The Assassin est le titre international d’un film chinois. Cet assassin est une femme tueuse chinoise du IXème siècle, appartenant à un ordre de « nonnes » guerrières bouddhistes. Aussi étrange que puisse paraître ce concept, il a recouvert quelque réalité dans la Chine médiévale. Cette nonne guerrière a reçu pour mission de son abbesse de tuer le gouverneur de la province. Or chose interdite aux nonnes bouddhistes en général, et tueuses en particulier, elle éprouve un tendre sentiment pour cet homme, son ancien promis, marié à une autre et père de famille. Obéira-t-elle dès lors à l’ordre absolu de le tuer ?
Le titre pourrait seulement induire en erreur. Il y a en fait fort peu d’assassinats dans le film. Les quelques-uns présents peuvent être un peu violents, mais The Assassin ne relève pas vraiment du film de cape et d’épée dans sa version chinoise. Il est une médiation contemplative sur la Chine des Tangs au IXème siècle. Elle est à la fois un des apogées de la culture chinoise traditionnelle, et déjà troublée à ce moment-là par des tentations sécessionnistes dans les provinces méridionales et les invasions barbares au nord.
The Assassin comprend des aspects politiques immédiatement compréhensibles pour les Chinois, et qui le sont nettement moins pour les Occidentaux. Il y a probablement un message en faveur de l’unité de la Chine. Elle ne devrait pas se diviser, et la situation de ces provinces terrestres méridionales au IXème siècle, à tentations sécessionnistes, renverrait à l’île de Taiwan en 2016.
The Assassin passionnera l’amateur de l’Histoire chinoise
The Assassin brille par la reconstruction soigneuse, archéologique de l’époque. Les acteurs s’efforcent de prononcer le chinois du temps, ou approchant, particulièrement bien articulé, ce qui par un heureux paradoxe favorise souvent la compréhension de l’apprenti sinisant français. Les costumes éblouissent. Le réalisateur a fait appel aux derniers maîtres artisans des vêtements de cérémonie chinois en soie, art quasi disparu en Chine, du moins à ce niveau de qualité. Ils rappellent au public français que les ancêtres directs des kimonos nippons sont chinois, chose à ne pas dire dans l’archipel. Tout enchante dans les décors, des jardins aux rideaux de soie des pavillons. Les paysages superbes de Chine du sud, avec les pitons calcaires couronnant une forêt subtropicale humide, parachèvent une approche esthétique complète, soignée, idéale.
Ainsi, à tous les niveaux, de l’éventail à l’arrière-plan montagneux, The Assassin passionnera l’amateur de l’Histoire chinoise, qui suit une série de tableaux animés. Si la photographie s’avère absolument exceptionnelle, l’action finira par manquer toutefois quelque peu, même au spectateur le mieux disposé.