Face au drame du Venezuela et sur fond de corruption, l’échec du socialisme en Amérique du Sud

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Le socialisme latino-américain sera-t-il le dernier fétiche de la gauche occidentale – et vaticane – à disparaître ? Devant la situation humanitaire dramatique au Venezuela et la corruption de ses élites, il cède le pas à une montée des conservatismes : reconnaissance des libertés et responsabilités naturelles, renvoi de l’Etat à sa juste place. La récente série de succès de partis antisocialistes en Amérique du Sud, ajoutée à la fin du soutien des Etats-Unis aux violateurs des droits humains, fait renaître l’espoir pour ce continent marqué par le mal-développement, les échecs économiques et les spasmes politiques. Avec des ombres : en Colombie, jadis pays des plus conservateurs d’Amérique Latine, la faction terroriste communiste des FARC vient d’être légalisée, la Bolivie est aux mains du gauchiste pro-coca Evo Morales et l’Equateur a élu un président socialiste.
 

Depuis le Chili, le conservateur Sebastian Pinera va relancer l’action contre la dictature de Maduro

 
Mais au Chili, l’ancien président antisocialiste Sebastian Pinera a été élu triomphalement le 17 décembre par 54,4 % des votes exprimés. Les médias aux ordres peuvent s’étendre sur son compte en banque bien pourvu ou sur la médiocrité de son adversaire socialiste Alejandro Guillier, il n’en reste pas moins que sa victoire est largement due à son opposition virulente à Maduro, dont il dénonce depuis 2013 « la tragédie » qu’il inflige au peuple vénézuélien. En 2015, il a visité le Venezuela au côté du président colombien Andres Pastrana pour tenter de constater les conditions dans lesquelles Maduro emprisonne son opposant Leopoldo Lopez. La police les en avait empêchés. Désormais à la tête du Chili, il pourra agir pour isoler le caporalisme rouge vénézuélien.
 

L’échec d’une icône du socialisme : au Brésil, Lula da Silva, égérie de la gauche occidentale, écope de neuf ans et demi de prison

 
Le Brésil illustre au mieux la corruption récurrente des élites socialistes latino-américaines depuis le début du siècle. Coqueluche de la gauche occidentale, le trotskiste Luiz Inacio Lula da Silva, qui présida le pays de 2003 à 2011, vient d’être condamné à 9 années et demie de prison. Barack Obama l’avait pourtant qualifié « d’homme politique le plus populaire sur Terre » et le Comité international olympique avait attribué les jeux de 2016 à Rio en hommage audit « Lula » pour sa politique « d’inclusion sociale de la jeunesse du Brésil et de la jeunesse de Rio ». Un an après ces jeux, qui ont en fait ravagé Rio de Janeiro, les tribunaux établirent que Lula da Silva, durant sa présidence, avait couvert l’« Opération Car wash ». Ce système de corruption surévaluait des contrats entre l’Etat et la compagnie publique d’hydrocarbures Petrobras, aux frais des contribuables. L’enquête établit que Lula avait personnellement empoché quelque 26 millions de dollars. Le lendemain de sa condamnation, l’ex-trotskiste clamait qu’il allait se représenter à la présidentielle.
 

Trump remet la dictature de Castro et ses affidés d’Amérique du Sud sous pression

 
A Cuba, la politique de confortement du régime castriste totalitaire menée par Barack Obama, qui avait ré-ouvert fin 2014 une ambassade américaine à La Havane et permis les relations commerciales, a eu l’effet inverse à celui affiché. Le régime de Castro a multiplié arrestations et tortures d’opposants, certain que Washington ne se poserait plus en défenseur des droits de l’homme. Cette année, en juin, dans un discours solennel, le président Donald Trump a refermé l’accès au marché cubain – entièrement contrôlé par les militaires – et rétabli la politique de soutien aux droits des dissidents. L’ambassade a été vidée après des attaques contre les diplomates américains. Ce discours a envoyé un signal fort à Cuba et ses affidés, Venezuela et Bolivie, montrant qu’ils ne peuvent plus compter sur la mansuétude des Etats-Unis face aux violences faites à leurs peuples.
 

Au Venezuela, l’émergence d’un opposant décidé : Antonio Ledezma

 
Au Venezuela, l’arrestation en 2015 du maire de Caracas, Antonio Ledezma, a été filmée et la vidéo a choqué le monde : l’élu sexagénaire est extirpé de force de son bureau par la police secrète (Sebin), « comme un chien », selon le mot d’un parlementaire. Ledezma passa un an et demi en prison puis détention domiciliaire. En novembre, pourtant, il s’enfuit en Espagne où il lance une large plateforme d’opposition à la dictature chaviste. Son exil est un moment-clé pour l’opposition vénézuélienne, dominée par le MUD mené par des socialistes « light » qui ne visent qu’à alléger la dictature de Maduro. Ledezma a quitté le MUD, rejoint l’opposition conservatrice aux côtés de Maria Corina Machado ou Diego Arria, et demandé aux Etats-Unis de nouvelles sanctions contre le régime. Ledezma se prépare à être un acteur déterminant pour 2018.
 

En Argentine, enquêtes sur les compromissions de Kirchner avec le terrorisme islamique

 
En Argentine, la corruption rampante de l’ère Cristina Kirchner et ses compromissions diplomatiques avec l’Iran avaient quasiment transformé l’un des pays les plus avancés de l’hémisphère en un Etat-voyou. Kirchner, durant sa présidence, avait négocié avec l’Iran une baisse du prix des hydrocarbures en contrepartie d’un retrait de la liste rouge d’Interpol de six terroristes iraniens. Or des preuves sérieuses montraient que ces hommes étaient à l’origine de l’attentat du 18 juillet 1994 contre l’AMIA (Argentine-Israeli Mutual Association), le plus meurtrier en Occident avant celui du 11-Septembre : 84 morts et 230 blessés. Le magistrat chargé de l’enquête sur l’attentat, Alberto Nisman, était remonté jusqu’au compromis passé par Kirchner avec l’Iran. La veille de la présentation de son rapport au Congrès, le 18 janvier 2015, Nisman était assassiné, le gouvernement affirmant qu’il s’agissait d’un suicide. Mais l’impact politique fut considérable et si Cristina Kirchner n’est pas en prison – elle bénéficie d’une immunité de sénateur – le pays est marqué par un basculement vers la droite après des années de régime socialisant – nationalisations et dépenses publiques pour relancer la croissance, inflation galopante. Un juge a pris le relais de Nisman en relançant des poursuites contre Kirchner, demandant la révocation de son immunité.
 

Matthieu Lenoir