Australie : un juge fédéral décide que le sexe est modifiable

Australie juge sexe modifiable
 

C’est une affaire ridicule à propos d’une chose frivole, c’est une querelle d’Allemand qui ne devrait pas encombrer les rôles de justice, et pourtant c’est une question cruciale et une décision capitale, qui montre à quel point triomphe la révolution arc-en-ciel et jusqu’où la complaisance militante des juges change la définition même de l’être humain. Cela s’est passé en Australie, en Nouvelle-Galles du sud. Un transgenre poursuivait devant la Cour fédérale (c’est une grande première) une application internet, Giggle for Girls, réservée aux femmes, parce qu’il en avait été exclu étant né homme : le juge fédéral lui a donné raison en statuant que, selon une jurisprudence constante, « le sexe, dans son acception ordinaire, est quelque chose de modifiable ».

 

C’est l’histoire d’un mec dont le sexe est modifiable

C’est l’histoire d’un mec nommé Tickle qui se sent mal dans sa peau et décide de suivre tout le cursus nécessaire, travestissement, hormones, opération, pour se faire appeler madame, et cela marche, on l’appelle désormais Roxanne Tickle. En 2021 iel télécharge l’application « Giggle for Girls » (littéralement, pouffer de rire entre filles), présentée comme une « safe place » pour les femmes et interdite d’accès aux hommes. Sa fondatrice, la féministe Sally Grover, assure l’avoir fondée après une agression sexuelle. C’est une TERF, une féministe radicale excluant des mouvement féministes les trans parce qu’ils ne sont pas des femmes. « Roxanne » s’inscrit, prend un selfie d’elle, se sert de l’application, mais sept mois plus tard, il est bloqué par Sally Grover, étant donné son sexe. Aussi poursuit-il la société qui l’a exclu en réclamant 200.000 dollars (australiens) de dommages et intérêts, arguant que le « mégenrage persistant » dont elle se dit victime provoque chez elle « une anxiété constante et des pensées suicidaires occasionnelles ».

 

Juge fédéral contre TERF droite dans ses bottes

L’Affaire a fait beaucoup de bruit sous le nom de « Tickle vs Giggle », les deux parties prétendant défendre le droit des femmes, mais n’ayant pas la même définition de ce qu’est une femme. Sally Grover a dit les choses clairement. A l’avocate de Tickle qui lui demandait si tous les efforts de son client ne lui valaient pas d’être considéré comme une femme, elle a simplement répondu : « Non. » Même si cette façon de voir a été jugée « bouleversante, démoralisante, embarrassante, épuisante et blessante » par Tickle, Grover n’a pas varié : « Je suis traînée devant un tribunal fédéral par un homme qui prétend être une femme parce qu’il veut utiliser un espace réservé aux femmes que j’ai créé », a-t-elle écrit sur X, ajoutant qu’elle s’en tenait pour sa part à « la réalité et la vérité fondamentales, que la loi devrait refléter », en refusant la « fiction juridique » agitée par la partie adverse et rappelant que « Tickle est un homme biologique » et « le sera toujours». Elle a d’ailleurs immédiatement fait appel de la décision du juge fédéral, à laquelle « elle s’attendait ».

 

En Australie aussi les juges militent pour l’arc-en-ciel

Le juge Robert Bromwich l’a condamnée pour « discrimination indirecte » à 10.000 dollars australiens, plus les frais, soit un total de 50.000 dollars, environ 30.000 euros. Le juge fédéral a prétendu se fonder sur une « longue jurisprudence » portant sur les trente dernières années, qui, selon lui, « établit que dans son acception ordinaire, le sexe et modifiable ». A cette première affirmation funambulesque, le juge ajoute un raisonnement tout à fait extraordinaire. Il admet qu’aucune preuve n’établit l’exclusion directe de Giggle « en raison de son identité de genre, bien qu’il demeure possible que ce fût la vraie raison non prouvée », toutefois il estime la discrimination indirecte prouvée, l’application ayant exclu Tickle « parce qu’elle ne paraissait pas suffisamment féminine ». Un charabia de contorsionniste à comparer à la franchise de Sally Grover, (« je l’ai bloqué parce que c’est un homme »).

 

Une affaire préparée, financée, pour modifier le sens du sexe

La franchise des défendeurs a d’ailleurs été considérée comme une « offense » par le juge et contribué à sa sévérité, de même que Tickle et ses conseils se sont épanchés sur ses « souffrances ». Mais la partie Grover a fait valoir que la question n’est pas là : la définition du sexe n’est pas abandonnée au bon plaisir d’un trans ni d’un juge, fût-il fédéral, elle est tranchée à la naissance, sans retour ni ambiguïté. Or c’est afin de nier cette réalité fondamentale qu’a été organisé le cas Tickle-Giggle. Une cagnotte (« crowdfunding », en français arc-en-ciel) de 520.000 dollars d’Australie a été levée pour le financer. Et la décision du juge Bromwich peut contribuer à une jurisprudence internationale. Il faut savoir qu’une Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (selon l’acronyme anglais, CEDAW) a été adoptée en 1979 par l’ONU, et ratifiée par l’ensemble des pays membres à l’exception de cinq Etats (Vatican, Iran, Somalie, Soudan, Tonga) : cours et juristes des pays signataires observent les décisions de justice partout dans le monde pour s’y conformer. Ainsi, au nom de la défense des femmes, des hommes pourront sans doute faire condamner des femmes qui constatent qu’ils sont des hommes : c’est une très belle histoire de la révolution des fous.

 

Pauline Mille