Depuis 2010, les hôpitaux britanniques ont subi des coupes sombres dans leurs dotations publiques qui ont baissé de 2 milliards de livres, du fait que les tarifs de remboursement des actes médicaux de base ont été révisés à la baisse. C’est ce qu’affirme le think tank False Economy, chargé d’une enquête par plusieurs organisations de salariés. Même si le Royaume-Uni s’en tire nettement mieux que les pays européens – ceux de la zone euro, notamment – sur le plan de la croissance et de l’emploi, le poids des soins médicaux va croissant avec le vieillissement de la population et la National Health Service (NHS) se trouve ainsi en première ligne des coupes budgétaires.
Tout cela ne peut qu’annoncer une baisse de la qualité et de l’accessibilité des soins : à l’heure où le lobby de l’euthanasie sévit dans le monde entier, et notamment au Royaume-Uni, comment ne pas faire le lien ?
En Angleterre, le système de santé, à la différence de ce qui se passe dans les autres pays du Royaume-Uni, est organisé autour d’un remboursement par l’Etat aux hôpitaux des actes tarifés : les montants sont définis par les pouvoirs publics.
Une étude de “False Economy” révèle des coupes sombres dans les tarifs d’actes médicaux
L’étude de False Economy porte sur quelque 698 procédures offertes par la NHS. Un grand nombre d’entre elles ont subi, souvent dans la plus grande discrétion, des coupes importantes.
Quatre « traitements facultatifs », ou « de confort » ont ainsi vu leur tarif diminué de plus de 40% depuis 2010. Il s’agit – excusez du peu – des traitements pour les calculs rénaux, l’asthme, l’empoisonnement du sang (la septicémie) et du diabète. On se demande ce qui reste pour la chirurgie esthétique.
L’étude s’est intéressée de plus près à quelque 130 procédures. Il a fallu cette enquête pour révéler que les tarifs officiels pour certains traitements pour la leucémie, l’asthme, l’anémie dépranocytaire ont été réduits de 85%.
Certains traitements du diabète ont subi des coupes de près des deux tiers. Elles atteignent 70% pour le traitement du glaucome et la tuberculose. L’opération du col du fémur ? – 20%. Diagnostic des problèmes néonataux ? – 68 : les hôpitaux se sont vu attribuer 671 livres par patient contre 2.079 livres en 2009-2010.
L’extrapolation réalisée à partir de ces chiffres aux 4.500 tarifs qui régissent la plus grande part des fonds versés aux hôpitaux donne un total de plus de 2 milliards de livres de coupes sur cinq ans, selon les chercheurs.
Angleterre : la NHS sous pression du fait du vieillissement de la population
Dans le même temps, les hôpitaux font face à une demande en forte croissance à mesure que la population vieillit. Que se passera-t-il ? La NHS s’enfoncera davantage dans le déficit alors que les finances des hôpitaux sont déjà en chute libre.
Les conservateurs assurent que les coupes assurent une meilleure efficacité de l’utilisation des fonds. Un argument qui n’est pas à rejeter d’emblée quand on sait la gabegie à laquelle pousse l’assurance-santé d’Etat, socialisée. Mais à ce niveau-là, il est difficile de ne pas penser à un rationnement des soins, qui pousse dans le même temps les hôpitaux à s’endetter, dans un pays où les soins de santé sont supposés « gratuits ».
Un porte-parole de la NHS assure de son côté que les hôpitaux en Angleterre ont bénéficié de versements accrus, passant de 49 milliards de livres il y a trois ans à plus de 56 milliards aujourd’hui. Ce qui pose au moins la question de la transparence : que se passe-t-il en réalité ? On sait en tout cas – comme le rappelle le groupe de fourniture de soins et services de santé NHS Providers – que l’exercice 2015-2016 « sera son année la plus difficile sur le plan financier au cours de son histoire récente ». L’organisme a obtenu que de nouvelles coupes ne soient pas imposées cette année, alors que soixante sur les 83 fonds d’affectation spéciale des hôpitaux anglais sont déjà dans le rouge.
Le système de santé victime – en attendant le tour des patients
David Cameron a promis de ne pas augmenter les impôts s’il est réélu. Si les socialistes sont au pouvoir, les impôts augmenteront mais cela ne promet en rien de rendre plus efficace la gestion de l’argent des contribuables britanniques : le socialisme accéléré n’est pas connu pour cela !
Mais de toute façon, la situation du système de soins étatisé de l’Angleterre, comme plus largement au Royaume-Uni et dans les pays d’Europe, est vouée à des problèmes et des « trous » de plus en plus spectaculaires dont les plus pauvres, les plus fragiles et les plus vieux feront forcément les frais. Plusieurs pays refusent déjà des soins aux personnes âgées, passé un certain âge.
Dans une société matérialiste où l’homme n’est plus rien face aux nouvelles idoles, il y a toute raison de craindre qu’il ne soit plus considéré que selon sa rentabilité et sa conformité aux exigences du « développement durable ». Quand on sait que pour la plupart, les frais de santé les plus lourds sont exposés au cours des six derniers mois de la vie, la suite n’est pas bien difficile à deviner…