Attentat à la hache dans un train à Würzburg : au nom du politiquement correct, l’Allemagne évite de parler de terrorisme

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Il ne semble pas faire de doute que l’adolescent d’origine afghane qui a attaqué à la hache une vingtaine de personnes dans un train reliant Würzburg-Heidingsfeld à Oscenfurt, en Allemagne centrale, ait eu des motivations terroristes. Un porte-parole du ministère de l’Intérieur allemand a confirmé qu’il a commencé à attaquer les voyageurs aux cris de « Allahu Akbar ». Le garçon de 17 ans a été abattu par la police alors qu’il était en fuite. Mais en Allemagne, les autorités évitent à tout prix de parler de « terrorisme », et même d’attentat. Le politiquement correct vaut plus que la vérité et la sécurité des Allemands.
 
C’est la première fois que l’Allemagne est victime d’un attentat islamiste inspiré par l’Etat islamique depuis le début de la crise migratoire. Les services de sécurité avaient pourtant averti du risque. Et pour ce qui est du jeune Riaz A., 17 ans, il circule à son propos, mise en ligne par l’État islamique, une vidéo où il brandit un couteau en se présentant comme combattant du califat. L’authenticité du film reste à vérifier ; ce qui est sûr, c’est que l’EI revendique l’attentat.
 

L’attentat à la hache dans un train en Allemagne ? Un « accident tragique »…

 
A l’heure d’écrire, il n’y a pas de victimes mortelles. Mais parmi les 20 personnes blessées, plusieurs se trouvent encore dans un état critique. L’objectif était bien de tuer. Et selon les enquêteurs, l’assaillant avait laissé une lettre de suicide : « Priez pour moi afin que je puisse prendre ma revanche sur ses infidèles et prier pour moi pour que j’aille au ciel », aurait écrit le réfugié afghan dans une note laissée à son domicile à côté d’un drapeau de DAESH de fabrication artisanale. Les enquêteurs pensent que l’attaque a pu être déclenchée par la nouvelle de la mort d’un ami du jeune homme en Afghanistan ce week-end.
 
Pour le ministre bavarois des Affaires intérieures, Joachim Hermann, l’attaque à une claire « motivation politique » engendrée par « la volonté de détruire ». Le quotidien belge néerlandophone De Morgen observe que pour autant, le ministre a refusé de parler d’« attentat » ou de « terrorisme », s’alignant, sur ce point, sur l’exemple donné au niveau national. Aucune déclaration n’est venue de Berlin mardi, si ce n’est de la part du parti anti-immigrationniste AfD.
 

Surtout ne pas parler de terrorisme : le politiquement correct a encore frappé

 
La présidente de celui-ci, Frauke Petry, n’a pas hésité, elle, à accuser le chancelier Angela Merkel et sa politique d’accueil des réfugiés de porter la responsabilité des événements. Des photos circulaient sur Twitter montrant la scène du carnage avec les mots : « Merci Merkel. »
 
Celle-ci se tait. Seul à s’exprimer au niveau national, le ministre Peter Altmeier chargé du dossier des réfugiés a évoqué un « accident tragique ». Et son grand souci a été d’affirmer qu’il ne fallait pas projeter ce genre d’acte sur un groupe : « Dans ce cas précis, donc, les réfugiés vivant en Allemagne », précise De Morgen. Le journal n’estime pas la crainte totalement infondée de voir les Allemands se retourner contre les musulmans dans un contexte où « les incidents violents se multiplient contre les étrangers et les Allemands ayant des racines étrangères ».
 
De là à attaquer des gens paisibles à la hache il y a tout de même une marge…
 
Le jeune Afghan qui s’est si violemment retourné contre le peuple qui l’accueille a un parcours symbolique. Il a fui son pays d’origine pour trouver liberté et prospérité en Occident. En tant que mineur, il était hébergé depuis 15 jours par une famille d’accueil qui lui assurait le gîte et le couvert, une chambre rien que pour lui, et sans doute une affection proportionnelle au discours pro- réfugiés qui prône l’ouverture sans arrière-pensées, sachant oublier les différences culturelles.
 

L’exaspération en Allemagne va croissant contre le pouvoir

 
Ceux qu’il voit comme ses ennemis, pourtant, sont les Occidentaux. Si son crime n’a pas été commandité par l’État islamique, il se situe dans sa logique et dans sa continuité.
 
Il n’est pas sûr quand traquant avant tout l’« amalgame », les autorités allemandes ne soient pas en train de nourrir l’exaspération des gens ordinaires. Ainsi le terrorisme engendre à la fois la peur et la haine, avec la complicité des pouvoirs publics. Et des conditions d’ébullition sociale dont le pouvoir peut vouloir tirer profit.
 

Anne Dolhein