Le Sénat confirme la nomination de Jeff Sessions au poste d’Attorney General

Attorney General Sénat Jeff Sessions
 
Après trente heures de débats houleux, le Sénat a finalement confirmé la nomination du sénateur de l’Alabama Jeff Sessions au poste d’Attorney General, l’équivalent américain du ministre de la justice, par cinquante-deux voix contre quarante-sept. Soutien fervent du président Trump pendant sa campagne, Sessions est réputé pour ses positions très conservatrices en matière d’immigration ou de commerce international. Sessions, qui a fait l’objet de vives attaques lors de ses auditions devant le Sénat, en particulier au sujet de son prétendu racisme anti-noir, aura pour principale mission de lutter contre la criminalité aux Etats-Unis.
 

Jeff Sessions officiellement Attorney General des Etats-Unis

 
« Je ne peux exprimer combien je suis reconnaissant envers ceux qui, parmi vous, m’ont soutenu pendant cette période difficile » ; c’est par ces mots que Sessions s’est exprimé devant ses confrères sénateurs peu après le vote. La lutte fut en effet acharnée. On vit même la sénatrice Elizabeth Warren, figure de l’aile gauche du parti démocrate, enfreindre le règlement du Sénat qui interdit de dénigrer un collègue dans l’hémicycle : Warren commença en effet à lire une lettre de la veuve de Martin Luther King Jr., Coretta Scott King qui disait que ce dernier « avait utilisé l’impressionnant pouvoir que lui conférait son poste [de juge fédéral, obtenu en 1986] pour geler la liberté de vote des citoyens noirs ». Sanctionnée au nom du règlement du Sénat, la sénatrice Warren a été contrainte de s’asseoir et de se taire.
 
S’il est la cible privilégiée des pourfendeurs de l’anti-racisme, Sessions a reçu un prix en 2009 du NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), un organisme américain de défense des droits civiques, pour « le travail exceptionnel réalisé » en tant que sénateur ! Donald Trump, lors de la cérémonie d’assermentation, l’a présenté comme celui qui a « consacré toute sa vie à la cause de la justice et croit profondément en l’égalité de tous les hommes au regard de la loi et, ce qui est très important pour Jeff et pour beaucoup d’entre nous, au regard de Dieu aussi ».
 

Le Sénat divisé au sujet de la nomination de Jeff Sessions

 
Durant ses vingt années passées au Sénat, Sessions a défendu une politique chère à Donald Trump aujourd’hui. Il a acquis la réputation d’être l’un des plus farouches opposants à la liberté d’immigration aux Etats-Unis ; il qualifiait de « dictateur » le président Obama, en raison de sa politique de rapatriement des immigrants en situation illégale. Le sénateur a plusieurs fois mis en garde contre le risque d’infiltration de terroristes parmi les réfugiés aux Etats-Unis et s’est opposé au programme d’immigration volontaire pour le travail. Sous la présidence Obama, Sessions s’est farouchement opposé aux traités de libre-échange commerciaux, opposés aux intérêts américains et visant à créer des organismes supranationaux fonctionnant à la manière de l’Union européenne, comme le Traité transpacifique (TPP) ou le Partenariat transatlantique (TTIP).
 
Parmi ses principales missions, Jeff Sessions devra créer un groupe de réflexion pour lutter contre la criminalité violente aux Etats-Unis, spécialement celle dont sont victimes les forces de l’ordre, et le crime organisé. Il devra aussi s’attacher à combler le retard historique accumulé sous la présidence Obama dans les dossiers de demandeurs d’asile.