Le 2 septembre, Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, affirmait au Figaro : « Le RN est un parti qui a le droit de se présenter aux élections. Il peut donc aussi les gagner si c’est le choix des Français ! A mes yeux, ils appartiennent à l’arc républicain. » Il disait cela dans un entretien où il proclamait aussi la nécessité d’une dissolution de l’Assemblée nationale suivie de nouvelles élections dont il espère « une nouvelle majorité, au moins relative ». Le 14 septembre, interrogé pendant 40 minutes par BFM TV, François Hollande, ancien président de la République, exprimait l’opinion inverse : « Le Rassemblement national fait partie des groupes qui sont représentés à l’Assemblée nationale (…) mais on ne peut pas dire qu’il fait partie de l’arc républicain. » Qu’est-ce qui exclut le RN de l’arc républicain ? Ses « valeurs ». Mais encore ? Son « principe de la préférence nationale, les discriminations » et « le souvenir de déclarations (…) racistes et autrefois antisémites, même s’il y a eu une évolution ».
Dans l’arc républicain selon Sarkozy, hors selon Hollande
Cette déclaration mériterait un livre d’exégèse. La « préférence nationale » est au cœur de la République, puisqu’au citoyen français est réservé le vote, qui fait la souveraineté. Quant au « souvenir de déclarations », c’est une trouvaille. Aucune « évolution » n’effacera jamais la tare originelle du RN, qui est d’avoir pris la suite du FN, selon Hollande. Mais à ce compte, il devrait exclure de « l’arc républicain » le PC, qui, sans même prendre la précaution de changer de nom, a persisté dans l’être depuis 1920, assumant, selon la déclaration de l’ancien secrétaire général Georges Marchais, le « bilan globalement positif » du bloc de l’Est, se contentant tardivement d’écorner Staline sans toucher Budapest, Berlin, Khrouchtchev, Brejnev, le Goulag, Mao, Pol Pot, Xi Jinping, etc… Assumant aussi la collaboration avec Hitler, la trahison de la France pendant les guerres de décolonisation, etc. Sans aller chercher dans l’histoire, François Hollande devrait aussi exclure de « l’arc républicain » la France insoumise. Mais il ne le fait pas : « Oui, les Insoumis sont dans l’arc républicain, dès lors qu’ils se comportent en républicains. (…) Et parfois, ils s’en écartent quand ils ont des déclarations qui sont outrancières, quand ils sont, au nom de la condamnation légitime de la politique de Benyamin Netanyahou, dans une forme d’antisionisme qui peut quelquefois donner prise à l’antisémitisme. » Comme ils ne prônent pas la préférence nationale, ce n’est pas grave.
Les vieux singes ne doivent pas définir l’arc républicain
François Hollande, de même que Nicolas Sarkozy, préconise la dissolution et y croit. Il sait que le PS ne pèse rien, et, comme Sarkozy, il pense que le « front républicain » risque de ne pas marcher : alors, il essaie à la fois de le colmater et de trouver des alliés électoraux, et il espère les trouver à l’extrême gauche. En somme, les deux anciens présidents de la République sont guidés, dans leur jugement sur le RN, avant tout par leur intérêt électoral, alors qu’ils profitent de leur statut de président de la République émérite pour trouver une tribune et donner de l’autorité à leur opinion. Or elle ne dépasse pas celle d’un politicien ordinaire. Sébastien Lecornu, nouveau Premier ministre, vient de supprimer les avantages à vie des anciens Premiers ministres. Il espère ainsi apaiser la vindicte populaire contre les élites et montrer qu’il sait faire participer celles-ci aux économies. C’est doublement ridicule. On espère épargner ainsi 4,4 millions d’euros, alors que couper dans la politique d’immigration économiserait dix mille (10.000) fois plus : la nation ne reproche pas à Brigitte Macron de péter dans la soie, mais à son époux de la trahir. Surtout, ce sont les privilèges politiques des anciens dirigeants qu’il s’agirait de supprimer. Plutôt que de priver Edith Cresson de chauffeur, on ferait mieux d’engager la police à enquêter sur les moyens par lesquels Villepin s’enrichit, et de renvoyer François Hollande à ses amours avec Julie Gayet. Il est très malsain que de vieux singes se donnent pour de vieux sages.