La cour royale de Kingston, en Angleterre, juge Zakaria Boufassil, 26 ans, habitant Birmingham, et Mohamed Ali Ahmed, accusés de complicité avec les terroristes islamistes qui ont ensanglanté Paris et Bruxelles. Le jour de l’ouverture du procès, les jurés ont découvert que certains des terroristes les plus connus en Europe ont bénéficié de l’argent des contribuables britanniques, via les aides sociales, pour financer leurs crimes en Syrie et en Europe.
Mohamed Abrini, avait reçu 3.000 livres (3.522 euros) de la main de deux individus à Birmingham, avant de s’envoler pour Paris et de disparaître. Abrini était l’homme au chapeau sur les images de la vidéosurveillance de l’aéroport de Bruxelles prises après l’attentat sanglant du 22 mars 2016 (12 morts, suivi de l’attentat du métro de Maalbeck qui fit 20 morts). Il avait été envoyé outre-Manche, pour collecter l’argent, par Abdelhamid Abaoud, l’un des cerveaux présumés des massacres dans la capitale française perpétrés quelques mois plus tôt, qui avaient fait 130 morts en novembre 2015.
Boufassil puisait dans le compte de Haddouchi, arrosé d’aides sociales
Dans le box, Zakaria Boufassil est accusé d’avoir transmis l’argent qui venait d’être retiré du compte bancaire d’Anouar Haddouchi, un ressortissant belge, lequel avait obtenu des aides publiques alors qu’il vivait dans les Middlands de l’Ouest avec sa femme. Boufassil, qui est lui aussi originaire de Belgique, est accusé d’avoir donné une grosse somme en liquide à Abrini au cours d’une rencontre conspirative à Birmingham en juillet dernier. Il était accompagné de Mohamed Ali Ahmed, qui plaide coupable, au contraire de Boufassil qui réfute avoir contribué à une entreprise terroriste.
Il a été établi devant la cour que des milliers de livres payés par les contribuables ont continué d’être versés sur le compte de Haddouchi, même après qu’il eut quitté la Grande-Bretagne pour la Syrie afin de combattre pour l’Etat islamique en Irak et au Levant.
L’argent transmis à Abrini visait à financer les attentats terroristes et l’expédition en Syrie de Haddouchi
Max Hill, procureur et Conseiller de la Reine, a déclaré « qu’il ne fait aucun doute que l’argent a été transmis dans l’intention de contribuer à des actes de terrorisme ». Il poursuit : « l’intention ne pouvait être plus évidente. Haddouchi avait quitté le Royaume-Uni (à l’été 2014) pour combattre avec Daesh en Syrie. Abrini était venu ici pour collecter des fonds. Leur destination était la Syrie et précisément Daesh, soit pour Haddouchi en personne soit pour d’autres combattants. En d’autres termes, les liquidités ont été transmises à Abrini dans l’intention de favoriser des actes de terrorisme ». Et de bien préciser : « Le compte bancaire (de Haddouchi) affichait environ 7.000 livres, voire plus. La somme variait selon la période car les versements d’aides sociales continuaient d’arriver, alors même que Haddouchi avait quitté le pays ». L’argent a été retiré progressivement entre le 30 mai et le 23 novembre 2015, soit dix jours après les massacres islamo-terroristes à Paris.
Au passage, la cour a appris qu’Abrini avait joué quelques livres au casino Grosvernor de Birmingham, où il a pris une machine à sous en photo, « ce qui ne peut en aucun cas minorer l’accusation », a insisté Max Hill. « Les terroristes aussi peuvent dépenser de l’argent dans les repas ou les boissons, que ce soit dans un casino ou ailleurs », a-t-il ironisé.