques jours, de « responsabilité sociale » des plateformes, ce qui, en soi, n’est pas faux. Reste à savoir de quelle manière elle l’assume, pour soutenir la liberté d’expression ou imposer un système déterminé. Or les Nations unies n’hésitent pas à dire qu’elles ont le leur.
Au Forum économique mondial (WEF) sur la désinformation, en septembre 2022, la directrice de la communication de l’ONU, Melissa Fleming, avait déclaré : « Nous possédons la science et nous pensons que le monde devrait le savoir. Les plateformes numériques, elles, le savent. » Et de se vanter du partenariat obtenu avec Google pour faire prévaloir le discours de l’ONU sur le changement climatique, parce que les premiers résultats de la recherche Google donnaient invariablement, selon ses mots, « en haut de page, des informations incroyablement fausses »…
De plus en plus d’Américains – en particulier les jeunes adultes – s’informent sur TikTok
Le choix de TikTok n’est pas anodin. Selon une étude du Pew Research Center publiée le 17 septembre, la proportion des adultes américains qui s’informent régulièrement sur TikTok est encore modeste, mais elle progresse. Depuis 2020, aucune autre plateforme des réseaux sociaux n’a connu une croissance plus rapide de la part d’Américains qui s’y rendent régulièrement pour s’informer.
En seulement quatre ans, la part des adultes qui disent s’informer régulièrement sur TikTok a été multipliée par cinq, passant de 3 % en 2020 à 17 % en 2024. Plus globalement, environ la moitié des utilisateurs de TikTok déclarent désormais s’informer régulièrement sur TikTok, contre 43 % l’année dernière et seulement 22 % en 2020.
C’est dire l’enjeu d’une telle courbe de croissance. Surtout que la part des adolescents est considérable et que ce sont les citoyens électeurs de demain.
Quand les dirigeants s’affrontent et collaborent tout en même temps
Ironie du sort : TikTok pourrait commencer à fermer ses portes aux Etats-Unis. Un procès retentissant l’oppose à l’Etat fédéral qui exige que la filiale américaine soit vendue à un propriétaire non chinois d’ici au 19 janvier, sous peine d’interdiction. Le gouvernement a mis en garde contre les risques que représente le réseau social pour la sécurité nationale avec une société mère basée en Chine, et le potentiel de Pékin à influencer le contenu de la plateforme.
Les avocats de TikTok, qui affirme avoir coupé la plupart de ses liens avec sa société mère, dénoncent une violation de la liberté d’expression. Mais certains anciens employés ont déclaré à Fortune en avril dernier qu’ils travaillaient en étroite collaboration avec la société ByteDance, liée au complexe militaro-renseignement-industriel du Parti communiste chinois.
Pékin utilise depuis longtemps des applications de réseaux sociaux appartenant à des entreprises américaines pour tenter d’influencer l’opinion publique. Et des stratèges chinois l’ont eux-mêmes reconnu, comme l’ont démontré les auteurs de Blood Money. Ils mènent une guerre d’un type nouveau, « une guerre mentale fondée sur l’information ». Et TikTok se révèle de plus en plus clairement comme un véritable outil d’influence au service de la Chine communiste, comme l’écrivait Anne Dolhein.
Mais ce nouveau partenariat avec l’OMS ne doit néanmoins pas étonner : TikTok sait se mettre au service des grandes instances mondialistes. Sans doute parce que leurs visées respectives ne sont pas si opposées – sans compter la proximité de cette agence onusienne (et ce n’est pas la seule) avec la Chine et ses intérêts.