DOCUMENTAIRE L’Assemblée •


 
L’Assemblée dont il est question est l’assemblée « citoyenne », la tentative de « démocratie directe », sur la Place de la République à Paris, dans le cadre du mouvement dit « Nuit Debout ». Cette expérience a été filmée par une réalisatrice sympathisante. Le documentaire souffre d’un manque absolu de recul et d’esprit critique : qui sont vraiment les organisateurs de L’Assemblée ? Il y en a, et ils sont montrés : un noyau dirigeant apparaît, de plus en plus nettement au fil du documentaire, et quasiment à l’état brut lorsque le mouvement s’est essoufflé à l’été 2016, sinon dès le mois de mai, et est réduit à quelques dizaines de manifestants. Il n’y a aucun entretien direct. S’agit-il d’une négligence, d’un parti-pris artistique, ou d’une volonté de ce noyau dirigeant de disparaître derrière le mythe du « collectif » ? Probablement un peu des trois.
 

L’Assemblée, pour les seuls spectateurs très curieux de la vie politique en France

 
L’Assemblée montre en détail ce mouvement. Il est difficile de savoir s’il faut le prendre au sérieux, en y voyant une tentative révolutionnaire d’extrême-gauche, heureusement manquée, et en scrutant les gestuelles puériles, dignes des classes de maternelles, le creux des slogans, ou un entre-soi manifeste de bourgeois de gauche parisiens. Des fonctionnaires ou enseignants, électeurs du 2ème tour de François Hollande déçus et furieux, ont tenu à faire savoir leur état d’esprit. Curiosité à remarquer, la France de la diversité, pourtant largement présente en temps normal sur la Place de la République, ne se sentait visiblement pas concernée. Les propos prononcés dans L’Assemblée relèvent d’une extrême-gauche autogestionnaire et écologiste sans originalité aucune. Les participants sont presque tous d’accord. Ils se trouvent certes quelques querelleurs pour ergoter sans fin, mais leurs ressorts profonds sont manifestement psychologiques, non politiques.
 
Le prétexte de départ de ce « Mouvement du 31 mars » 2016, qui a compté les jours jusqu’à des surréalistes « 90 mars », indication du sérieux fort relatif de l’aventure, a été la contestation des lois « El-Khomri » de libéralisation du marché du travail. En effet, les députés socialistes n’avaient en aucune manière été élus en 2012 sur ce programme. Il en est résulté ainsi la reprise du discours sur la « trahison » fatale de la « volonté populaire » par ses représentants, qui remonte au moins à Rousseau. On ne voit pas pourquoi, pourtant, ces quelques milliers d’excités infantiles, s’érigeant en assemblée constituante, car telle a été leur prétention, auraient eu une légitimité supérieure à l’Assemblée nationale, élue par des dizaines de millions de Français. En outre, les quelques rares égarés non-marqués à gauche et à l’extrême-gauche accédant malgré tout à la parole, ont été hués, sifflés, priés de déguerpir, ce qui donne une idée troublante et significative de leur conception de la démocratie. Le mouvement s’est recyclé quelques mois plus tard dans les Insoumis de Mélenchon, ce qui n’est ni comique ni anecdotique. Quant à L’Assemblée, sorte de document brut, elle ne peut intéresser que les seuls spectateurs très curieux de la vie politique en France.
 

Hector JOVIEN

 
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