Mgr Bernard Longley, archevêque catholique de Birmingham, a proposé il y a quelques semaines de « revoir » les restrictions qui s’appliquent à l’accès à la communion des anglicans dans les églises catholiques depuis la Réforme au motif d’un « partage plus profond » constaté aujourd’hui entre l’Eglise catholique romaine et l’Eglise anglicane. Tout en soulignant qu’il s’agissait là d’une proposition faite à titre personnel, elle n’est pas sans poids puisqu’il est chargé du « dialogue » de l’Eglise catholique en Angleterre avec les églises anglicanes.
Voilà qui donne poids à l’idée de la présence d’un « ballon d’essai » dans l’Instrumentum laboris en cours d’examen au synode, visant à promouvoir l’accès à la communion du conjoint protestant dans des mariages mixtes avec un ou une catholique, au paragraphe 128. C’est « l’autre bombe » du synode dont reinformation.tv a parlé ici.
Mgr Longley n’évoque pas le synode sur la famille mais sa propre expérience de dialogue avec les anglicans. En tant que co-président de l’Anglican-Roman Catholic International Commission (ARCIC), il a commenté cette possibilité du « partage eucharistique » lors d’un entretien avec le Church of Ireland Gazette (à partir de la 10e minute), commenté le 11 octobre par John Bingley du Daily Telegraph.
Mgr Bernard Longley verrait bien les anglicans disposer de plus de circonstances pour accéder à la communion catholiquenbsp;
L’archevêque souligne qu’il s’agit d’un « point névralgique » des discussions entre catholiques et anglicans, spécialement tangible lorsque leurs représentants « rendent le culte ensemble ». Et de citer une « révérende » anglicane qui participe à ces réunions : elle reconnaît que la foi en l’Eucharistie n’est pas partagée mais estime la question importante, assure Mgr Longley, et « douloureuse », d’une douleur qui incite à la réflexion.
Quant à « guérir cette douleur », Bernard Longley déclare : « Je sais que ce sera le cas », tout en soulignant les « obstacles » qui s’y opposent actuellement. Son interlocuteur lui demande alors si les « règles pourraient être un peu assouplies », par exemple dans les circonstances où des catholiques et des anglicans se réunissent pour prier pour l’unité.
« Je réponds à titre personnel. Vous avez raison d’attirer l’attention sur le changement dont nous sommes témoins, sur la base d’une compréhension théologique mutuelle plus profonde de nos Eglises respectives. Sur cette base, le directoire œcuménique de 1993 a rendu possible la réception de la communion par les baptisés qui ne sont pas membres de l’Eglise catholique romaine dans nombre de circonstances précisément désignées et selon certains critères. Vu que cela représente un changement, un glissement très significatif depuis l’impossibilité vers la possibilité limitée, je pourrais imaginer et prévoir l’un des fruits de notre engagement œcuménique : un rapprochement vers une compréhension plus profonde de la communion, un partage plus profond de la communion entre nos deux Eglises qui pourrait peut-être conduire à revoir certaines des circonstances. Il est pour moi impossible de le prédire, mais j’espère d’abord que nous utilisons autant que possible ce qui est rendu possible par le directoire de 1993 ainsi que le document d’enseignement sur l’Eucharistie, Un pain, un corps, avec ses normes sur le partage sacramentel. »
Un archevêque catholique veut renforcer l’union eucharistique entre Eglise catholique romaine et Eglise d’Angleterre nbsp;
Il évoque alors le cas d’un couple grands-parents au sein d’un mariage mixte qui lui ont exprimé sa souffrance de ne pas pouvoir communier ensemble à l’occasion de la première communion d’une de leurs petites-filles au sein de l’Eglise catholique. Et parle d’un « besoin spontané de bien-être spirituel » lors d’occasions familiales comme peut l’admettre Un pain, un corps.
Parmi les circonstances citées en 1993, il y a le danger de mort du fidèle anglican (validement baptisé en tant que tel).
La poussée vers une extension des exceptions fondée cette fois sur une idée de « bien-être » personnel constitue, elle, une véritable révolution dans la mesure où, à la fois les anglicans n’ont pas en tant qu’Eglise d’Angleterre la foi en la Présence réelle et que cette Eglise s’éloigne aujourd’hui de plus en plus de la foi tout court, que ce soit sur le plan de l’ordination des femmes ou de l’accueil aux unions homosexuelles, pour ne parler que des différences les plus criantes. A tel point qu’il y a un réel mouvement de conversion d’anglicans qui choisissent de revenir à l’Eglise catholique.
L’évêque anglican de Guildford, Christopher Hill, membre d’ARCIC et très favorable au renforcement des liens entre catholiques et anglicans, a réagi en évoquant l’influence du pape François pour suggérer que les temps sont mûrs :
« J’ai conscience que Rome envisage de mettre à jour le Directoire, et aujourd’hui, avec le ton plus ouvert qui est celui du pape François, je peux comprendre pourquoi Mgr Bernard Longley pense que le temps est venu de le revoir. »