DRAME/DRAME HISTORIQUE Après la guerre (Dopo la guerra) ♥♥


 
Après la guerre (Dopo la guerra) est un film franco-italien, très inspiré du cas de Cesare Battisti, à travers un imaginaire « Marco » (Giuseppe Battista). Un terroriste italien d’extrême-gauche a trouvé refuge en France au milieu des années 1980. Conformément à la « Doctrine Mitterrand », il est assuré d’un exil tranquille et de ne pas répondre de ses crimes, en n’étant pas livré à l’Italie. Cette complaisance, authentique, a été des plus scandaleuses, l’Italie étant un pays voisin, démocratique, membre de la CEE, et non une dictature discutable du lointain tiers-monde… Toutefois le président Mitterrand avait conditionné cette grâce, pur fait du prince car n’ayant fait l’objet d’aucun vote au parlement, au fait de ne pas poursuivre d’activité terroriste. L’exilé s’est marié, a eu une fille, Viola (Charlotte Cétaire) et s’est intégré dans une certaine mesure à la société française. Mais presque vingt ans plus tard, un professeur d’économie libéral se fait assassiner au nom du prolétariat en lutte par un mouvement reprenant exactement l’intitulé utilisé par l’exilé. Lui se défend de toute complicité mais sait qu’il risque désormais d’être expulsé vers l’Italie. Au lieu de partir volontairement se défendre en Italie, il choisit au contraire de fuir. Il se cache quelques jours dans une maison isolée des Landes avec sa fille, orpheline de mère, qui le suit sans enthousiasme. On devine implicitement une police française peu zélée pour arrêter le fuyard, ce qui correspond aussi à la réalité historique.
 

Après la guerre, l’un des rares films politiques réussis

 
Après la guerre (Dopo la guerra) donne largement la parole à l’exilé en cavale. Cesare Battisti a ainsi aussi livré de longs entretiens. Le film reproduit fidèlement, dans l’esprit et parfois la lettre, ses tirades idéologiques insupportables. Il n’exprime absolument aucune compassion pour ses victimes et en reste à un discours politique d’extrême-gauche complètement sectaire et fermé. Il était un soldat du prolétariat, et le juge qu’il a assassiné devant son jeune fils, celui de l’Etat bourgeois. Donc il ne regrette rien et exige, littéralement exige, une amnistie totale, dans son cas comme dans tous les autres semblables ! Sa fille n’y comprend rien et n’est manifestement pas apte à la cavale politique. Son personnage n’est pas aussi insignifiant qu’il pourrait le sembler, car il marque le décalage générationnel : le vide hédoniste a succédé à la surexcitation politique.
 
Nous avions craint, s’agissant d’un film français, une insupportable complaisance ; il n’en est heureusement rien. La fin du terroriste, différente de celle de Battisti actuellement en exil précaire au Brésil pour échapper à l’extradition vers Italie, propose une conclusion narrative en forme de jugement moral implicite sur le personnage. Du moins, nous l’avons comprise ainsi. Après la guerre est un des rares films politiques réussis.
 

Hector JOVIEN

 
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