« Plutôt crever ! » Le président du conseil municipal d’Altötting a fait savoir en termes fleuris qu’il était hors de question que cette petite ville de pèlerinage du sud de la Bavière se soumette à la loi prussienne qui exige depuis début 2015 le tri des déchets organiques. Altötting résiste contre le recyclage municipal obligatoire à la fois pour conserver sa liberté, et pour tenir compte du fait que, la majorité de ses 12.000 habitants conservant leurs déchets organiques pour créer du compost pour leur propre jardin, il n’y a quasiment rien à récupérer.
La petite ville se retrouve ainsi seule face au nouveau Moloch qui exige sa ration quotidienne, mais bien triée, de plastiques, de métaux et de résidus alimentaires. Il n’y aura pas de bac pour les épluchures de patates et autres feuilles de chou – mais que fera le nouveau dieu avide de sacrifices ?
A Altötting en Bavière, on a du caractère !
Le 1er janvier 2017, avec deux ans de retard sur la date obligatoire, une autre ville bavaroise pliait enfin devant la force de l’administration : Rosenheim installait officiellement des bacs pour déchets organiques dans une de ses 42 « zones pour déchets de valeur ». Mais Altötting ne mange pas de ce pain-là, a déclaré Erwin Schneider, qui estime que ses administrés en font déjà bien assez. Ce représentant du CSU (Union chrétienne sociale) en avait fait une de ses promesses de campagne, et il entend tenir bon.
Le système de recyclage Allemand est particulièrement compliqué. Il faut trier le papier, le plastique, le métal, et d’autres choses encore, sans se tromper à propos des multiples exceptions puisque le trieur consciencieux doit apprendre que la brosse à dents n’est pas du plastique, que le petit pot de plastique n’a pas non plus sa place dans le conteneur dédié, et que la serviette en papier change de destination selon qu’elle est très souillée ou non. Les armes et les munitions se déposent auprès de la police : on est heureux de l’apprendre. Comble d’une réglementation extraordinairement tatillonne : le bon trieur doit veiller à ce que le bac dans lequel il jette ses épluchures n’accueille pas plus de 100 kg de déchets. On suppose qu’il soupèse. Vous n’y croyez pas ? C’est par là.
Refuser le tri des déchets organiques, le péché mortel du XXIe siècle
Le Bavarois produit en moyenne 50 kg de déchets organiques par an, selon le ministère de l’environnement de ce Länd à majorité catholique. Leur collecte et leur recyclage servent à créer du compost pour les fermiers ou pour le chauffage puisqu’on peut les brûler en tant que biomasse. Mais à Altötting, la population préfère s’occuper de ses propres oignons et autres trognons de pommes.
Mais il faudra certainement un miracle – dans cette ville où Jean-Paul II alla naguère prier au sanctuaire qui marque le lieu de la résurrection miraculeuse d’un enfant au XVe siècle, la chapelle de Grâce – pour qu’on puisse continuer d’y résister face au centralisme vert.