Les suites de l’incident de l’avion russe abattu par la Turquie

Avion russe abattu Turquie
Un avion de chasse russe déployé en Syrie a été abattu mardi matin par la Turquie, en ce qui constitue un des incidents les plus graves entre un membre de l’OTAN et la Russie depuis des décennies.

 
Le chasseur-bombardier russe abattu mardi par les forces armées turques à proximité de la frontière syrienne n’a pas fini de faire du bruit. La Turquie assure qu’une série d’avertissements pour violation de l’espace aérien a été adressée au pilote de l’avion. Moscou conteste cette version, et assure que cet incident aura de « graves conséquences ».
 
« Nous ne tolérerons jamais des crimes comme celui qui a été commis aujourd’hui », a aussitôt déclaré le président russe Vladimir Poutine.
 
De fait, la situation ne se limite pas à un simple incident de frontière, ou de violation d’un espace aérien – par un allié qui plus est…
 
La réalité, c’est en effet que c’est la première fois depuis les années 1950, qu’un pays appartenant à l’OTAN abat un avion russe. Et, une fois encore, un avion russe allié.
 

Où était l’avion russe abattu par la Turquie ?

 
Or, les réactions sont assez étonnantes côté OTAN. Tout d’abord, le président turc Tayyip Recep Erdogan réaffirme « le droit de la Turquie à défendre ses frontières ».
 
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, déclare peu après que les éléments recueillis attestaient que l’avion russe avait bien pénétré dans l’espace aérien turc. Et ajoute : « Nous exprimons notre solidarité à la Turquie et soutenons l’intégrité territoriale de notre allié au sein de l’OTAN. »
 
Et enfin Barack Obama en rajoute une couche en affirmant que « la Turquie, comme tous les pays, a le droit de défendre son intégrité territoriale et son espace aérien ».
 
La réponse russe est simple. Vladimir Poutine affirme que le Soukhoï n’a jamais violé l’espace aérien turc. Et précise que l’avion se trouvait au-dessus de la Syrie, à un kilomètre de la frontière turque, lorsqu’il a été abattu ; et qu’il s’est écrasé à quatre kilomètres à l’intérieur du territoire syrien.
 
Les deux pilotes ont réussi à s’éjecter. L’un, selon l’état-major de l’armée russe, a été tué par des tirs au sol après la destruction de l’avion. L’autre est tombé aux mains des rebelles, c’est-à-dire des islamistes. Selon ce qu’a affirmé mercredi le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, ce pilote a en définitive été secouru après une opération spéciale menée conjointement par les forces syriennes et russes.
 
A l’heure actuelle, Ankara comme Moscou affirment vouloir en rester là, et continuer à vivre en bonne intelligence. Dans le cas contraire, la situation serait catastrophique, puisque les forces de l’OTAN doivent apporter assistance à l’un de leur membre en cas d’agression armée. On imagine Paris envoyant des soldats combattre les Russes à la frontière turque…
 

Accusations réciproques

 
Il n’empêche ! La bonne intelligence paraît bien factice. Les Turcs accusent les Russes de ne toujours bombarder prioritairement que les rebelles opposés au président Assad. En retour, Moscou accuse Ankara de ne pas vraiment contrer l’Etat islamique, pour favoriser l’islamisation de la région.
 
Même si chacun assure ne pas vouloir aller plus loin, la situation reste très tendue. Certains conflits mondiaux ont commencé pour moins que ça…
 

François le Luc